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Fidel Castro : « Un peuple instruit sera toujours fort et libre »

vendredi 6 septembre 2019 par Fidel Castro

À l’occasion du quarante-cinquième anniversaire de l’attaque des casernes de Moncada et Carlos Manuel de Céspedes , tenu à Santiago de Cuba , le 26 juillet 1998 , « Année du quarantième anniversaire des batailles de la guerre de libération » , Fidel castro prononce le discours ci-dessous :

Compañeros combattants de la Moncada et combattants de la Révolution,
Proches des martyrs de cette action et de bien d’autres réalisées tout au long de notre lutte révolutionnaire,
Délégations invitées,
Invités en général,
Compañeras et compañeros,
Santiagais,
Compatriotes,
Je me réjouis vraiment de vous voir tous assis (Applaudissements), chacun à sa place. Ainsi, vu les chaleurs de ces années, des chaleurs croissantes, surtout à ces heures, je pourrai parler calmement avec vous et analyser certains sujets, dont historiques, patriotiques et idéologiques.
J’ai apporté quelques documents, mais ne vous effrayez pas, je ne vais pas les lire (Rires). Je vais tout simplement m’en servir pour que les explications soient précises et bien comprises par vous.
Santiago a reçu non seulement le drapeau, mais aussi l’honneur d’être le siège où l’on commémorera ce quarante-cinquième anniversaire du 26 juillet. Traditionnellement, compte tenu des acquis remarquables remportés par Santiago de Cuba au cours de la Révolution, cette province avait gagné le droit d’être le siège de cette commémoration tous les cinq ans. Plus tard, cette tradition a été modifiée, celle-ci étant substituée par le principe de gagner le droit d’accueillir ces festivités.

Les Santiagais ont mené pendant ces années une lutte ardue, raison pour laquelle ils ont été sur le point de mériter ce droit ; or, à l’occasion de ce quarante-cinquième anniversaire, ils y ont parvenu au prix de travail, de courage, de mérites (Applaudissements).
A ce quarante-cinquième anniversaire, l’histoire a voulu accorder à Santiago de Cuba le droit de fêter d’autres anniversaires, de sorte que nous commémorons aujourd’hui trois importants anniversaires de différente nature : l’un d’entre eux, très négatif, et deux, très positifs ; or, même dans le cas de celui qui à notre avis est négatif, notre peuple a su démontrer sa capacité de faire face à ces faits, de transformer ce revers en victoire.
Cette année, à peu près ce mois, on commémore le centenaire de l’intervention des États-Unis à Cuba ; on commémore aussi le quarante-cinquième anniversaire de la Moncada, un revers transformé en grande victoire ; et le quarantième anniversaire des batailles décisives du triomphe de la Révolution, une grande victoire, sans aucun revers.
(L’horloge de la place sonne). (Rires et applaudissements.)
Elle sonne toutes les trente minutes ou toutes les quinze minutes ? (Rires). On lui dit qu’à chaque heure la sonnerie est longue, et qu’elle est courte à chaque demi-heure). Formidable, je pourrai ainsi avoir une idée du temps (Rires).

Le 25 janvier 1898, le cuirassé Maine entre dans le port de La Havane. Le 15 février, le Maine explose.

Le 19 avril, le Congrès des États-Unis adopte une résolution conjointe selon laquelle « le peuple de Cuba est et a le droit d’être libre et indépendant ». Il s’agissait d’une résolution trompeuse qui répondait, apparemment, à la grande sympathie dont jouissait notre peuple au sein de la société nord-américaine ; cela coïncidait avec de longues années de lutte et avec l’impact provoqué par la reconcentration de Weyler qui est devenu un holocauste pour notre peuple, où des centaines de milliers de compatriotes ont perdu leurs vies, notamment des femmes, des personnes âgées et des enfants qui n’ont pu se rendre au maquis et qui ont été contraints de se concentrer dans les villes.

Il ne fait aucun doute que le peuple nord-américain sympathisait avec notre peuple, mais il ne faut pas non plus oublier l’existence de grands intérêts expansionnistes et impérialistes ; il s’agissait donc là de la première guerre impérialiste de l’histoire – au sens moderne du terme -, ainsi qualifiée par Lénine et prévue bien avant par Martí lorsqu’il a dit, quelques heures avant sa mort, que tout ce qu’il avait fait et ferait avait pour but d’empêcher, grâce à l’indépendance de Cuba, que les États-Unis ne s’étendent dans les terres d’Amérique et qu’il a fallu agir en secret. Quelle lucidité pour prévoir l’avenir !

Aussi bien Martí que Maceo s’opposaient à l’intervention, et il l’a ainsi affirmé catégoriquement devant un groupe de jeunes : en cas d’intervention des États-Unis à Cuba, il serait même décidé de lutter aux côtés des Espagnols.
Pour les patriotes cubains et le peuple nord-américain, cette résolution signifiait une reconnaissance à la lutte et aux mérites de notre peuple. « Le peuple de Cuba est et a le droit d’être libre et indépendant. » C’était une idée juste, un principe incontestable. Jusqu’alors, les États-Unis, tout au long d’une lutte qui avait duré trente ans, s’efforçaient surtout d’empêcher l’entrée d’armes, de munitions et de renforts dans notre pays.

A cette même guerre amorcée en 1895, tout l’armement accumulé par le Parti révolutionnaire cubain au terme de longues années d’efforts et de sacrifices a été perdu en quelques jours. L’arrivée des chefs révolutionnaires a rencontré d’énormes difficultés : Antonio et José Maceo et Flor Crombet, entre autres, obligés à se séparer par la zone de Baracoa, ont pu miraculeusement sauver la vie. Tout près de là, à Playitas, Martí, Máximo Gómez et un groupe réduit d’hommes débarquent à bord d’un petit canot, car même si leurs armes avaient été saisies aux États-Unis, les conditions subjectives étaient créées, quelques années s’étaient écoulées depuis 1878, depuis le Pacte du Zanjón, et le peuple cubain était préparé pour reprendre la lutte pour l’indépendance ; or, Martí voulait une guerre rapide pour éviter, dans la mesure du possible, l’effusion de sang et les interventions étrangères.

Comme je l’ai déjà dit, la résolution conjointe est adoptée le 19 avril par le Congrès des États-Unis. En regardant cette date, je me suis demandé, qu’est-ce qui s’est passé ici un 19 avril ? Et curieusement, cette résolution conjointe se répète pour la deuxième fois le Premier Janvier 1959, soixante et un ans plus tard ! Cela s’est passé ici à Santiago de Cuba, lorsque pour la première fois notre peuple a été, de fait et de droit, véritablement libre et indépendant (Applaudissements).

Un autre fait encore plus curieux, un 19 avril 1961, exactement 63 ans plus tard, notre peuple, qui luttait déjà sous les drapeaux du socialisme, a déjoué en moins de 72 heures les forces mercenaires de l’empire (Applaudissements), en dépit du fait que les porte-avions et les navires de guerre, beaucoup plus puissants, modernes et sophistiqués que ceux qui avaient bloqué le port de Santiago de Cuba le 27 mai 1898, se trouvaient à 3 milles des faits. Ce jour-là, notre peuple, avec son sang, sa sueur et son héroïsme, a réaffirmé, d’une fois pour toutes, sa condition de peuple libre et souverain (Applaudissements).

Suivant la chronologie historique, la guerre est déclarée le 25 avril. L’escadre de l’amiral Cervera, bien connue par vous, composées de six bâtiments de guerre, entre dans cette baie le 19 mai. Huit jours plus tard, l’escadre nord-américaine fait son entrée et bloque le port ; une puissante escadre qui doublait l’escadre espagnole en bateaux, calibre et blindage.

Le premier débarquement de soldats nord-américains a lieu le 22 juin aux alentours de cette ville, à l’est, dans un site connu sous le nom de Daiquirí, libéré au préalable par les forces patriotiques de la province. Un autre débarquement a lieu dix jours plus tard à Siboney ; un deuxième débarquement à Daiquirí, suivi des opérations terrestres.

Le 1er juillet, les combats terrestres les plus violents ont lieu au nord-est de cette ville, là, au Viso, où un chef espagnol, le général Vara del Rey, est mort courageusement ; ce même jour, des combats très violents surviennent sur les collines de San Juan – proches de l’endroit où nous nous trouvons aujourd’hui -, avec la participation décidée, aux deux combats, des troupes cubaines qui ont non seulement participé au combat, mais aussi empêché l’arrivée de renforts provenant d’autres zones orientales, dont Bayamo, Holguín, Guantánamo ; seul un renfort venant de Manzanillo qui marchait rapidement et avec décision, y arrive.

Les troupes cubaines ont empêché l’arrivée des principaux renforts espagnols et harcelé tous azimuts la garnison de Santiago. L’histoire des États-Unis ne fait pas état de ces faits. Des milliers de patriotes cubains ont participé à ces actions, les pertes étant très nombreuses ; or, ils n’ont jamais reçu une reconnaissance dans l’histoire des États-Unis ; tout au plus, une mention aux mémoires de certains chefs nord-américains y ayant participé, et ce avec un esprit péjoratif.

L’histoire ne dit pas non plus que, encore à l’époque de la colonie, des milliers de Cubains sont sortis de la zone occidentale de Cuba en compagnie d’Espagnols et de Français pour participer, un siècle avant, à la lutte pour l’indépendance des États-Unis ; c’étaient des Cubains, nés ici, ceux qui ont participé à la guerre. L’histoire des États-Unis n’en dit pas un traître mot, à savoir que les Cubains, à différentes étapes, – dans celle-là luttant pour l’indépendance et dans celle-ci luttant pour ce qui étaient considéré par nombre de nos compatriotes comme une action solidaire et amicale – ont lutté à leurs côtés contre les Espagnols. Les grandes déceptions n’étaient pas encore arrivées.

Le 3 juillet, l’escadre de Cervera reçoit l’ordre de partir – un acte vraiment héroïque, il faut l’admettre ; l’ordre est accompli, les bateaux, l’un après l’autre, sortent du port, car seul un bateau y pouvait naviguer, face à une escadre en formation qui n’a fait qu’attaquer et détruire chaque bateau qui sortait du port. Il faut reconnaître que ce jour-là, les marins espagnols ont écrit une page de courage et d’héroïsme extraordinaire.

Cette action nous rappelle l’épisode final de notre lutte autour de Santiago de Cuba. Nous n’avions pas d’escadre, mais il y avait deux frégates ennemies dans le port, deux des trois dont disposait le gouvernement de Batista, des frégates assez modernes, d’un bon calibre ; or, nous avons réussi à les bloquer, mais curieusement, non pas depuis la mer, mais depuis les hauteurs de La Socapa, à l’ouest de la sortie ; nous y avons installé huit mitrailleuses calibre 30, ce qui empêcherait leur passage, car, selon nos prévisions, leurs ponts seraient rasés.

