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Idlib outragé, Idlib brisé, Idlib marthyrisé, mais Idlib libéré !

lundi 24 février 2020 par Richard Labévière pour Proche&Moyen-Orient

À chaque fois que l’Armée gouvernementale syrienne reprend le contrôle d’une partie de son territoire national, c’est la même rengaine médiatico-politique : un massacre sans précédent, la plus grave crise humanitaire de tous les temps, des millions de milliers de réfugiés, etc. À chaque fois, États-Unis, France et Grande Bretagne en tête, présentent un projet de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies pour demander l’arrêt des combats et la condamnation de la Russie. À chaque fois, la démarche est retoquée par un véto ou une abstention russe et chinoise. À chaque fois aussi, les médias occidentaux nous servent une prétendue attaque chimique, tout aussi démentie. Depuis le début des soi-disant opérations de ce genre – aussitôt attribuées au « régime de Bachar al-Assad » (comme on dit dans la presse parisienne) – l’OIAC (Organisation de l’interdiction des armes chimiques) n’a jamais pu présenter la moindre preuve confirmant ces accusations, attribuant plutôt l’usage de chlore, de gaz sarin et d’autres composants chimiques aux factions de l’opposition armée… soutenues par Washington, Paris, Londres, sinon Berlin !

La rengaine chimique ayant du plomb dans l’aile, les obsédés de la chute du « régime de Bachar al-Assad » n’ont pas – pour autant – désarmé, nous refaisant le coup de la « tragédie humaine sans précédent ». Personne n’oserait prétendre que la guerre civilo-globale de Syrie – qui sévit depuis l’été 2011 – est une partie de campagne. Et c’est bien l’évidence, pour quiconque a couvert quelques conflits en Amérique Latine, en ex-Yougoslavie, en Afrique et ailleurs : aucune guerre ne se fait avec des confettis.

Toujours, on doit déplorer des victimes civiles – femmes et enfants -, des réfugiés, d’innombrables dégâts et un cortège de souffrances, d’injustices et d’humiliations durables. Réalité pratique, théorique et ontologique : la guerre – toutes espèces de guerres – a partie liée au mal absolu et ses expressions humaines les plus raffinées, dont sont parfaitement incapables les animaux. Les lions et les ours donnent des coups de griffes, mordent mais ne torturent pas…

Schizophrénie occidentale

Cela étant, il est quand même effarant – effarant – de voir, d’entendre et de lire encore nos belles âmes médico-politiques défendre les « insurgés » d’Idlib, comme elles prenaient fait et cause pour les « résistants » d’Alep en 2016 (voir prochetmoyen-orient.ch, numéro 270 – 17 février : « Le multirécidiviste Michel Duclos remet le couvert »), en choisissant délibérément et en toute connaissance de cause le camp des terroristes, le même que celui des assassins qui viennent tuer nos enfants dans les rues de Paris, Londres, Berlin et d’ailleurs en Afrique et en Amérique !
On devrait se mettre au garde à vous devant nos frères d’armes de l’armée syrienne et ceux de leurs alliés russes, iraniens et du Hezbollah libanais – oui ! – parce qu’ils nous libèrent d’une menace récurrente : celle des jihadistes réfugiés à Idlib et de leurs imitateurs, qui utilisent la population civile comme bouclier humain, défendus aussi par le fou furieux Erdogan !

En effet, on devrait remercier Vladimir Poutine et l’armée russe de mener ainsi une vraie guerre contre le terrorisme, alors que les nôtres – celles des États-Unis, du Royaume Uni et de la France éternelle – se sont bornées à canaliser les terroristes syriens – dits « modérés », voir « laïcs » et « démocratiques » – pour renverser le « boucher Bachar al-Assad » ! Un jour, les historiens démêleront les mécanismes de cette schizophrénie occidentale consistant à soutenir, financer et armer des gens qui veulent notre mort, celle de nos principes, de nos valeurs et de nos institutions.

Personne ne prétend que Bachar al-Assad soit un sain, ni un grand lecteur de Montesquieu qui pourrait présider – demain – la Confédération helvétique, mais en comparaison des autres dictateurs qui règnent sur les Proche et Moyen-Orient, disons qu’il n’est pas le pire !

