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Les temps de peurs et de conquêtes sociales et politiques

mardi 5 novembre 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Au cours de leur longue histoire, les sociétés humaines ont toujours oscillé périodiquement entre deux Phénomènes contradictoires.
A certains moments de l’histoire, que les historiens qualifient volontiers de " fondateurs ", les peuples portent majoritairement un sentiment collectif optimiste, capable d’ouvrir la voie à des progrès rapides de toute nature, mais aussi à des illusions appelées à se dissiper au fil du temps et des échecs. Ces "moments fondateurs " correspondent souvent aux périodes de Révolution, qui changèrent le monde en mieux.

Ce fut souvent à l’issue de convulsions parfois sanglantes, car les tenants des privilèges injustes ne les abandonnent jamais de bon gré. Mais, au final, cette violence inhérente à l’histoire des peuples, qui se réduit en fait à la lutte de classes, accouche de progrès sociaux et politiques. Ces "moments fondateurs" n’auraient pu avoir lieu sans l’effort initial de minorités de militants, ces optimistes invétérés qui croient si fort à la possibilité de transformer le monde, qu’ils sont prêts à organiser les luttes populaires, sans en retirer le moindre avantage personnel, et souvent au détriment de leur vie familiale, de leur carrière, et parfois de leur vie, tout court.

Mais ne nous leurrons pas ! Si cette avant-garde militante, et leur capacité d’organisation, est nécessaire à l’accouchement de " moments fondateurs ", elle n’aboutirait qu’à un avortement s’ils ne trouvaient de temps à autre le soutien des majorités populaires.

Ce schéma de " moments fondateurs " optimistes et conquérants, la France l’a vécu à partir de 1789, et la Russie en 1917 aussi. La Révolution française, la Révolution soviétique, contagieuses, sont nées de militants, Jacobins et Bolcheviks, qui ont su entraîner et organiser les luttes, mais ils ont transformé en bien leur pays et le monde parce qu’ils ont trouvé l’assentiment des majorités françaises et russes, qui étaient alors paysannes (en 1789 ) et ouvrières, (en 1917).

Le même phénomène optimiste et conquérant succéda à l’écrasement militaire du Nazisme en 1945, essentiellement grâce aux sanglants sacrifices des peuples de l’URSS.

Et il est vrai aussi qu’à l’euphorie majoritaire des premières années, ont succédé le désarroi devant l’apparition de déceptions cruelles, l’exploitation féroce au XIXème siècle des ouvriers par la bourgeoisie française confortée par les acquis de 1789, la dérive des militants bolcheviks en politiciens bureaucrates qui a abouti à la disparition de l’URSS.

Mais ce mécanisme de " moments optimistes " peut s’appliquer à bien d’autres épisodes de l’histoire, au fil des millénaires, qui ne passent pas généralement pour des Révolutions politiques classiques, et qui furent pourtant des avancées majeures de l’Humanité, initiées par des individus porteurs d’un rêve de progrès, approuvé par leur peuple.

Les inventions préhistoriques majeures, la maîtrise du feu, celles de l’agriculture et de l’élevage, de l’irrigation et de l’urbanisation sédentaire, même si on n’en connaît pas la date exacte et les auteurs, furent déjà des " moments optimistes ", proprement révolutionnaires, a l’initiative de minorités curieuses d’avenir, soutenues après bien des déboires par une majorité.

On pourrait l’appliquer aussi à la disparition de l’esclavage antique en Occident, sous l’effet combiné des révoltes d’esclaves (Spartacus ne fut-il pas un militant d’il y a deux millénaires ?), et de l’expansion du Christianisme à l’Empire Romain ?
Même chose pour le mouvement communal urbain du Moyen Âge, combinant luttes anti-féodales, et ambitions bourgeoises, et qui marqua si fort la France qu’elle en a hérité la démocratie communale, encore vivante aujourd’hui malgré les coups de boutoir Macroniens.
Et aussi aux révoltes anti-seigneuriales en peuple paysan : les militants qui les ont initiées ne nous ont guère laissé leur nom, mais ils ont apporté la fin du servage, un progrès social évident de la société française médiévale.