Une fois terminée la guerre, nous nous sommes intéressés à inspecter l’une de ces frégates et nous avons alors constaté que nos calculs étaient corrects. Le pont et la timonerie étaient à peine protégés ; ils n’étaient pas conçus pour supporter le feu des mitrailleuses à courte distance, autrement dit les frégates n’auraient pu sortir du port de Santiago de Cuba.

En 1898, les bateaux espagnols, l’un après l’autre, sont sortis par ce passage étroit, raison pour laquelle ils ont été facilement détruits. Cette action a provoqué des pertes sensibles : des centaines de marins espagnols, un marin nord-américain et quelques blessés. Le calibre des bateaux espagnols ne suffisait pas pour atteindre les bateaux nord-américains, et ne pouvait pas non plus perforer le blindage de ces navires de guerre, de ces cuirassés. Voilà ce qui s’est passé à cette bataille, le 3 juillet.

Le 10 juillet, l’escadre nord-américaine a bombardé la ville de Santiago de Cuba.

Le 17 juillet – regardez que c’est à peine quelques jours plus tard -, les troupes nord-américaines et espagnoles commencent les négociations, auxquelles ne participent pas les forces cubaines ; ce jour-là, l’armistice et la capitulation de la ville sont conclus. Les troupes nord-américaines entrent dans la ville, l’accès étant interdit aux patriotes cubains, ce qui constitue l’un des épisodes les plus tristes de notre histoire ; ces combattants qui avaient lutté pendant 30 ans, depuis le 10 octobre 1868, n’ont pu entrer dans la ville.
Le drapeau nord-américain est hissé au Palais de gouvernement et au Morro. Indigné, le général Calixto García, qui avait coopéré loyalement avec ces troupes censément alliées, écrit à Máximo Gómez et, devant cette humiliation insupportable, renonce à son poste de chef des troupes cubaines à Oriente.

Quel jour ? Le 17 juillet.

Qu’est-ce qui se passe entre-temps à l’autre anniversaire dont je vous parlais, à l’occasion des batailles décisives de notre guerre de libération ? Une autre bataille aussi décisive était livrée le 17 juillet 1958, à El Jigüe, contre un bataillon encerclé, pour contrecarrer l’offensive lancée par des milliers et des milliers de soldats batistiens. Ces combats, qui ont duré dix jours, étaient dans leur apogée le 17 juillet.

Autrement dit, une autre bataille était livrée 60 ans après cette interdiction, ce qui changerait le cours de l’offensive qui, une fois renversée, a signifié un virage dans notre guerre contre l’armée de Batista. C’était réellement une revendication, exactement 60 ans plus tard, en un mois de juillet comme celui-ci, une bataille qui prend fin le 21, date du début de la contre-offensive de nos troupes, ce qui a dispersé l’armée de Batista, ses nombreux bataillons, appuyés par des chars, des avions, l’artillerie, alors que les rebelles n’avaient que des fusils et des mines ; c’est ainsi que commence à changer le cours de l’histoire pour frayer finalement la voie, quelques mois plus tard, à ce Premier Janvier 1959 à Santiago de Cuba.

Le Traité de paix est signé le 10 décembre 1898 à Paris, auquel ne peut participer le gouvernement cubain en armes ; les États-Unis et l’Espagne concluent un accord auquel ne participe pas le gouvernement de la République en armes, autrement dit il ne peut participer ni aux négociations ni à cet accord. Alors, le pays a été occupé pendant quatre ans par l’armée nord-américaine. Il vaut la peine de rappeler ces choses-là, l’histoire, à ceux qui ont mauvaise mémoire, aux néo-annexionnistes.

Pendant cette période, l’armée de libération est désarmée, le parti de Martí est dissout et une république vassalisée avec amendement Platt est mise en place, en vertu duquel les États-Unis avaient le droit constitutionnel de s’immiscer dans les affaires intérieures de Cuba. Le Parti révolutionnaire et l’armée de libération n’existaient plus ; l’Assemblée constituante se déroulait et alors, un sénateur nord-américain a l’idée de proposer cet amendement au Congrès des États-Unis, lequel est finalement adopté et qui a donné naissance à cette république vassalisée (l’horloge sonne) – une demi-heure a été consacrée à cette histoire (Rires et applaudissements) ; ils s’emparent des richesses fondamentales du pays et mettent sur pied une armée à l’instar de celle de Texas. C’est ainsi que notre pays est à la merci de la volonté des intérêts des gouvernements des États-Unis.

Notre peuple a cependant poursuivi sa lutte au cours de ces années. Des traités économiques très durs, draconiens, ont été imposés à Cuba ; notre pays a fait l’objet de diverses interventions directes et indirectes ; ils ont occupé par force un morceau de notre territoire national, où se trouve encore une base navale, voilà aussi 100 ans. Tel a été le début de ce siècle pour notre pays et la fin des luttes auxquelles ont participé des générations entières de Cubains.

Notre peuple a poursuivi sa lutte des dizaines d’années durant courageusement et révolutionnairement, vécu des épisodes très durs, des processus difficiles, jusqu’à l’arrivée du putsch du 10 mars 1952. Ce fait-là est celui qui impose la nécessité de renverser ce gouvernement par les armes, celui qui engendre cette action que nous commémorons aujourd’hui, quarante-cinq ans plus tard.
Le chemin parcouru a été très long. Forts de l’expérience d’aujourd’hui, les révolutionnaires auraient pu s’engager sur une voie plus sûre et remporter la victoire plus rapidement, j’y ai réfléchi. J’ai réfléchi sur le fait que si l’on avait commencé par la Sierra Maestra, plutôt que par l’idée ambitieuse de nous emparer de cette forteresse, on aurait accéléré le processus du renversement de Batista et ce, évidemment, à partir de l’expérience, les montagnes n’étant pas exclues à un certain moment.

Notre plan initial envisageait la prise de cette caserne, l’occupation des armes et le soulèvement du peuple de Santiago de Cuba. Compte tenu de ses traditions historiques, nous comptions surtout sur le peuple de Santiago de Cuba (Applaudissements). Cependant, avant de prendre la décision d’attaquer cette forteresse, nous étions déjà prêt a coopérer avec toutes les forces qui s’opposaient à Batista ; à notre avis, il fallait l’unité de tous, et au fur et à mesure que se forgeait cette unité, nous nous sommes consacrés à recruter, organiser et préparer des hommes pour cette action unie ; mais l’unité prévue n’est jamais arrivée et n’arriverait jamais.

Lorsqu’on a pu réunir environ 1 200 hommes, assez bien organisés et entraînés, dans la mesure du possible dans ces circonstances et sans disposer des armes évidemment pour ces hommes – on avait réussi finalement à disposer d’une arme et demie pour dix hommes, et non pas des armes de guerre précisément, mais des armes que l’on pouvait acheter dans les armureries ; dans l’armurerie de Santiago de Cuba, tout près de la promenade, par l’intermédiaire de Renato Guitart, nous avons acheté plusieurs fusils, dont quelques fusils 22 de calibre ; ce n’étaient pas des armes de guerre, mais ce n’étaient pas non plus des armes inoffensives. Un fusil semi-automatique à plombs est une arme qui n’a rien à envier à une mitrailleuse à main Thompson, car il peut tirer neuf plombs gros avec une seule cartouche. Ce ne sont pas des armes inoffensives, tout comme les fusils 22 de calibre si les tireurs sont bons, et nous avions appris nos combattants à tirer. Ces armes étaient utiles pour atteindre l’objectif fixé, mais elles n’étaient pas suffisantes, au total, quelque 150 ou 160 armes pour les 1 200 hommes ; nous avons donc distribué surtout les armes parmi les cellules les plus fermes, les plus décidées et les mieux entraînées.

Voilà notre tactique : nous n’avons recruté personne à Santiago de Cuba, sauf un ; nous avons recruté des hommes de La Havane, de la ville et de la province, ainsi que des habitants de Pinar del Río.
De nombreux groupes de la capitale se voulaient révolutionnaires, cherchaient des gens et essayaient de s’organiser. En fait, à un moment donné, nous seuls, nous en avions plus que tous les autres ensemble. Certains d’entre eux appartenaient à quatre ou cinq organisations différentes, autrement dit ils étaient comptés cinq fois, alors que nos 1 200 hommes étaient d’os et de chair.
Une fois décidé de mener à bien les plans sur notre propre initiative et une fois choisi le site idéal, autrement dit l’ancienne province d’Oriente et la ville de Santiago de Cuba, nous n’avons pas voulu recruter personne à Santiago. On ne voulait pas – comme dirait un chasseur – alerter la proie.

Nous avions dans nos rangs d’abord un Santiagais, puis un deuxième Santiagais, d’adoption, Abel, un compañero d’une grande capacité et de pleine confiance – qui à un moment donné, avait été envoyé à Santiago comme deuxième chef du mouvement pour accomplir des tâches indispensables afin de préparer la réception d’armes et hommes ; tout le travail de mobilisation, de déplacement d’armes et d’hommes a été effectué depuis la capitale. A propos, les petits drapeaux de nos voitures, étant donné que nos compañeros n’étaient pas très connus, c’étaient les petits drapeaux du fameux 4 septembre. Lorsqu’un policier voyait un petit drapeau du 4 septembre, il disait : « Ah, très bien, voilà les gens du général ! » C’était plus facile. Comme j’étais un peu plus connu, j’ai eu la précaution de ne pas utiliser ces petits drapeaux, car autrement je devenais suspect.

Mais il faut dire qu’aux derniers jours, en quelques jours, nous avons réussi à déplacer toutes les armes par différentes voies : chemins de fer, trains, etc. Melba pourrait raconter toute cette histoire, tout comme Yeyé, les compañerasqui chargeaient une valise énorme (Applaudissements) ; il y a eu même le cas des soldats batistiens galants qui les ont aidé à charger ces valises, assez lourdes d’ailleurs. Par ailleurs, tous les hommes ont été déplacés en 24 heures.

Les Santiagais seraient recrutés plus tard en masse, le peuple tout entier, en l’honneur de son histoire et aussi parce que le 10 mars, cette population a été la seule du pays à se mobiliser et à participer aux actions contre cette caserne (Applaudissements), alors que les autres populations n’avaient pas encore décidé d’appuyer ou pas le putsch, pour finalement appuyer les traîtres du 10 mars. Je dis : Il ne faut pas convaincre les Santiagais, car les Santiagais sont convaincus (Applaudissements), et lorsque cette caserne tombera entre nos mains et que nous disposerons ici de 1 500 à 2 000 armes, ils nous rejoindront en masse.