Nos amis chrétiens (maronites, syriaques, grec-orthodoxes, arméniens et autres), musulmans (sunnites, chi’ites, alaouites et autres), libres penseurs (agnostiques, athées ou autres), patriotes (hommes et femmes), les nombreux réfugiés palestiniens qui vivent encore en Syrie, n’ont cessé de nous dire depuis le début de la crise syrienne (mars 2011) : « nous n’adhérons pas forcément à tout ce que fait notre président, mais tant qu’il est là, nous pouvons rester dans notre pays et, peut-être espérer le réformer à son rythme. Si les Frères musulmans, les Salafistes ou d’autres fondamentalistes sunnites (wahhabites ou autres) s’emparent du pouvoir, nous n’aurons qu’une seule alternative : la valise ou le cimetière ».

Et il faut n’avoir jamais mis un orteil en Syrie pour dire le contraire ou autre chose…

Enfin libres

Le 7 février, fidèle à sa propagande anti-syrienne, le torchon Libération titre : « Idlib : le pire est en train de se produire ». Jamais en reste, Le Monde du 13 février : « Syrie : empêcher le bain de sang à Idlib ». Sentant le vent tourner, la chaîne publique France-2, qui a pu envoyer une équipe sur le terrain, revient à un ton moins militant et plus respectueux des faits (19 février) : « les troupes de Bachar Al-Assad, soutenues par Moscou (Russie), sont en train de repousser les derniers bastions jihadistes, dans la province d’Idlib. Les équipes de France-2 ont pu constater cette progression et ses conséquences ». NDLR : les combattants syriens ne sont pas « les troupes de Bachar », mais celle de l’armée nationale syrienne !

Le président de la République, qui décidément n’a rien appris, ni rien oublié, déclare encore le 20 février dernier qu’Idlib « est l’un des pires drames humanitaires », condamnant avec la plus grande fermeté les attaques menées par le régime de Bachar al-Assad ». Lui aussi appelle le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités !
Se souvient-il que notre pays a fait une guerre mondiale pour, notamment reconquérir l’Alsace et la Lorraine. Comment peut-on imaginer deux secondes, qu’un gouvernement quel qu’il soit, abandonne une partie de son territoire à des bandes criminelles et mafieuses. Nos quartiers difficiles et leur statut d’extra-territorialité constituent un exemple emblématique qu’on ne règle pas seulement en parlant de « radicalisation » ou de « séparatisme » (là ce propos, lire l’article ci-joint d’Alain Chouet).

Selon différentes sources de prochetmoyen-orient.ch, sur le terrain s’observe actuellement la trêve/repos du combattant à la veille de la bataille finale. La libération des dernières banlieues d’Alep, qui assuraient encore une certaine profondeur stratégique aux jihadistes, a été un coup très dur pour les groupes insurgés qui commencent à se débander… Klaxons et manifestations populaires spontanées des habitants ont accueilli les soldats de l’armée gouvernementale syrienne en libérateurs.

« Enfin libres, scandent les habitants, libres ! ». Les belles âmes prétendront que ces événements sont encadrés et de pure propagande ! Faux – archifaux -, deux envoyés spéciaux de prochetmoyen-orient.ch sont sur place et constatent, en temps réel, la spontanéité de cette joie d’une liberté retrouvée. Autre bon signe : les liaisons aériennes entre Damas et l’aéroport d’Alep ont repris depuis quelques jours.

Répétons : nous devrions nous réjouir de voir l’armée gouvernementale syrienne bientôt reconquérir l’ensemble de la province d’Idlib et la totalité du territoire national syrien, arraché aux griffes des jihadistes/salafistes soutenus par Washington, Londres, Tel-Aviv, Riyad, d’autres monarchies du Golfe et – malheureusement – Paris !

Cette schizophrénie, déjà mentionnée, procède non seulement d’un alignement sur quelques passations de marchés – qui profitent essentiellement aux grandes sociétés du CAC-40 – mais aussi d’une lecture erronée de la confrontation Arabie saoudite/Iran, réduite à un face à face religieux Sunnites/Chi’ites, alors qu’elle procède surtout d’une fracture politique et géopolitique qui oppose des monarchies ploutocratiques – des dictatures – à des républiques, de véritables républiques, même si celles-ci ne sont pas toujours exemplaires sur le plan des libertés civiles et politiques, à savoir la Syrie bien-sûr, mais aussi l’Iran et le Liban, notre cher Liban.

Un terrible cortège

Par ailleurs, la prochaine libération d’Idlib sonne le glas d’une ribambelle d’« experts », d’historiens auto-proclamés et autres « idiots utiles » [1] qui nous racontent des carabistouilles syriennes depuis plus de dix-neuf ans, alors que ces mêmes oracles ne pipent mot sur la destruction extrêmement meurtrière du voisin yéménite par l’Arabie saoudite, ses alliés européens et israéliens !

