Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Repères et Analyses > Définir la liberté de la presse

Définir la liberté de la presse

mardi 8 octobre 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Parmi les Droits de l’Homme et du Citoyen proclamés par la Révolution française en 1789, l’un des plus importants affirmés contre l’arbitraire monarchique est la liberté d’exprimer une autre opinion (religieuse, philosophique) que celle du Pouvoir d’état. Cela permit d’assurer l’égalité devant la loi entre catholiques, protestants, juifs et incroyants dans les années suivantes.
La liberté de la presse en découle, qui permit de 1789 a 94 la floraison de multiples journaux, dans lesquels s’exprimaient les militants "Patriotes",comme Camille Desmoulins, Robespierre, Brissot ou Marat, Et même leurs opposants royalistes.

Bien sûr, cette conquête fondamentale ne fut pas acquise une fois pour toutes. La liberté pour les citoyens de s’exprimer par un journal ou un livre fut souvent remise en cause au cours des dix-neuvièmes et vingtièmes siècles par des Pouvoirs d’État autoritaires, Napoléon Ier puis les Rois Charles X et Louis-Philippe par exemple, et le Maréchal Pétain au XXeme siècle.
Et il fallut bien des combats courageux, des barricades de 1830 à nos jours, pour permettre l’éclosion en France d’une presse écrite au service des travailleurs en lutte, comme l’Humanité de Jaurès et Cachin.

Et disons le clairement : les communistes sont les héritiers de ces hommes et ces femmes qui, durant deux siècles, ont, parfois au péril de leur vie, lutté pour la liberté de penser et d’exprimer ses opinions, y compris minoritaires.

Ce qu’il en est en 2019

Mais le débat à ce sujet est aujourd’hui faussé, car les médias actuels n’ont plus aucun rapport avec les feuilles artisanales du 19eme siecle.
En 2019, la presse écrite, les télévisions exigent de lourds investissements qui en font le domaine réservé, quasi-exclusif, de grandes sociétés capitalistes. Et ce sont donc les actionnaires qui, en toute logique du Capital, décident des orientations idéologiques du support écrit ou audio-visuel, et choisissent (soigneusement ) les journalistes professionnels qui s’y exprimeront.

Leur qualité professionnelle n’est pas identique, mais ceux parmi eux qui ont accès aux éditoriaux de presse écrite, et aux commentaires de l’actualité sur les petits écrans des télévisions, sont tous choisis par les décideurs pour leur
fidélité à l’idéologie libéralo-capitaliste, quel que soit par ailleurs leur affinité politicienne, de gauche ou de droite, ce n’est pas l’essentiel.

Ce dispositif contemporain est imparable si l’on parvient à faire accepter par l’opinion que la liberté de la presse consiste pour les journalistes en place à disposer de la liberté de s’exprimer.

Or les maîtres actuels des médias, écrits et audiovisuels, ont compris depuis longtemps que censure et ordres comminatoires aux rédactions, qui avaient encore cours à l’ère gaulliste de l’ORTF, ne sont plus nécessaires : il suffit de bien choisir les journalistes admis à commenter les faits d’actualité.

C’est ainsi qu’on en est arrivé en France au complexe médiatique français actuel, qui est dans sa quasi totalité, une machine très efficace pour formater l’opinion,par le biais de communicants-idéologues, dont le travail rétribué n’est plus de transmettre les faits et les analyses contradictoires, mission des journalistes en service public, mais de les trier, les commenter,et les faire commenter par les invités qu’ils choisissent, de façon à diffuser
à jet continu un message univoque, présenté comme incontestable.

On se méprend souvent en critiquant les rédactions sur la qualité de leur travail : bon ou mauvais, maladroit ou habile, peu importe finalement. Le système médiatique est au service de qui le contrôle, gouvernants ou financiers, et peut de ce fait choisir les journalistes habilités à
l’expression publique, et les " experts " ou témoins qu’ils invitent.

Qui pourrait par exemple nier que les télévisions françaises, d’État et privées, occultent délibérément l’existence des Communistes en ne les invitant jamais à s’exprimer. Le groupe parlementaire PCF n’est jamais cité parmi ceux de l’opposition parlementaire, et les militants, philosophes, artistes ou scientifiques de cette mouvance idéologique ont disparu de l’image
de la France.

Les rédactions ont durant des décennies valorisé JL Mélenchon pour déstabiliser
le PCF, et le criminalisent volontiers maintenant qu’il leur paraît être un danger politique.

Car les "journalistes" omniprésents choisissent soigneusement leurs invités de l’opposition, notamment dans le respect du postulat érigé par Macron en vérité : la France politique se limite à mes fidèles, et leurs opposants dirigés par Marine Le Pen. En vertu de cette caricature, le RN et ses amis sont souvent présents sur les antennes, quitte à s’y faire étriller par un interviewer.
Peu leur importe, ils sont gagnants à tous les coups auprès des auditeurs-électeurs ; ils sont confortés dans leur rôle de seule opposition crédible à Macron.

Dans cette manipulation politicienne, les libéraux Macroniens de plus en plus répressifs et les xénophobes autoritaires du RN ne sont pas ennemis comme ils le disent, mais complices.
Jamais en 2017 Macron n’eut été élu Président sans cette fausse opposition, et jamais Marine Le Pen n’eut obtenu une telle masse de voix....

C’est dans cette configuration hypocrite qu’on doit situer un fait récent particulièrement scandaleux : la chaîne d’information continue CNews envisage de confier a Éric Zemmour une émission quotidienne, a une heure de grande écoute !

Qui est éric zemmour ?

Éric Zemmour s’est fait connaître grâce aux médias, ce qui lui a permis de publier à grand renfort de publicité des ouvrages polémiques, inspirés des écrivains pro-Nazis de 1940-44. Les thèmes sont les mêmes, actualisés. Rebatet ou Céline annonçaient alors l’invasion des Français par les Juifs ( ! ), Zemmour l’annonce venant des Musulmans, Noirs ou Arabes !
Tant et si bien que ce personnage à été plusieurs fois déjà jugé pour " provocation à la haine raciale " par la justice française.

Sa dernière prestation publique a eu lieu le 28 septembre 2019, lors d’une soit- disant "Convention de la Droite", organisée par des personnalités d’Extrême-Droite comme la nièce de Marine Le Pen, Le député du FN Collard, etc. L’objectif revendiqué est d’obtenir aux prochaines élections présidentielles une victoire électorale des Droites et Extrêmes Droites réunies.
Devant cette assemblée, Zemmour a lancé de véritables appels au meurtre contre ses boucs émissaires favoris.
Qu’on en juge :
" Tous nos problèmes créés par l’immigration sont aggravés par l’Islam...Les jeunes Français vont ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Si oui, ils méritent leur colonisation. Si non, ils devront se battre pour leur libération ! "

Ces diatribes haineuses, nous les avons entendues en 1960 et 62, quand l’OAS organisait ses" Ratonnades" criminelles. Soixante ans après, elles déshonorent leurs auteurs, et ceux qui leur offrent une tribune médiatique.

La liberté de la presse ne peut consister à appeler au pogrom raciste !

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?