Il y aurait une confusion initiale, car avons fait appel à une dose adéquate d’astuce : au lieu de nos habiller en civil, nous avons cherché des uniformes de cette armée et des grades de sergent pour confondre ainsi l’ennemi ; nous portions des chaussures, pas de bottes, ce qui nous permettait de nous reconnaître – il a fallu confectionner les casquettes et tout le reste à l’instar de celles utilisés par les militaires. Notre objectif était de créer une énorme confusion et de les surprendre, de surprendre les autres unités ; on allait simuler un soulèvement de sergents. Une recette semblable à celle utilisée par monsieur Batista en 1933. C’était là notre premier action, alors qu’on occupait tout ici – on a pu vérifier qu’ils dormaient et donc, neutralisés, lorsque les compañeros de la première voiture a occupé la première baraque.

S’il est vrai qu’on aurait pu adopter d’autres variantes plus efficaces, je peux vous dire que s’il fallait mettre en œovre ce même plan, 45 ans plus tard, je pense que ce plan-là était le plus approprié (Applaudissements) pour prendre le poste principal et, avec les autres voitures l’état-major, les autres baraques et ainsi tous seraient neutralisés ; le palais de la Justice, principal bâtiment, pris ; les toitures du bâtiment de derrière, autrement dit l’hôpital civil, prises, dominées ; le régiment serait capturé.

C’était parfaitement réalisable, j’en suis pleinement convaincu, et je suis aussi convaincu que le peuple santiagais tout entier aurait rejoint cette lutte. Pour nous protéger d’une éventuelle attaque aérienne, notre idée était de sortir immédiatement les armes de cette caserne et de les situer dans différents bâtiments de la ville pour organiser ensuite les défenses face à la contre-attaque. Pour créer la confusion généralisée, on pensait faire parler par téléphone certains de ces sergents capturés avec les chefs d’escadrons et avec les autres sergents de la province afin de les subordonner ou, au moins, gagner du temps.

La défense face à la contre-attaque ennemie et la tentative d’occuper Bayamo et la caserne de Bayamo s’expliquaient par la nécessité d’établir une défense avancée au pont sur le fleuve Cauto, situé sur la route centrale. Pour accomplir cette mission, ces hommes ont attaqué la caserne de Bayamo.
Nous n’avons donc pas le moindre doute sur la sélection de la zone, de la population, de l’objectif, pour occuper des armes. Nous avons dit aux compañeros : Hé bien, nos armes sont bien protégées et graissées dans les casernes. Nous n’avons pas d’argent pour les acheter, mais à quoi bon les acheter si elles sont là ? Avec quelques armes, nous pouvons occuper celles de ce régiment.

Une autre idée : les participants à l’attaque de la caserne devaient d’abord s’identifier, puis proclamer par la radio le programme révolutionnaire proposé et le mot d’ordre de grève générale révolutionnaire tout au long du pays.
Cependant, si l’on ne réussissait pas à freiner la contre-attaque, à paralyser le pays – on aurait pu peut-être y parvenir, vu l’énorme haine qui existait dans le pays contre la tyrannie -, on regagnerait alors le maquis avec des milliers d’armes. Ce plan aurait été infaillible. N’oublions pas qu’avec moins de 10 armes, nous avons recommencé la lutte après le revers essuyé à Alegría de Pío en 1956. Et avec ces quelques armes et autres réunies plus tard, en 25 mois, on a pu remporter la victoire face à des forces armées qui avaient 80 000 hommes sur les armes, fournies par les États-Unis, qui avaient des conseillers nord-américains et qui possédaient des avions assez efficaces pour attaquer les guérillas, des chars, artillerie, communications et bien des choses que nous n’avions pas.

La guerre a été donc gagnée grâce notamment au peuple et à la confiance que nous avions déposée dans le peuple.
Une histoire comme celle que nous avons vécue pendant ces 45 ans ne se répète pas facilement.

Il a fallu agir en toute hâte, subir l’emprisonnement et l’exil ; il a fallu subir la dispersion de notre expédition, celle qui est venue au Granma.
Une autre donnée curieuse : cinq ans, cinq mois et cinq jours. Si l’on était parieur, on parierait sur le cinq, n’est-ce pas ? (Rires.) Je me souviens qu’à cette époque, on jouait à la loterie : cinq, cinq et cinq. Almeida dit « monja », « monja » et « monja » (Rires). Le cinq équivaut à « monja », n’est-ce pas, Almeida ? Au bout de cinq ans, de cinq mois et de cinq jours après l’attaque de cette caserne, la Révolution triomphait et nous étions à Santiago de Cuba et cette caserne était entre nos mains avec toutes ses armes et toutes les armes de la province.

Dix-sept mille soldats étaient encerclés dans l’ancienne province d’Oriente ; l’île était divisée en deux par les forces du Che qui attaquaient Santa Clara et Camilo l’appuyait avec sa colonne (Applaudissements) ; l’île divisée en deux et 17 000 soldats environ – selon mes calculs, il faudrait les vérifier plus rigoureusement -, encerclés, et les rebelles avec des armes de guerre – je ne vais pas inclure celles prises les derniers jours -, au total 3 000 environ. Il y avait des fusils, des revolvers, de tout ; il s’agit, je le répète, d’une donnée qui pourra être vérifiée seulement par les historiens. Lors de la grande offensive, la dernière de Batista, nous comptions moins de 300 hommes, à peine 200 hommes.

Il a fallu, compte tenu du fait que l’attaque était concentrée contre le Front no 1 – siège de Radio Rebelde, déjà une institution fondamentale, des hôpitaux, des usines de mines, etc – chercher des renforts. Almeida et Guillermo étaient tout près de Santiago de Cuba ; le Che, lui, était à l’école de recrues où il y avait des centaines de jeunes – sans armes – qui s’entraînaient sous le bombardement presque quotidien de l’aviation. Il a fallu aussi faire venir Camilo, qui luttait sur la plaine, pour lutter contre cette offensive. Compte tenu de l’énorme distance et du rôle qu’elles jouaient déjà dans la stratégie révolutionnaire, les seules troupes qui n’ont pas été mobilisées vers la Sierra Maestra ont été celles du Deuxième Front dirigées par le compañero Raúl (Applaudissements).

Les combats ont duré 70 jours, à peine avec 300 hommes au total ; eux, ils ont avancé pendant 35 jours ; nous aussi, nous avons avancé pendant 35 jours.
Nous étions 900 hommes à la fin de l’offensive ; nous avons fait des centaines de prisonniers et capturé plus de 500 armes ; avec 900 hommes ayant des armes de guerre, nous avons envahi le pays, nous avons envahi le territoire jusqu’au centre de l’île. Le Deuxième Front était déjà très puissant – nous avons envahi le reste de la province d’Oriente -, ce qui nous a permis d’envoyer deux colonnes puissantes avec d’excellents soldats et des chefs extraordinaires pour participer à l’invasion vers l’Occident : le Che, avec 140 hommes, si j’ai bonne mémoire, et Camilo avec 90 hommes, qui ont écrit l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire militaire de notre pays (Applaudissements) ; car traverser ces 400 kilomètres à travers ces plaines, parfois sans guides, après un cyclone, car l’arrivée d’un cyclone a coïncidé avec leur sortie et ils ont dû quand même traverser le fleuve Cauto débordé, marcher sur ces marécages et rizières et faire face à un ennemi qui ne cessait pas d’explorer, qui avait des avions, des chars, artillerie… Et, dans ces conditions, les deux colonnes sont arrivées au centre du pays.

En attendant leur arrivée, les colonnes envoyées aux actuelles provinces d’Oriente s’étaient consolidées ; une colonne avait été envoyée à Camagüey et on avait accumulé en très peu de temps beaucoup d’armes mais on ne disposait pas de chefs suffisants – certains d’entre eux étaient morts lors de l’offensive ; alors, un chef de Camagüey, avec peu d’expérience, à la tête d’une colonne non pas très nombreuse, n’accomplit pas un ordre ; il utilise des camions et tombe dans une embuscade qui a causé des dégâts sensibles à cette colonne. La contre-offensive démarre avec l’arrivée des forces du Che et de Camilo à Las Villas.

Je me souviens que nous sommes sortis de La Plata avec un peloton de 30 hommes et 1 000 recrues désarmées. On avait une telle habileté d’enlever des armes à l’armée de Batista – au début on ignorait cette tactique -, qu’en 40 jours on a réussi à armer les 1 000 hommes, et il y avait encore des armes disponibles. Rien qu’à Palma Soriano, 350 armes ont été occupées.
Une fois réunis les fronts d’Almeida, les différents fronts et les troupes, on préparait déjà l’attaque de la ville ; on savait parfaitement ce qu’il fallait faire et la durée des combats. A El Caney, à Boniato, à l’aéroport et à la colline de Quintero, on pensait appliquer la même recette que celle mise en pratique à El Jigüe, mais cette fois-ci dans la ville : encercler les bataillons et lutter contre les renforts.

À El Jigüe, nous avons commencé le combat avec 120 hommes, alors que 1 200 hommes participeraient à celui de Santiago de Cuba, autrement dit 300 hommes pour chaque bataillon. On n’avait jamais réuni tant de gens pour régler les comptes à l’un de ces bataillons dont le moral était assez bas.
Je m’excuse d’avoir présenté ce panorama historique, et de vous avoir donné une série de détails, pour expliquer, à grands traits, les conceptions et les faits qui ont permis de remporter la victoire foudroyante, voire étincelante, de l’Armée rebelle (Applaudissements).

Le chef des troupes d’opérations ennemies à Oriente s’entretient avec moi le 29 décembre. Il arrive en hélicoptère au site fixé et nous dit : « Hé bien, nous avons perdu la guerre, comment va-t-on la conclure ? Je lui propose de soulever la garnison de Santiago : « Rejoignez la Révolution, ce qui permettra peut-être de sauver quelques hommes » ; car nous avons rencontré quelques hommes de l’armée qui n’étaient pas des assassins, qui n’était pas des sbires, voire certains officiers d’académie, dont le meilleur exemple est le compañero Quevedo, aujourd’hui général de nos Forces armées révolutionnaires (Applaudissements), et qui était le chef de ce bataillon qui a lutté durement contre nous à El Jigüe.