Pétries de parti-pris idéologiques et de motivations carriéristes (pour l’avancement ou la Légion d’honneur, il faut mieux être à l’unisson avec l’Élysée et le Quai d’Orsay), ces belles âmes se sont trompées et nous ont trompées sur la nature de la guerre, de ses acteurs, de ses soutiens internationaux et de ses conséquences régionales et internationales. Ce terrible cortège de gugus opportunistes, souvent parfaitement ignorants, mais délibérément propagandistes, est proprement sidérant.

Sans pouvoir nommer exhaustivement tous ces brillants sujets, il faut néanmoins rappeler celles et ceux qui ont fait le plus de bruit : Jean-Pierre Filiu (alors que tout ce qu’il a pu dire sur la Syrie est, désormais invalidé, il s’en prend maintenant à l’Algérie) ; Frédéric Encel (ancien du Beitar israélien, petit protégé de Jean-Yves Le Drian) ; Antoine Basbous (ancien porte-parole des Forces libanaises, proche d’officines israéliennes) ; Agnès Levallois (petite commerçante pour laquelle le client est toujours roi) ; Nicolas Tenzer (petit soldat de Bernard Kouchner [2] ; Michel Duclos (notre ancien ambassadeur en Suisse, dont la compagne écrit des romans avec ses télégrammes diplomatiques) ; Caroline Fourest (petite menteuse) ; Patrice Franceschi (l’ami des Kurdes et du Mossad) ; Denis Sieffert (« journaliste » qui n’hésite pas à censurer ses collaborateurs) ; Saint-Boniface (qui a failli se faire virer de l’IRIS parce qu’il se demandait si on a le droit de « critiquer Israël ». Il s’est bien rattrapé depuis !) ; Henry Laurens (qui ose prétendre que Bachar a tué plus de Palestiniens que la soldatesque israélienne. Faut quand même oser !) ; et bien d’autres qui – à un tire ou un autre – ont pu tirer avantage de ce politiquement correct aux indignations sélectives.
Insistons : les mêmes ne s’inquiètent guère du quasi-génocide en cours au Yémen.

En attendant Godot

Oui, ces braves gens se sont plantés, littéralement plantés sur toute la ligne, mais continuent de pérorer, ici ou là, comme si de rien n’était… La libération d’Idlib leur inflige une bonne fessée. On se réjouit de voir leur binette lorsque le Quai d’Orsay sera obligé de rouvrir notre ambassade à Damas ! Il est tout aussi aberrant que cela ne soit pas déjà fait… et, en l’occurrence, l’on peut craindre d’attendre encore Godot [3].

Rappelons une hypothèse de travail avancée par prochetmoyen-orient.ch il y a quelque temps déjà : une démarche conjointe, emmenée officiellement par Joseph Borrell – le nouveau chef de la diplomatie européenne – qui pourrait permettre aux pays membres de l’UE de rouvrir (en même temps) leur représentation diplomatique à Damas.

A défaut d’une initiative de ce genre, la France éternelle risque d’être le dernier pays à revenir en Syrie, lorsque tous les chantiers de la reconstruction seront assurés par nos grands « alliés » et bons « amis », notamment allemands et britanniques…

Idlib, Idlib outragé, Idlib brisé, Idlib martyrisé, mais Idlib libéré !


Voir en ligne : http://prochetmoyen-orient.ch/idlib...


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.


[1L’expression « idiots utiles » est apparue dans les années 1920. Elle s’est développée à partir de 1929 au moment des voyages de propagande en URSS. Calquée de l’anglais « useful idiot », l’expression fut utilisée pour la première fois aux États-Unis dans un article du New York Times par un journaliste correspondant à Rome, qui l’aurait emprunté de l’italien au journal L’Unita en 1948. Elle fut attribuée à Lénine par des auteurs américains. A l’origine, l’expression qualifiait les Occidentaux sympathisants du communisme qui reprenaient et répandaient, sans grand sens critique, la propagande de l’Union soviétique à l’image d’Édouard Herriot, revenu d’Ukraine en 1933,annonçant qu’il n’avait « vu que des gens bien nourris ».

[2Lire et relire le livre définitif de Pierre Péan : Le Monde selon K. Editions Fayard, février 2009.

[3Pièce de théâtre en deux actes, en français, écrite en 1948 par Samuel Beckett et publiée en 1952 à Paris aux Éditions de Minuit. La particularité du livre vient au fait que le nombre de scènes n’est ni décompté ni annoncé.

   

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