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"Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles."

vendredi 10 avril 2020 par Jean Dominique Michel

Extraordinaire réalisation de la prophétie-constat de feu Umberto Eco sur notre époque.

"Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez." (Hanna Arendt)

"Les mots que vous employez n’étant plus les mots mais une sorte de conduit à travers lequel les analphabètes se font bonne conscience" chantait Léo Ferré.

Les HUG ont publié une "recommandation" sur leur site au sujet de l’hydroxychloroquine qui fait un peu froid dans le dos, ressemblant plus à la circulaire bâclée d’un dispensaire de brousse qu’à un avis médical éclairé. Le texte trône fièrement sur leur site comme une directive administrative de la plus haute importance, alors qu’il relève d’une sacrée misère intellectuelle. Il réalise notamment l’exploit de dire que non, rien ne permet de dire scientifiquement que le traitement marseillais donne des résultats (ben tiens !) et que donc les gens ne doivent pas en demander à leur médecin-traitant, mais que par ailleurs l’hôpital se réserve bien le droit de l’utiliser au cas où, sait-on jamais. Comment dit-on "hum" en jargon médical ?!

Les auteurs se réfèrent à la première publication marseillaise (du 9 mars) alors qu’une étude randomisée chinoise a depuis corroboré les résultats de l’IHU de Marseille, lequel a ensuite publié une second essai clinique portant sur 80 patients avec toujours les mêmes résultats, confirmés ensuite par des responsables de services en infectiologie comme le Pr Christian Perronne qui ont testé concrètement le traitement avec de vrais malades.

Même Didier Pittet, ce grand professeur altruiste qu’on aime aimer, a proféré d’énormes âneries au sujet du protocole de traitement de Marseille. Comme le fait qu’il soit réservé pour les patients en état critique alors qu’il s’agit (hormis absence d’infection ou hypersensibilité aux substances) du seul cas de figure où le traitement -selon ses concepteurs- est contre-indiqué !

Gageons que le Pr Pittet aura révisé ses vues depuis : la démarche scientifique ne vise pas à avoir raison, mais à s’être posé les bonnes questions et obtenu des éléments de réponse, tantôt par confirmation tantôt par infirmation de nos hypothèses de départ. Nous ne cherchons pas à avoir raison à tout prix (ce qu’on observe en revanche systémiquement dans le champ du politique) mais à acquérir de la compréhension. Les dynamiques institutionnelles parfois compliquées peuvent déboucher hélas sur des enjeux politiques interférentiels au sein des grands hôpitaux.

Comme l’a rappelé Raoult, il y a en fait un fossé aujourd’hui entre les médecins et ceux qui ont cessé de l’être pour jouer aux scientifiques qu’ils ne seront jamais. Même un étudiant en épistémologie de seconde année est sensé comprendre que la médecine n’est pas et ne peut pas être une science ! Ce qui n’exclut pas d’employer au besoin des méthodologies de recherche scientifique, mais en aucun cas au détriment de la clinique et de l’efficacité thérapeutique.

Comme le dit si bien le philosophe des sciences Edgar Morin, nous avons affaire à des "experts" scientifiques qui n’ont en fait aucune culture épistémologique. Voici ce qu’il écrit à leur sujet, et je ne peux bien sûr que lui donner raison :

« Malheureusement, très peu de scientifiques ont lu Karl Popper, qui a établi qu’une théorie scientifique n’est telle que si elle est réfutable, Gaston Bachelard, qui a posé le problème de la complexité de la connaissance, ou encore Thomas Kuhn, qui a bien montré comment l’histoire des sciences est un processus discontinu.

Trop de scientifiques ignorent l’apport de ces grands épistémologues et travaillent encore dans une optique dogmatique. »

Edgar Morin ajoute plus loin au sujet des discours de politique sanitaire (je vois évidemment le lien entre ses deux affirmations, qui traitent toutes deux des limites dans la capacité à reconnaître et assumer la complexité) :

"Je regrette que certains besoins aient été niés, comme celui du port du masque, uniquement pour… masquer le fait qu’il n’y en avait pas ! On a dit aussi : les tests ne servent à rien, uniquement pour camoufler le fait qu’on n’en avait pas non plus. Il serait humain de reconnaître que des erreurs ont été commises et qu’on va les corriger. La responsabilité passe par la reconnaissance de ses erreurs."

Pour lire la suite.
Textes extrait du blog deJean-Dominique Michel


Voir en ligne : http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive...

   

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