On aurait pu sauver certains officiers ayant certaines qualités. Le chef des troupes ennemies est d’accord, mais il insiste sur le fait de se rendre à La Havane. Je lui dis : « Alors, vous insistez encore ? Je ne vous conseille pas de le faire, mais si vous insistez… » Il me dit que son frère, chef de régiment, était à Matanzas, et qu’il n’y avait donc pas de problèmes.
Nous lui avons imposé trois conditions : « En premier lieu, nous ne voulons pas un coup d’État dans la capitale. En deuxième lieu, nous refusons tout contact avec l’ambassade nord-américaine. En troisième lieu, il ne faut pas aider Batista à fuir. » Voilà les trois conditions. Il dit : « Pas de problème. » Je lui dit : « S’il n’est pas capturé et réussit à fuir, d’accord, qu’il s’en fuit, mais il ne faut pas aider Batista à fuir. »

Nous avons raconté tout ceci au début de la Révolution, mais je le répète parce qu’il y a beaucoup de gens nouveaux ici. L’homme se rend à La Havane et, entre-temps, nous attendons. Il devait censément soulever la garnison de la ville le 31 ; le deuxième chef était lui aussi d’accord. Les 29 et 30, aucune nouvelle. Des messages très bizarres commencent à arriver où l’on demande de la patience et où l’on dit que tout marche bien. Je leur dit alors que nous allions attaquer la ville. Je ne serait pas long. En fait, l’homme entre en contact avec l’ambassade, organise un coup d’État dans la capitale et quitte Batista à l’aéroport. Les trois choses absolument opposées à ce qu’on lui avait demandé : saut dans le vide.

Depuis Palma, toutes les colonnes reçoivent l’ordre de poursuivre la marche. Nous avons dit au Che et à Camilo : Poursuivez votre marche vers La Havane ; le Che vers la Cabaña, Camilo vers Columbia. J’étais sûr qu’à ce moment-là, les troupes démoralisées ne pouvaient opposer presque aucune résistance. Toutes les colonnes ont reçu l’ordre de poursuivre la marche, de ne pas cesser le feu nulle part ; nous avons communiqué à Santiago de Cuba que les troupes se dirigeaient vers la ville. A partir de ce même jour, l’armée toute entière était désarmée en moins de 72 heures. Nos compañeros du Mouvement et d’autres organisations révolutionnaires ont même pris les stations de police et contrôlé la capitale.

A notre arrivée à La Havane, dès le premier jour, la ville avait pris toutes les stations de police. Pour réaliser l’attaque prévue, nous avions déjà 100 armes qu’on avait transportées à travers la baie ; les soldats ennemis occupaient encore certains bâtiments, et sauf les quatre bataillons qu’on pensait encercler graduellement tout en livrant des batailles contres les renforts, on avait déjà envoyé des armes pour soulever la capitale au cinquième jour.
Les frégates ne pouvaient fuir et finalement ont conspiré aussi à nos côtés ; c’est ainsi que nous réussissons à remporter la victoire le Premier Janvier, début de l’année 1959 (Applaudissements).

Nous avons dit aux Santiagais depuis Palma : Cette fois-ci, les mambis pourront entrer dans la ville de Santiago de Cuba ! (Applaudissements.) A peine soixante et un ans s’étaient écoulées depuis cet affront, cette humiliation à nos chefs et à nos combattants de la guerre d’indépendance auxquels on leur a interdit d’entrer dans la ville.

Un ordre absolu régnait dans la ville. Quels seraient les prétextes pris par les voisins du Nord ? Ah !, que les Cubains exerceraient certainement leur vengeance, qu’ils provoqueraient des troubles. Un ordre absolu et total régnait dans la ville de Santiago de Cuba, pas une seule vengeance, pas un seul pillage, car nous avions dit au peuple : Que personne n’exerce sa vengeance, car il y aura de la justice, les coupables des crimes seront punis. Et notre ville a fait preuve de ce qu’est un peuple éduqué, un peuple qui avait déjà une conscience, et ce n’était que le début ; il était, pour ainsi dire, à la première page de l’apprentissage révolutionnaire. Mais ce peuple, au sein duquel il y avait nombre d’illettrés ou de semi-illettrés, auquel on avait raconté mille histoires dénaturées sur l’histoire de Cuba, à savoir, entre autres, que nous devions notre indépendance aux États-Unis, a été capable d’écrire des pages glorieuses.

Au triomphe de la Révolution, que fallait-il faire ? Mettre en pratique le programme de la Moncada. Que fallait-il faire ? La véritable Révolution.
La matérialisation des promesses faites au peuple allaient être, pour la première fois dans l’histoire de Cuba, mises à l’épreuve ; car, soixante ans durant, les promesses n’ont jamais été respectées. Le moment était venu de mettre en pratique ce programme pour lequel on avait mené des luttes ardues.
Je vous demande des excuses car je vais essayer en fait d’être bref. J’ai fait une sorte d’introduction, l’horloge va sonner encore – je crois que quelqu’un a arrêté l’horloge, et cela ne m’aide pas (Rires).
Je tiens à exprimer ici certaines idées, afin que ce quarante-cinquième anniversaire nous aide à réfléchir ; je dois inévitablement lire quelques choses, et je vais donc essayer d’être le plus bref possible, et d’ajouter quelques idées indispensables.

Le moment était venu, au triomphe de la Révolution, de mettre en pratique notre programme. Lors du procès à la suite de la Moncada, nous avons dit – et je vais vous lire quelques fragments essentiels – :
« Nous appelons peuple, lorsqu’il s’agit de lutte, les six cent mille Cubains sans travail, qui veulent gagner leur pain honnêtement (…) ; les cinq cent mille ouvriers agricoles qui habitent des baraques misérables, qui travaillent quatre mois par an, et connaissent ensuite la misère avec leurs enfants (…) ; les quatre cent mille travailleurs industriels et manoeuvres dont la retraite est compromise, dont on a arraché les conquêtes, dont les logements sont infâmes (…) ; les cent mille petits cultivateurs qui vivent et travaillent sur une terre qui ne leur appartient pas (…) ; les trente mille instituteurs et professeurs si dévoués, qui se sacrifient pour améliorer le sort des générations futures (…) ; les vingt mille petits commerçants écrasés de dettes, ruinés par la crise et sans cesse mis à contribution par une meute de fonctionnaires corrompus ; les dix mille jeunes intellectuels, médecins, ingénieurs, avocats, vétérinaires, pédagogues, dentistes – aujourd’hui stomatologistes -, pharmaciens, journalistes, peintres, sculpteurs, etc., qui achèvent leurs études, remplis d’espoir et prêts à lutter, et qui, une fois leurs diplômes obtenus, se trouvent dans une impasse, où toutes les portes leur sont fermées, où personne ne répond à leur appel » (…)
Comme on peut le constater, on ne fait pas allusion ici aux banquiers, aux propriétaires terriens, aux propriétaires immobiliers, aux grands commerçants, aux industriels, aux oligarques, aux bourgeois et aux exploiteurs de tout genre.
Je défie ceux qui parlent et disent des mensonges sur le programme initial de la Révolution, de chercher dans ce programme de la Moncada ou dans l’Histoire m’acquittera une seule promesse adressée à ces messieurs qui pillaient et exploitaient ce pays.
L’Histoire m’acquittera dit encore : « Voici les six problèmes pour la solution desquels nous aurions pris des décisions immédiates (…) : la terre, l’industrialisation, la construction, le chômage, l’éducation et la santé ».
On peut y lire plus loin : « Un gouvernement révolutionnaire bénéficiant de l’appui du peuple et du respect de la nation, après avoir débarrassé les institutions des fonctionnaires vénaux et corrompus, entreprendrait aussitôt l’industrialisation du pays en mobilisant, par l’intermédiaire de la Banque nationale et de la Banque pour l’agriculture et l’industrie, tous les capitaux inactifs qui s’élèvent actuellement à plus d’un milliard et demi, et ferait en sorte que les travaux d’étude, de direction, de planification et de réalisation de cette tâche grandiose soient confiés à des techniciens et à des hommes dont la compétence en la matière serait absolue, à des hommes tout à fait étrangers aux intrigues de la politique. »
Cela s’est passé il y a quarante-cinq ans et l’on parlait alors de l’argent encaissé par les banques. Nous avons pensé alors : Cet argent ne peut sortir d’ici ; cet argent doit être investi ici.
« Un gouvernement révolutionnaire, après avoir distribué à cent mille petits fermiers les terres dont ils étaient les locataires, s’attaquerait ensuite au programme agraire, établissant, selon la Constitution, l’extension maximum à attribuer à chaque type d’entreprise agricole, expropriant, récupérant les terres volées à l’Etat, asséchant les marais, plantant de grandes pépinières et reboisant les forêts. Un gouvernement révolutionnaire envisagerait plus tard de distribuer le restant des terres aux familles paysannes, donnant priorité à celles qui sont plus nombreuses ; il organiserait ensuite des coopératives agricoles (…) » – à cette époque-là, on parlait déjà des coopératives agricoles – « et d’élevage sous la direction commune d’un groupe de techniciens et d’experts. Ces coopératives offriraient l’avantage de l’utilisation en commun des machines agricoles trop coûteuses et des chambres froides. Nous nous proposions enfin d’offrir aux paysans toute l’aide morale et matérielle nécessaire.
« Un gouvernement révolutionnaire résoudrait le problème du logement, en réduisant les loyers de moitié, en exemptant de tout impôt les maisons habitées par leurs propriétaires, en triplant les taxes locatives, en démolissant les taudis misérables et en bâtissant à leur place des immeubles modernes à plusieurs étages, en finançant un grand plan de construction dans toute l’île pour qu’à la campagne chaque famille possède son lopin de terre et qu’à la ville chaque famille possède une maison ou un appartement. Il y a suffisamment de pierres et de bras à Cuba pour que chaque famille ait une maison décente. Les veaux d’or ne peuvent pas réaliser des miracles de cette sorte, et si nous leur faisons confiance, mille ans passeront et les problèmes seront toujours là. »
Savez-vous qu’est-ce que le veau d’or ?, une phrase biblique, l’une des phrases que j’ai lues. Le veau d’or représente le capitalisme, et voilà ce que je voulais dire ; à bon entendeur, salut : la fameuse économie de marché. Les veaux d’or ne peuvent pas réaliser des miracles de cette sorte, et si nous leur faisons confiance, mille ans passeront et les problèmes seront toujours là.
« Par ailleurs – écoutez ceci – nous avons aujourd’hui plus de possibilités que jamais d’électrifier les coins les plus reculés de notre île, grâce à l’utilisation de l’énergie atomique dans cette branche de l’industrie, ce qui minorera son coût de production » – les cours du pétrole n’avaient pas encore monté en flèche et l’on parlait déjà de l’énergie atomique.
En fait, la période spéciale nous surprend lorsque nous étions sur le point d’achever le premier réacteur nucléaire des quatre réacteurs prévus à Cienfuegos ; on envisageait déjà aussi l’idée, les plans et l’emplacement de la deuxième station nucléaire qui serait située au nord d’Oriente. Cette station n’a pu être achevée – nous savons tous ce qui s’est passé -, et il a fallu donc travailler seulement avec les centrales thermiques dont disposait le pays ; cependant, le programme d’électricité a été respecté, car, en réalité, environ 95% de la population a actuellement accès aux services d’électricité. Avec ou sans pannes d’électricité, pour des raisons bien connues, 95% de la population a accès aux services d’électricité (Applaudissements) ; et ce sans un seul réacteur nucléaire, ce qui nous a obligé à faire appel à de nouvelles sources d’énergie, comme le gaz – on en a parlé ici à l’Assemblée nationale -, et à moderniser, à trouver d’autres formules, quelques associations, afin d’assurer dans les années à venir les capacités de production d’électricité, non seulement pour satisfaire les besoins de la population, mais encore pour favoriser le développement industriel du pays, le développement social, touristique, etc.
Nous avons ajouté : « Ces trois initiatives et réformes résoudraient automatiquement le problème du chômage, de même qu’elles faciliteraient largement la lutte contre les maladies. Enfin un gouvernement révolutionnaire effectuerait la réforme intégrale de notre système d’enseignement, l’intégrant aux efforts mentionnés plus haut, afin de préparer convenablement les générations appelées à vivre dans un pays plus heureux. Il ne faut pas oublier les paroles de l’Apôtre : ‘On est en train de commettre une très grave erreur en Amérique latine : dans des pays qui subsistent uniquement grâce à leur production agricole, on élève les enfants pour la vie urbaine et l’on ne les prépare pas du tout pour la vie rurale.’ ‘Le peuple le plus heureux est celui dont les enfants ont été le mieux élevés ; celui qui a le mieux formé leurs pensées et leurs sentiments.’ ‘Un peuple instruit sera toujours fort et libre’. »
On peut parler à un peuple instruit comme nous vous parlons aujourd’hui ici (Applaudissements).
On ne peut parler aujourd’hui de 10 000 professionnels universitaires, car aujourd’hui il y en a plus de 500 000 (Applaudissements), autrement dit cinquante fois le chiffre y mentionné ; on ne peut parler de 30 000 instituteurs et professeurs, car aujourd’hui il y en a plus de 250 000 (Applaudissements) ; on ne peut parler de 5 000 médecins – c’étaient là les estimations, dont un bon nombre sans travail -, car aujourd’hui il y en a plus de 60 000 (Applaudissements) ; on ne peut parler de millions de citoyens qui paient le loyer, car 85% de la population, le taux le plus élevé dans le monde, est propriétaire des maisons (Applaudissements). J’ai déjà avancé, en ce qui concerne l’électricité, le pourcentage de la population qui a accès à ces services, ne serait-ce que par une mini centrale hydro-électrique, par une station ou par les lignes de transmission. Il y a des zones paysannes dans nos montagnes qui ne connaissent pas les pannes d’électricité, car des mini centrales hydro-électriques y sont installées ; et leur construction se poursuivra là où cela s’avérera nécessaire afin de mieux exploiter les ressources.
Quelle montagne de notre pays disposait ne serait-ce que d’une seule centrale hydro-électrique, laquelle ?
En dépit d’énormes difficultés de la période spéciale, Cuba compte un instituteur pour 42 habitants – la population cubaine d’hier, dont 30% était illettrée et dont 50 ou 60% était semi-illettrée, car personne n’est alphabétisée à la deuxième ou à la troisième année du primaire. Autrement dit, le pays compte le taux d’instituteurs et professeurs le plus élevé dans le monde entier (Applaudissements). Il faut vraiment se féliciter de pouvoir affirmer ceci à ce quarante-cinquième anniversaire. Et cet acquis a été remporté il y a très longtemps ; aujourd’hui, il ne faut que le perfectionner pour être toujours plus instruits, comme l’a dit Martí, plus cultivés et mieux préparés pour maîtriser les sentiments.
Je répète : Le peuple le plus heureux est celui dont les enfants ont été le mieux élevés ; celui qui a le mieux formé leurs pensées et leurs sentiments. Un peuple instruit sera toujours fort et libre. Merci, maître, auteur intellectuel de la Moncada, de nous avoir inculqué ces idées ! (Applaudissements.) Un peuple illettré ne saurait être ni fort ni libre, et voilà ce qu’on voit partout. Aujourd’hui, quarante-cinq ans après ce noble effort, nous pouvons dire : Maître, nous avons tenu parole !
74% des instituteurs sont diplômés universitaires ou suivent des cours pour y parvenir et 94,6% des professeurs de l’enseignement secondaire sont des professionnels universitaires.
98% de la population de zéro à cinq ans participe au programme Eduque à ton enfant ; 17% est dans les crèches, soit 151 145 ; 70% par des voies non formelles et le restant au pré-scolaire, soit 117 754 ; 96% des garçon et des filles de cinq ans font des études pré-scolaires. Fin 1997, la scolarisation de la population de 6 à 16 ans était de 94,2%, soit une croissance par rapport à celle de l’année scolaire 1994-1995 qui était de 91,5%. 88,8% de l’inscription pré-scolaire et primaire correspond à la journée de classe complète.
L’inscription d’élèves pensionnaires suivant des cours dans des établissements scolaires du ministère de l’Education s’est montée à 277 900 élèves dans l’année scolaire 1997-1998. 657 800 demi-pensionnaires ont participé aux activités organisées par les provinces, au milieu de pénuries, de limitations et de difficultés économiques que nous connaissons très bien.
L’inscription dans les montagnes se monte à 152 700 élèves, dans les montagnes ! ; 2 400 écoles comptent 12 600 instituteurs et professeurs, autrement dit un sur onze élèves, dont 2 600 sont membres de groupements, détachements et brigades de montagnes. Dans le territoire du Plan Turquino, plus de 95% de la population de zéro à cinq ans est scolarisée.
L’éducation spéciale – modalité qui n’existait pas dans le pays, à laquelle on ne fait même pas mention lors de la Moncada – dispose de 425 institutions et plus de 13 500 enseignants.
La non désertion scolaire a connu un développement graduel depuis l’année scolaire 1991-1992 pour atteindre aujourd’hui le taux de 99%.
La poursuite d’études à l’enseignement secondaire du premier cycle de la part des élèves ayant reçu le certificat d’études a connu une reprise graduelle depuis l’année scolaire 1993-1994 pour atteindre 99,8%.
Quant à la poursuite d’études des diplômés de l’enseignement secondaire du premier cycle, on a réussi à inverser la chute des premières années de la période spéciale pour atteindre 98,2% pendant l’année scolaire 1997-1998.
Evidemment, l’analphabétisme n’existe pas, car la Révolution a réussi à l’éradiquer en une seule année, cas aussi unique dans l’histoire de l’éducation dans n’importe quel pays du monde. Bien entendu, nous avons ensuite mis au point des plans de suivi pour éradiquer le semi-analphabétisme.
Le réseau d’institutions d’enseignement supérieur dénombre 15 universités rattachées au ministère de l’Enseignement supérieur, 15 instituts supérieurs pédagogiques, 5 instituts supérieurs des sciences médicales et 9 facultés indépendantes, 8 centres d’enseignement militaire, l’école supérieure du PCC et autres 5 instituts rattachés au même nombre d’organismes, soit au total 57 institutions d’enseignement supérieur. Cinquante-sept ! Inscription totale : 126 000 élèves ; 73 148 dans les cours diurnes et 15 698 dans le cadre de l’enseignement à distance. Cela concerne l’enseignement supérieur auquel je devais forcément faire allusion (Applaudissements).
Je vais vous apporter les données essentielles concernant la santé : en 1977, la mortalité infantile a été de l’ordre de 7,2 décès pour mille naissances vivantes. Vous maîtrisez cet indicateur mais il était bon de le rappeler et de penser au taux de mortalité infantile au moment où nous essayons de prendre cette forteresse.
Mortalité maternelle : 2,2 décès pour 10 000. Le taux de faible poids à la naissance est de 6% contre 7,3% en 1997. 98,8% des enfants de moins de deux ans sont immunisés contre 10 maladies. Aucun pays au monde ne compte un programme de protection semblable, et ce malgré nos difficultés. Plus de 80% de la mortalité générale répond à des maladies chroniques non transmissibles et le taux continue de diminuer.
Tous les indicateurs concernant les maladies transmissibles diminuent, exception faite du sida, bien que celui-ci soit limité au minimum. Notre pays pourrait être considéré un champion olympique dans cette lutte. En plus de maladies déjà éradiquées, le tétanos de l’adulte enregistre les taux les plus bas de notre histoire – un fléau qui faisait beaucoup de morts parmi les enfants et la population en général -, la syphilis congénitale, la méningite cérébro-spinale, la méningite virale et bactérienne, la fièvre typhoïde. On n’a enregistré aucun cas de rubéole ou d’oreillons, autrement dit de parotidite selon les médecins.
Le réseau d’établissements de santé au niveau national et local est distribué comme suit : 280 hôpitaux ; 442 polycliniques ; 168 cliniques stomatologiques ; 33 instituts et facultés de sciences médicales ; 26 banques de sang qui analysent le sang de donations – personne ne doit payer ce sang, car il est le fruit de la solidarité et de la volonté de la population - ; 219 foyers maternels ; 196 foyers du troisième âge, chiffre qui est malheureusement insuffisant.
Les hôpitaux peuvent être classés comme suit : 83 hôpitaux généraux, 31 clinico-chirurgicaux, 26 pédiatriques, 18 de gynécologie et obstétrique, 16 maternités, 64 ruraux et 42 spécialisés.
Lits d’hôpital : 80 528, soit 7,3 lits pour 1 000 habitants, dont la plupart, 66 263, consacrés aux soins de santé.
Nous comptons 89 unités de soins intensifs : 53 pour adultes et 36 pour enfants.
Ressources humaines consacrées au domaine de la santé : 338 983 personnes.
Total de médecins : 63 384. Nous nous hissons à ce sujet aussi au premier rang parmi les pays développés et sous-développés de la planète.
Nous avions parlé du programme d’industrialisation.
Les capacités de production d’énergie électrique se sont multipliées par dix ; au triomphe de la Révolution, elles n’étaient que de l’ordre de 300 000 kilowatts et, actuellement, elles atteignent près de trois millions. Bien entendu, nous rencontrons des difficultés en matière de carburants et des retards en ce qui concerne la maintenance, mais les capacités sont là, elles font l’objet des travaux de récupération et d’élargissement et elles sont dix fois supérieures à celles trouvées par la Révolution.
La production d’acier, machines, matériaux de construction, aliments, produits textiles et autres s’est développée à un rythme accéléré. Elle se heurte à l’heure actuelle à nombre d’obstacles externes, que vous connaissez tous et que je ne vais pas répéter ici. Il suffit seulement de rappeler le blocus de plus en plus impitoyable et la disparition du camp socialiste et de l’URSS.
La construction de chemins, routes, retenues d’eau, canaux, systèmes d’irrigation, engins agricoles et équipements de construction a atteint des niveaux sans précédent.
Tous les citoyens – et vous ne devez pas oublier les caisses d’assurances détournées – bénéficient de l’assurance sociale, soit au total environ un million et demi. En 1977, le taux était d’un pensionné sur 2,4 travailleurs actifs. En 1998, il est prévu d’investir plus de 1,7 milliard de pesos dans le secteur. En pleine période spéciale, les frais se montent à plus de 500 millions de pesos.
Voilà la façon d’agir et les efforts déployés par la Révolution. C’est ainsi qu’on honore le programme de la Moncada ! (Applaudissements).
Aujourd’hui, nous défendons héroïquement l’indépendance du pays, sa dignité, son honneur et les conquêtes remportées.
Je dois signaler que je me suis limité à vous offrir quelques données et indicateurs. Je suis conscient, comme vous, des énormes limitations auxquelles nous sommes confrontés, de la nécessité de mieux utiliser les ressources et d’améliorer le travail humain, ainsi que des facteurs subjectifs, car à un moment donné un tranquillisant peut faire défaut, mais il n’y a rien de plus tranquillisant parfois qu’une tape sur l’épaule, pleine d’amour, d’affection et de considération (Applaudissements).
Quels autres sujets pourrait-on aborder ? Les vices, les injustices éliminés par notre société : les inégalités, la discrimination en raison de la race ou du sexe qui blessait tellement des millions de nos compatriotes jour après jour, exercée par ceux qui se considéraient supérieurs du point de vue racial et vous savez que ces préjugés ne sont pas nés à Cuba mais qu’ils ont été importés.
Nous sommes un peuple mélangé, un peuple hybride, un peuple métis. Ces prétentions de clubs pour Blancs, d’écoles pour Blancs, des plages pour Blancs et de choses pareilles (quelqu’un du public crie : « Dieu nous en garde ! »). Voilà, Dieu nous en garde ! (Applaudissements), car cela a été importé conjointement avec les interventions et la néo-colonisation de notre pays.
Les femmes constituent aujourd’hui plus de 60% de la force technique (Applaudissements). Je voudrais savoir si c’est le cas d’autres pays, et ce en dépit de notre condition de pays pauvre, soumis à un blocus, mieux à un double blocus, victime d’une guerre économique qui dure déjà plusieurs dizaines d’années.
Quels auraient été nos acquis si l’on nous avait permis de travailler en paix, si l’on nous avait permis d’exercer notre droit de choisir librement le système politique, social et économique ?
Si nous avons déjà souffert dans notre chair toute cette cochonnerie dont on parlait à la suite de ce 26 juillet, il y a 45 ans, pourquoi devons-nous y revenir et qui peut nous obliger à y revenir ? (On entend dire du public : « Personne ! » et « A bas l’impérialisme ! ») (Applaudissements).
Quel est le prix qu’il a fallu payer ? A un prix très élevé, au prix d’un blocus et d’une guerre économique qui durent déjà plus de 35 ans, au prix d’agressions, de guerre sale, de sabotages, de bandes contre-révolutionnaires, d’invasions mercenaires dignes de figurer dans n’importe quel texte de l’école « Ñico López », du Parti, pour rappeler la quantité de propriétaires fonciers faisant partie de cette invasion, la quantité de sbires de l’époque de la tyrannie, la quantité d’oligarques et de bourgeois. Pouvez-vous imaginer ne serait-ce que par une seconde cette contre-révolution triomphante ?
Qu’est-ce qui s’est passé au Guatemala, chers compatriotes de Santiago de Cuba et du pays tout entier ? Qu’est-ce qui s’est passé lorsque cette invasion mercenaire a triomphé ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Cela s’est passé en 1954, après la Moncada, alors que nous étions emprisonnés. Seulement parce qu’ils avaient fait une réforme agraire pour aider les millions d’Indiens de ce pays, expulsés de leurs terres et réduits à la misère la plus absolue, qu’est-ce qui s’est passé ? 150 000 victimes, 150 000 morts, dont plus de 100 000 disparus.
Cette contre-révolution, qu’a-t-elle fait ? Qui a appuyé tous ces gouvernements qui ont fait disparaître tant de gens ? Evidemment, les défenseurs les plus acharnés de la démocratie et des droits de l’homme.
On ignore où se trouvent les disparus mais nous savons que les morts sont en terre, les morts qui n’ont pas disparu ; mais le monde est inondé de paroles, de clichés, de mensonges, de démagogies.
Qui sont les responsables de la disparition de 30 000 personnes en Argentine ? Qui a appuyé les responsables de leur disparition ? Qui sont les responsables des 3 000 disparus ou morts assassinés au Chili ? Qui sont les responsables des dizaines de milliers de personnes qui sont mortes en El Salvador ou au Nicaragua du fait de la guerre sale, des gouvernements répressifs ?
Qu’est-ce qui se serait passé ici si cette recette impérialiste triomphe, avec ces messieurs remplis de haine désireux de récupérer leurs terres, leurs affaires, leurs maisons, leurs privilèges ?
Un évêque guatémaltèque qui a publié il y quelques mois un rapport contenant toutes les données concernant les crimes commis au Guatemala, après les négociations de paix, a été brutalement assassiné avant 72 heures de la publication de ce rapport. On cherche encore les responsables de cette action ; soixante-douze heures avant la publication d’un rapport, et ce une fois signés les accords et les négociations de paix.
Quel aurait été l’avenir de notre peuple si cette contre-révolution triomphe ?
Combien de fils de notre peuple ont perdu leurs vies dans la lutte contre les bandits à l’Escambray et dans bien d’autres endroits ? Ils ont organisé des bandes dans toutes les anciennes provinces du pays, même dans la province de La Havane.
Par ailleurs, une guerre mondiale nucléaire a été sur le point d’éclater en octobre 1962. A cause de quoi ? Des plans reconnus aujourd’hui dans des documents récemment ressortis et publiés aux Etats-Unis qui cherchaient un prétexte pour envahir l’île après la défaite de Girón. Des attaques pirates, des actes terroristes et des plans permanents d’attentats ont eu lieu au cours des dizaines d’années.
Je crois que je détient le record douteusement stimulant d’avoir été la cible ou l’objectif d’attentats par rapport à tout autre homme politique dans le monde à n’importe quelle époque ; et comme ils n’ont pas y réussi, ils disent souvent que je suis malade ou mort.
Il y a quelques jours, j’ai dit à quelques journalistes : « Ecoutez, cela va créer un problème, car le jour où je serais mort personne ne va le croire » (Rires). Le prix payé a été très élevé, et je ne le dis pas pour moi – je vous assure vraiment que ça m’amuse, toutes ces nouvelles et ces plans -, mais je le dis pour expliquer que cela fait aussi partie de la lutte qu’il a fallu livrer, en particulier contre le blocus, la guerre économique, la tentative d’étouffer notre peuple, de mettre tous les jours sa volonté à l’épreuve, sa fermeté, son héroïsme.
On peut fournir des arguments qui sous-tendent toutes ces affirmations.
Il a quelques jours, aux Etats-Unis même, un journal connu – un journal qui jouit certainement d’une grande autorité aux Etats-Unis et dans le monde, qui publie des articles et émet des critères avec lesquels nous ne sommes pas toujours d’accord – a publié une information sensationnelle.
Nos journaux, qui n’ont pas participé à ce débat, se sont limités à faire une analyse objective de cette information et je crois qu’il serait utile de réfléchir un peut sur ce point et de connaître ces informations. Cela ne veut pas dire que nous ignorons ces faits ; mais l’opinion publique nord-américaine doit être au courant de certaines activités, écoutez bien, de certaines activités réalisées contre notre pays, de certains crimes commis contre notre peuple.
Que dit le New York Times de l’un des terroristes contre-révolutionnaires les plus en vue engendrés par les Etats-Unis ? Je vais aborder seulement les aspects essentiels – je regarde l’horloge, il fait chaud, mais je crois que ces informations vont attirer votre attention.
Il dit – je répète, je ne vais exposer que les points essentiels que j’ai soulignés, car il s’agit d’un texte assez long et je veux lire textuellement les citations - : « Posada Carriles a été entraîné par la CIA pour mener la guerre de guérillas au cours des années 60.
« Posada a souligné que les attentats à la bombe dans les hôtels et les autres opérations avaient reçu le soutien des responsables de la Fondation nationale cubano-américaine. Son fondateur et chef, Jorge Mas Canosa, décédé l’année dernière, a été accueilli à la Maison Blanche par les présidents Reagan, Bush et Clinton.
« Jouissant d’un un grand pouvoir aussi bien aux élections de la Floride qu’aux élections nationales et donateur de renom des campagnes, Mas Canosa a joué un rôle décisif pour convaincre Clinton de changer sa manière de penser et de suivre la voie d’imposer des sanctions et d’isoler le Cuba de Castro ». Il semble que Cuba appartient à Castro, autrement dit ce n’est pas le Cuba de 11 millions de compatriotes (Applaudissements).
« Jorge contrôlait tout » – Jorge est le nom familial de ce monsieur, Mas Canosa, il s’en est fallu de peu pour qu’on l’appelle Jorgito (Rires) -, a expliqué Posada.
« Au fil des années, Posada a calculé que Mas Canosa lui avait envoyé plus de 200 000 dollars. L’argent lui parvenait avec le message : Ceci est pour l’Eglise » – c’est le nom clé, n’allez pas croire que c’était pour aider une église quelconque, c’était pour réaliser des actes purement terroristes.
« Des exilés cubains à l’image de Posada avaient été recrutés ensuite par la CIA pour participer aux attentats contre la vie de Castro. Incarcéré pour un des attentats anti-cubains les plus honteux – une bombe avait été déposée dans un avion civil de Cubana en 1976 -, il devait s’échapper quelques années plus tard d’une prison du Venezuela et devenir une des pièces principales de la croisade anti-communiste de la Maison Blanche dans l’hémisphère occidental mené à l’initiative de Reagan : les activités clandestines du lieutenant colonel Oliver North pour fournir des armes aux contras du Nicaragua.
« Une partie des révélations qu’il a faites concernant son passé peut être vérifiée grâce à des documents récemment ressortis par le gouvernement, ainsi que dans des entretiens accordés par des ex membres de la Fondation et par des fonctionnaires des Etats-Unis. L’individu s’est mis à parler, faisant preuve d’une forte mégalomanie, et il a même jasé comme une pie. Je dois vous dire que nous savons beaucoup, beaucoup ce dont il a parlé, et plus encore.
Il a d’ailleurs affirmé – ceci est très important -, « que les autorités nord-américaines chargées de faire respecter la loi ont adopté une attitude d’abandon bénévole à son encontre pendant la plus grande partie de sa carrière. Elles l’ont laissé en liberté et en activité.
« La Fondation des exilés, créée en 1981, s’est efforcée de se présenter comme la voix responsable de la communauté des exilés cubains, qui se consacrait à affaiblir le régime de Castro par la voie politique et non par la force. Grâce à cette politique et aux millions versés pour les campagnes – il s’agit des campagnes électorales des Etats-Unis, la Fondation est devenue une des organisations ayant tissé les intrigues les plus effectives à Washington et l’architecte principal de la politique des Etats-Unis contre Cuba.
« La moindre preuve démontrant que la Fondation ou ses leaders distribuaient de l’argent aux républicains et aux démocrates et en même temps soutenaient les sabotages à la bombe, pourrait ôter toute crédibilité aux affirmations de légalité qu’avance le groupe. Ce type d’activité pourrait aussi violer la loi Logan, qui rend illégale toute conspiration visant à tuer, enlever, blesser des personnes, ou causer des dégâts ou des préjudices à la propriété d’un autre pays. Il existe une loi.
« Les commentaires de Posada suggèrent que la publicité faite par la Fondation concernant son opposition non violente à Castro, ne relevait que d’une fiction bien préparée. Lorsqu’on lui a demandé s’il fonctionnait comme l’aile militaire de l’aile politique de la Fondation, chose similaire à ce que fait l’armée républicaine irlandaise pour le Sinn Fein, il a répondu : ‘C’est plus ou moins ça’, puis il a ri. Je suppose que cette comparaison a certainement offensé les membres de l’armée républicaine irlandaise et ceux du Sinn Fein.
Cyniquement, ce type répond de la sorte lorsqu’on lui demande s’il était l’aile militaire de cette maffia, connue sous le nom de Fondation cubano-américaine.
Voyez :
« Dans les entretiens et dans son autobiographie – on a fait une autobiographie où l’on raconte quelques choses -, Posada a indiqué qu’il avait reçu le soutien financier de Mas Canosa et de Feliciano Foyo, trésorier du groupe, ainsi que d’Alberto Hernández, successeur de Mas Canosa à la présidence de la Fondation.
« Lorsque les bombes ont commencé à exploser l’année dernière dans les hôtels cubains, le gouvernement de ce pays – dit le journal – avait assuré que les attentats avaient été préparés et financés par des exilés qui opéraient à Miami. Ils appuyaient leurs affirmations sur l’enregistrement d’un film montrant un agent qui avouait avoir réalisé quelques-unes de ces actions.
« De son côté, il a déclaré au New York Times que les autorités nord-américaines n’avaient pas bougé le petit doigt pour l’interroger sur cette affaire. Il attribuait cette attitude à ses liens avec les agences nord-américaines et avec les organismes chargés de faire respecter la loi.
« Comme vous pouvez le constater, a-t-il indiqué, le FBI et la CIA ne me dérangent pas. Je suis neutre, mais à chaque fois que j’ai l’occasion de les aider, je le fais.
« Il a d’abord parlé des liens étroits qu’il a tissés avec les services secrets des Etats-Unis et de l’amitié qui le lie à deux officiers du FBI encore en activité, l’un d’entre eux occupe un poste important au bureau de Washington, a-t-il précisé.
« G.Robert Blakey, conseiller principal du Comité spécial sur les assassinats créé en 1978 par la Chambre des représentants, a souligné qu’il avait examiné des dossiers secrets du FBI concernant les Cubains anti-castristes depuis 1978 et qu’il avais vu que plus d’une fois le FBI avait fermé les yeux sur des possibles violations de la loi.
« Et il précisait : Je suis un vieux procureur fédéral, en lisant cela je me suis demandé pourquoi personne n’était accusé ». Voilà ce que dit un conseiller du Comité, car il y a eu des commissions qui ont fait des enquêtes, qui ont eu accès à certains documents.
« Posada a admis avec fierté avoir été l’auteur des attentats à la bombe perpétrés dans les hôtels l’année dernière. Et il a ajouté – écoutez – que les bombes étaient également destinées à ‘semer le doute dans l’esprit des étrangers en ce qui concerne la stabilité du régime. Il s’agissait de faire croire à Cuba qu’il disposait d’agents à sa solde au sein des forces armées et à stimuler l’opposition interne.
« En ce qui concerne la mort du touriste italien, Posada le tient pour ‘un incident fortuit’. Il a ajouté qu’il ‘avait la conscience tranquille’. Le quotidien le cite textuellement : ‘Je dors comme un bébé’. ‘Il est triste que quelqu’un soit mort, mais nous ne pouvons nous arrêter, a-t-il ajouté. ‘Cet Italien se trouvait assis là où il ne fallait pas au moment où il ne fallait pas’. Voyez quel cynisme.
« Les attentats contre les hôtels ont été organisés depuis le Salvador et le Guatemala, a déclaré Posada.
« Posada a signalé que Mas Canosa savait très bien qu’il était impliqué dans les sabotages à la bombe effectués dans les hôtels l’année dernière ; mais il y avait très longtemps les hommes étaient arrivés à un accord, a-t-il manifesté : n’entrer jamais dans les détails d’aucune opération à laquelle participait Posada. C’était comme ça. C’est pour l’église.
« Interrogé sur sa dernière visite aux Etats-Unis, il a répondu par un rire et une question posée par lui : officiellement ou extra-officiellement’ ? Un fonctionnaire du département d’Etat a affirmé que Posada s’était rendu à Miami en l’été de 1996.
L’information du New York Times continue :
« Guatemala : Pendant l’été de 1997 des bombes ont explosé dans certains des hôtels, restaurants et discothèques les plus à la mode à La Havane, à la suite desquelles un touriste étranger a trouvé la mort ; les bombes ont semé la confusion et l’embarras à Cuba. Ceci a été très surprenant et inexplicable.
« Dans son bureau, aux montagnes de l’Amérique centrale, un homme d’affaires d’origine cubaine, Antonio Jorge (Tony) Alvarez, résidant au Guatemala, était convaincu de connaître la réponse. Pendant presqu’un an il avait constaté avec inquiétude que deux de ses amis, qui agissaient en coordination avec un individu mistérieux aux cheveux blancs, à l’accent cubain et en possession de nombreux passeports, achetaient des explosifs et des détonateurs, et se félicitaient chaque fois qu’une bombe explosait à Cuba.
« Qui plus est, Alvarez a même entendu ces personnes parler de l’assassinat de Fidel Castro au cours de la conférence au sommet ibéro-américain organisée à île Margarita, Venezuela. Alarmé, il est allé voir les officiers de la sécurité guatémaltèque. Comme il n’avait pas reçu aucune réponse il avait alors adressé une lettre qui est tombée entre les mains des agents du service de renseignements vénézuéliens et des officiers du FBI des Etats-Unis.
« Les autorités vénézuéliennes ont réagi énergiquement dès qu’ils ont eu vent de l’information et ont procédé à des fouilles dans l’île où aurait lieu la réunion ; mais aux Etats-Unis, la lettre a éveillé ce qu’Alvarez a qualifié de ‘réponse d’une indifférence surprenante’. Si le FBI s’était entretenu avec Alvarez, les agents auraient écouté une histoire fort curieuse sur le bas monde anticastriste, ils auraient également pris connaissance des possibles liens entre les conspirateurs du Guatemala et les exilés cubains vivant à Union City, New Jersey, qui, d’après Alvarez, envoyaient de l’argent aux conspirateurs. Cette déclaration nous amène à nous demander si les lois étatsuniennes ont été violées dans les cas des sabotages aux hôtels cubains où un touriste italien a trouvé la mort et trois personnes ont été blessées.
« Mais Alvarez a dit que le FBI avait montré un manque de curiosité feinte sur les sabotages et sur Posada. Ce dernier a reconnu au cours d’une interview qu’il avait dirigé l’opération et qu’à sa connaissance le FBI n’était pas en train de mener des enquêtes sur lui.
« Posada a déclaré qu’il confiait que le FBI ne s’occupait pas d’analyser ses opérations au Guatemala, parce que ‘la première personne avec laquelle ils parleraient ce serait avec moi et personne ne m’a pas appelé’, en plus, ‘personne au bureau n’a pas essayé de s’entretenir avec mes collaborateurs, je l’aurait su’, a-t-il affirmé.
« Alvarez, par contre, est fâché de ses expériences en tant qu’indic et pense que Posada a, depuis bien longtemps, fourni des informations aux autorités américaines. ‘Je crois qu’il y a une intrigue entre Posada et le FBI’, a-t-il déclaré. ‘J’ai risqué ma vie et mes affaires et ils n’ont rien fait’. »
Il s’agit d’un dégourdi, qui s’est vraiment préoccupé et qui a raconté ce qu’il savait aux autorités, en risquant sa vie.
« D’après Alvarez, au début de l’an dernier, un jour où il était dans son bureau, Posada est venu et a remis une grande liasse de billets de 100 dollars à ses partenaires, qui achèteraient des détonateurs et des petites calculatrices à chronomètre comme celles utilisées dans les bombes. Ceci était fort suspect, a dit Alvarez, mais sa plus grande surprise a été lorsqu’il a trouvé des explosifs au placard d’un des bureaux. Il se souvient que dans un sac en plastique il y avait 23 tubes d’un matériel fabriqué par l’industrie militaire mexicaine, qu’on supposait les explosifs les plus modernes du monde.
« En août, dans l’apogée de la campagne d’explosions à Cuba, Tony Alvarez a intercepté un message électronique envoyé par Posada depuis El Salvador et signé par Solo. Le message disait : ‘S’il n’y a pas de publicité le travail est inutile, les journaux étatsuniens ne publient que des faits confirmés’. » Ceci, bien sûr, n’est pas une vérité absolue, loin de là, mais c’est ce qu’il a dit. « J’ai besoin de toutes les données sur la discothèque pour le confirmer » – il faisait référence à l’attentat terroriste qui avait eu lieu à la discothèque de l’hôtel Cohiba. « S’il n’y a pas de publicité, il n’y a pas de rémunération ».
« Alvarez a dit que ce message l’a tellement alarmé qu’il a écrit une lettre sur cette question horrible et qu’il l’a remise à l’intelligence du Guatemala. Alvarez se souvient également d’avoir entendu parler de plans pour réaliser des attentats contre Castro pendant sa visite au Guatemala, prévue pour décembre 1996, et pendant sa visite à l’île Margarita en novembre 1997. »
J’avais été invité à visiter le Guatemala et, en effet, j’ai visité Margarita il y a quelques mois, à l’occasion de la réunion du sommet ibéro-américain.
« Début novembre, Castro a participé à la réunion sans contretemps. Il a voyagé avec un convoi de trois avions. » Il faut un peu de désinformation, de temps à autre, n’est-ce pas ?, pour les confondre, car généralement nous conniassons tous les données, les détails et les plans. « Peu avant son arrivée, plus de 250 agents, vénézuéliens et colombiens, ont fouillé le luxueux hôtel Bonita, siège de la réunion, et le gouvernement a expulsé les exilés cubains qui étaient arrivés dans l’île avant le dirigeant cubain.
« Cependant, peu avant la réunion, une curieuse arrestation a eu lieu : quatre hommes qui voyageaient dans un yacht ont été arrêtés par les garde-côtes des Etats-Unis alors qu’ils quittaient Porto Rico ; tout de suite après, le leader du groupe, Angel Alfonso Alemán, d’Union City, a déclaré, selon des déclarations faites devant les tribunaux par des fonctionnaires fédéraux, qu’il s’agissait d’une mission destinée à assassiner Castro. »
Ceci a été connu du public ; alors que nous les inculpions et que nous dénoncions la Fondation et qu’ils le niaient, on a saisi à Porto Rico un yacht de la propriété d’un des chefs principaux – je ne sais pas si c’est le principal – de cette fameuse Fondation, avec deux fusils de pointe, calibre 50, semi-automatiques, viseur télescopique, rayon infrarouge, portée de 1 500 à 1 600 mètres, à même de perforer un char blindé à 400 mètres, de tirer sur un avion sur terre ou en train d’atterrir ou de décoller. Les garde-côtes capturent le yacht – ils ont peut-être pensé qu’il s’agissait de contrebande ou de drogues -, arrêtent l’équipage, le conduisent devant les autorités pertinentes à Porto Rico, et les mecs ont tout de suite avoué leurs plans. Ils avaient tranquillement quitté Miami, avec leurs fusils et toutes les conditions créées pour utiliser ces armes à l’île Margarita.
« Les fonctionnaires de la police nord-américaine » – ceci était un fait public, la nouvelle a été publiée non seulement par le New York Times, mais elle est parue dans toutes les dépêches de presse – « ont rapidement constaté que le yacht était enregistré à nom d’un membre du Conseil exécutif de la Fondation nationale cubano-américaine. En plus, selon un document de la court, une des armes qui étaient à bord appartenait au président du groupe de cette Fondation. Le procès a aussi conduit à Union City. Voyez donc comment s’enchaînent les faits.
L’information raconte l’histoire du personnage.
« Deux ans après l’invasion de la Baie des Cochons, finie par une défaite cuisante sur les plages cubaines, deux jeunes exilés cubains (Jorge Mas Canosa et Luis Posada Carriles) » – entre parenthèses pour que les lecteurs puissent comprendre, parce que ce n’est pas tout le monde qui est familiarisé avec ces personnages – « debout, l’un à côté de l’autre, sous le soleil printanier de Fort Benning, Georgie, s’entrenaîent en vue de leur prochain départ pour La Havane. C’était en 1963, moment de complots étatsuniens fébriles contre le gouvernement de Castro ; les deux hommes appartenaient au goupe d’exilés qui avait survécu à la grossière opération visant à renverser le dirigeant cubain et s’étaient inscrits à l’armée des Etats-Unis, confiant que le président Kennedy organiserait bientôt une autre attaque en vue d’effacer le communisme de l’hémisphère. »
En fait, Posada n’a pas été à Girón, il est resté là-bas en tant que membre d’une deuxième vague de mercenaires, et l’autre non plus, il faudrait le vérifier, mais pour une raison ou une autre il n’a pas débarqué à Girón.
« La CIA nous a tout enseigné – a dit Posada -, elle nous a enseigné le maniement des explosifs, les attentats, les sabotages. » Comme je vous ai déjà dit, je ne prends que l’essentiel.
« Les deux hommes ont quitté l’armée quand il a été évident que les Etats-Unis n’avaient pas l’intention d’envahir Cuba à nouveau. Ils se sont installés à Miami, épicentre des activités contre Castro. Tant que Mas Canosa se frayait une voie dans le monde des affaires, Posada tissait des liens étroits avec la CIA, qui utilisait Miami en tant que base des opérations contre Castro.
« C’étaient des temps confus, de conspirations et de complots, certains inconséquents, d’autres fort sérieux. La station de la CIA à Miami était l’une des plus grandes et ses officiers s’efforçaient d’attirer les Cubains opposés à Castro pour s’y inscrire.
« Les grandes figures du crime organisé de Miami, qui avaient eu de gros bénéfices lors du gouvernement de Batista, désiraient financer l’opposition cubaine ou bien utiliser les Cubains à leurs fins. Pendant les entretiens, Posada a fait une référence indirecte à cette période et a fourni encore moins de données sur son autobiographie de 1994. »
Et maintenant une autre chose. Il semble que les journalistes ont examiné les documents de certains archives. Le quotidien signale :
« Des documents récemment remis en circulation et mis à la disposition du New York Times par les archives de la sécurité nationale, un groupe de enquêtes à des fins non lucratives établi à Washington, expliquent pourquoi pendant une bonne partie de ce temps, la CIA dirigeait les activités de Posada et s’immisçait dans des questions aussi insignifiantes que l’achat d’une embarcation. Ces documents appartiennent aux voluminuex dossiers compilés par le Comité spécial sur les assassinats, créé en 1978 par la Chambre des représentants. Dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président Kennedy, on a permis aux enquêteurs, chargés d’examiner si les Cubains anti-castristes étaient en quelque sorte liés à l’assassinat de 1963, de lire et de faire des résumés d’un grand nombre de dépêches et des documents du gouvernement qui continuent d’être secrets.
On signale au début de l’article :
« Document récemment remis en circulation », et on souligne après qu’on a permis aux enquêteurs du Comité de la Chambre de lire et de faire des résumes d’un grand nombre de dépêches et de documents du gouvernement qui continuent d’être secrets. C’est-à-dire que ce comité a eu connaissance de documents qui viennent d’être remis en circulation et d’autres qui sont encore secrets. Mais le comité a fait des résumés, a pris des notes.
Et l’article continue :
« D’après ces résumés, Posada fournissait à la CIA et au FBI des informations précieuses sur les activités des exilés cubains à Miami. C’est la CIA qui a donné des instructions à Posada en vue de l’établissement d’un centre d’entraînement pour les opérations de guérilla contre Castro.
« A la fin des années 70, interviewé par les enquêteurs du Comité de la Chambre sur les assassinats, Posada a dit qu’il avait été entraîné comme officier opératif de la CIA aux cayes de la Floride et qu’il était bientôt devenu agent principal. Il a affirmé que son groupe anti-castriste avait travaillé directement avec la CIA et qu’il avait disposé d’armements, d’embarcations et d’un réseau de maisons de refuge.
« En même temps – ces données sont intéressantes pour en tirer des conclusions -, Posada parlait de ses relations avec Mas Canosa, décrit dans l’un des documents de la CIA comme un de ses grands amis. » C’est-à-dire que le soigné et immaculé directeur de la Fondation est décrit comme l’un de grands amis du fameux terroriste. « Tous les deux ont joué un rôle actif tout d’abord au sein du groupe RECE (Représentation cubaine en exile) et puis, de la grande alliance générale, connue par CORU (Commando des organisations révolutionnaires unies), qui ont mené à bien des actions violentes visant à renverser le gouvernement de Castro.
« Dans une série de dépêches de presse de juillet 1965 – ceci a été tiré des documents -, « on affirme que les deux hommes conspiraient pour attaquer les installations soviétiques et cubaines à l’étranger.
« Un des documents cite une déclaration de Posada selon laquelle Jorge Mas Canosa, membre du groupe RECE » – la Fondation n’existait pas encore – « avait payé 5 000 dollars à un assassin au titre d’une opération de destruction au Mexique, le document signale aussi que Posada lui-même avait des plans pour poser des mines magnétiques sur un bateau cubano-soviétique au port de Veracruz, et qu’il avait 10 livres de l’explosif C-4 et détonateurs.
« D’après d’autres documents » – c’est quelque chose qu’on connaît aux Etats-Unis car ces documents se trouvent entre les mains du gouvernement nord-américan – « Mas Canosa possédait 125 livres de Pentol, qui seraient posées comme charge dans les bateaux. Il avait proposé aux experts en démolitions de se rendre en Espagne et au Mexique, aux frais du RECE, et de placer lui-même les bombes dans des installations communistes de ces pays. » Ces documents définissent clairement les antécédents terroristes de Mas Canosa.
Selon les dépêches – mises en circulation ou encore secrètes -, « le 24 juillet, Posada avait fini deux bombes de 10 livres pour le RECE, travaillant directement avec Mas Canosa. A ce moment-là, les dépêches informaient mystérieusement que l’on avait instruit Posada de se retirer des activités.
« En 1967, la vie de Posada a changé de nouveau. Il a subitement quitté Miami pour rejoindre les services de renseignement vénézuéliens. C’est le début de ses années d’officier opératif pour le compte de toute une série de gouvernements latino-américains.
« Il a décroché la place de chef d’opérations des renseignements vénézuéliens grâce aux recommandations de la CIA et a été envoyé tout de suite après à éliminer les mouvements des guérillas de gauche que Castro soutenait au Venezuela.
« Je les ai persécutés farouchement – les guérilleros -, certains d’entre eux ont abandonné par la suite la lutte armée et sont maintenant des figures politiques au Venezuela. Beaucoup, beaucoup de personnes sont mortes », a-t-il déclaré.
« Posada a aussi organisé le voyage au Venezuela d’un vieil ami de ses jours à la CIA – Orlando Bosch – chargé d’organiser un sabotage contre le gouvernement de Castro. Bosch avait été condamné aux Etats-Unis suite à l’explosion d’une bombe dans un cargo polonais à destination de Cuba et avait préconisé le renversement violent de Castro.
« A l’époque, les relations de Posada avec les autorités étatsuniennes étaient en crise en raison d’un rapport des renseignements sur la possible participation de Posada à la contrebande de cocaïne colombienne à destination de Miami, via le Venezuela, ainsi qu’à la falsification de dollars au Venezuela. » Ils ont trouvé ceci sur les documents, c’est une communication de la CIA.
« D’après le rapport – dont un résumé se trouve aux archives des enquêteurs de la Chambre -, la CIA a décidé de ne pas accuser Posada de peur de compromettre les enquêtes en marche. » On ne sait pas de quelles enquêtes ils parlent, il s’agit probablement des enquêtes que le comité était en train de mener.
D’après la synopsis d’un autre rapport : « Posada a été interrogé et il n’a été trouvé coupable que de compter de mauvais amis. Les enquêteurs ont été persuadés de son refus du trafic de drogues », concluait le rapport.
« En février 1976, les officiers de l’agence ont décidé de rompre leurs relations avec Posada, c’est ce qu’on a décrit mystérieusement dans les documents comme des inquiétudes concernant des questions tributaires en suspens.
« Dans les mois suivants, Posada a passé des informations à l’agence. