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Un scénario pour "l’après-coronavirus" : Montebourg, le retour ou un départ pour un plus long voyage ?

dimanche 19 avril 2020 par Jean Levy

Face à un Macron en pleine débâcle, quel scénario pour "l’après coronavirus" ?
Le locataire de l’Elysée peut tenter de poursuivre la politique qui l’a fait détester par une majorité de Français en s’alignant sur les positions extrêmes du patron des patrons. De fait, Geoffroy Roux de Bézieux prône ouvertement la manière forte : faire payer cash la crise économique - et l’épidémie - par les salariés, et au-delà, par les Français dans leur ensemble. Le programme du président du Médef est clair : détricoter non seulement les acquis sociaux de la Libération, mais abroger toutes les lois sociales, fruits d’un siècle de luttes ouvrières.

Ce programme radical a toutes les faveurs des possédants, du monde des affaires, en un mot des super-riches dont Macron est le représentant.

Mais, par son caractère revanchard, ce programme peut provoquer un choc en retour et soulever les foules, déjà hostiles au président.

Aussi celui-ci hésite et réfléchit. Comment faire avaler la pilule au plus grand nombre. Déjà l’hôte de l’Elysée esquisse, au moins en paroles, un tête-à-queue remarquable. Il annonce urbi et orbi que "demain ne sera plus comme avant", et qu’il sera nécessaire de redonner du muscle à l’industrie française pour que ses branches essentielles ne dépendent plus de l’étranger. Les Français, y compris dans leur chair, ont mesuré, avec l’épidémie, le dommage national que la politique suivie jusqu’alors leur a fait subir.

Le discours présidentiel tient compte de cet état d’esprit. Comment satisfaire à la fois le capital financier et ne pas se mettre à dos la France qui travaille au point que celle-ci se soulève ?

Y aurait-il moyen pour les possédants de faire beaucoup de profits, sans risque d’une explosion populaire ?

Donald Trump s’est fait élire sur la remusculation industrielle des Etats-Unis, de ses infrastructures en piteux état, et le "retour à la maison" d’entreprises qui s’étaient délocalisées à l’étranger, programme ressenti positivement par les "cols blancs", retrouvant un emploi.

Pourquoi ne pas tenter telle une stratégie en France ?

Une grande partie du patronat y trouverait son compte, les Bouygues, Vinci, Eiffage, et beaucoup d’autres, pourraient se tailler la part du lion en restructurant le réseau routier français, les ponts, les ouvrages d’art en perdition. De même, les usines d’automobiles, de biens électroménagers pourraient réintégrer le bercail dans la mesure où les conditions d’exploitation du personnel seraient modifiées à leur avantage...

Macron ferait ainsi le chantage : "Chacun doit retrousser ses manches. Je réindustrialise la France, l’emploi serait gagnant, mais aux conditions du patronat".

Et l’Europe, dans tout cela ?

Le "repli" sur l’hexagone semble un choix peu conforme aux dogmes communautaires, à l’abandon des frontières internes à l’Union, à la libre circulation des marchandises, des hommes et de l’euro, à la primauté de la Banque Centrale Européenne.

Mais le coronavirus a submergé toutes ces oukases bruxelloises. Et c’est maintenant la politique du chacun pour soi, un sauve qui peut généralisé. A ce jeu-là, l’Allemagne, par sa domination industrielle et financière, maintient sa suprématie sur le continent.

Et la France, dans ce cadre, peut - provisoirement- tenter de jouer sa partie.

Certes, cette nouvelle politique ne peut être crédible que si on change de personnel politique pour l’appliquer.

C’est là que pourrait se dessiner un projet présidentiel avec l’arrivée d’Arnaud Montebourg à Matignon. A un poste inférieur, c’est difficilement envisageable. Avec le champion du "Made in France" aux affaires, le tournant élyséen paraîtrait plus crédible...Mais, l’ancien ministre de l’Economie personnifie, par ses prises de positions, l’inverse de celles de son successeur, Emmanuel Macron, et devenir son adjoint aujourd’hui dans de telles conditions...

Et à ce jeu-là, Montebourg peut perdre toute crédibilité, sans en faire gagner au président.

Cette option paraît peu crédible...

Par contre, il peut enfiler son maillot de challenger pour 2022, ou même à plus court terme...

Alors, sans Montebourg, à qui peut songer Macron pour donner le change et traduire son tournant "souverainiste" ?

Depuis 2017, et la campagne électorale de l’actuel président, toutes les combinaisons, qui paraissent aujourd’hui saugrenues, sont possibles.

Qui aurait songé à un mariage PS-Les Républicains, dans une "Gross Koalition" à l’allemande, noyée dans un magma d’élus sur CV ?

L’objectif d’Emmanuel Macron est aujourd’hui de donner le change : trouver le ou les politiques susceptibles d’incarner un changement de cap.

Régner à Matignon, ou être ministre suscite beaucoup de vocations, que la veille, on aurait trouvé hors de propos.

Macron peut toujours certes compter sur ses playmobiles LREM et de parlementaires teintés de rose ou de bleu..

Mais qui, dans l’opinion, peut encore leur accorder quelque crédit ?

Alors, que pourrait faire Macron ?

Il faut qu’il fasse appel à des personnalités de tonalité différente à celles qui règnent aujourd’hui, un peu d’opposition au niveau des pratiques, en accord sur le fond : européistes et atlantiques, et qui conservent dans leurs fiefs un restant de considération de "bon administrateur" de terrain.

Ca ne durerait qu’un temps.
Mais pour le capital, le temps, c’est de l’argent.

Déjà ,un président de région, ancien ministre de Sarkozy, qui a sévi dans différents ministères, ne fait guère mystère de son ambition : plutôt d’allure bonhomme, un brin souverainiste, prêt à gouverner "avec tout le monde", Xavier Bertrand ferait l’affaire... Il n’est pas le seul. Et des surprises - comme en 2017 - sont à prévoir. Qui serait surpris de voir un Berger aux Affaires sociales ? Et des gens très à droite comme d’autres se donnent à bon marché, une teinture de gauche, écolos bien verts, le monde politique s’offre aujourd’hui des déguisements de carnaval inattendus pour créer l’illusion.

Mais depuis les gilets jaunes et le mouvement social de l’hiver dernier, notre peuple a beaucoup appris. Il sait s’organiser, faire tomber les masques et défier l’autorité. Le temps des carnavals est résolu. Du "président des riches" massivement dénoncé, au système lui-même qui fait de ceux-ci les maîtres de nos destinées, l’opinion a évolué.

C’est demain la société qu’elle veut changer


Voir en ligne : http://canempechepasnicolas.over-bl...

   

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