Les peurs

A d’autres moments de l’histoire, dominent les peurs et craintes collectives, qui certes naissent de difficultés bien réelles, mais sont amplifiées jusqu’à la démesure et les angoisses irrationnelles, souvent nourries par des Pouvoirs économiques, politiques ou idéologiques, qui y trouvent un moyen efficace de domination de la majorité " prolétaire ", des esclaves antiques aux salariés contemporains.

Ces peurs face aux cataclysmes naturels, qu’on ne s’expliquait pas, furent a l’origine des religions il y a bien des milliers d’années : pour nos ancêtres de Grèce antique apeurés, la foudre et les incendies ravageurs qu’allumaient les éclairs prouvaient la colère des Dieux contre les hommes.
Et pour leurs descendants de notre " Moyen Âge ", les pestes et les famines étaient aussi la colère du Dieu, punissant ses misérables créatures jusqu’après leur mort : les hommes de l’an 1000 ont sculpté et peint leurs terreurs sur les murs des églises, en Jugements derniers et en tortures des damnés en Enfer.

Mais cet Enfer était aussi sur terre. Il ne restait aux humains suppliants qu’à implorer la Miséricorde divine, ou la compréhension d’une douce Madone, mère compatissante à la douleur des hommes.

Puis vint le temps des Lumières et de la Raison, du XVIème au XXème siècle.
Les Prométhée de la modernité, qui étaient souvent des bourgeois, refusèrent la métaphysique au profit des sciences naturelles, de la chimie et la technologie, pour tenter d’expliquer le monde et de conjurer ses malheurs. Ils croyaient même, ces naïfs, que les progrès techniques allaient résoudre les problèmes sociaux.

Ils durent déchanter, a l’issue de massacres mondiaux et d’inégalités croissantes, entre les hommes et les peuples. Aux alentours de l’an 2000, il fallut bien se rendre à l’évidence : Les progrès qu’on croyait continus n’étaient pas au rendez-vous, le monde allait vers le chaos impérialiste, et la modernité capitaliste engendrait un nouvel esclavage.

Et parallèlement, Dieu était souvent mort, tué par la Raison, même si des minorités abêties plus qu’ailleurs, tentaient de conjurer leurs paniques en cultivant d’Amérique en Afrique, un Évangélisme mystique, irrationnel autant qu’intéressé.

C’est alors qu’on a pu constater que " l’opium du peuple " du vieux Karl pouvait être n’importe quel succédané : alcool, drogues diverses et variées, légales ou clandestines, tiercé pour les fauchés, Casinos pour les riches, tout cela pour oublier sa peur.
Le XXème siècle en fabriqua de plus sinistres encore : des xénophobies et racismes ignobles jusqu’aux génocides, la peur de l’autre remplaçant celle de l’Enfer ;
Et le XXIème les multiplie à son tour par l’emballement médiatique : peur du migrant ou du musulman suspect de terrorisme, peur du mâle rêvant de viol et de la femme trop vénale, et, cerise sur le gâteau des paniques, peur de l’apocalypse climatique, ressassée par des "experts" et des icônes fabriqués par les petits écrans.

Cette dernière nous ramène loin dans le temps : Le mythe biblique du Déluge, décidé par le Créateur pour punir les hommes de leurs péchés, se retrouvait chez de nombreux peuples dans la plus haute Antiquité : revoilà cette vieille peur quelques millénaires plus tard, déguisée en discours mediatico-scientifique....

L’issue ?

A-t’on ainsi touché le fond, atteint le creux de la vague des Peurs débutant le deuxième Millénaire ?

Personne ne peut l’affirmer. On peut seulement souhaiter le plus vite possible un retour à l’optimisme conquérant, au désir d’un monde meilleur, égalitaire et pacifique, qui caractérisa un temps la société française après la défaite du Nazisme.

Il faut en finir de cette atmosphère marquée par l’irrationnel, l’individualisme forcené généré par les " lois du marché capitaliste ", le rejet de ce fait de toute organisation démocratique.

Cela ne pourra avoir lieu que par la destruction du Capitalisme qui la nourrit, ou en tout cas par sa mise en cause révolutionnaire.

Et cela ne pourra être le fait, comme toujours dans l’histoire des hommes, que grâce à des minorités militantes, ces rêveurs d’avenirs meilleurs, capables de lutter pour leur avenir personnel, mais aussi celui des autres " spoliés de la Terre."

   

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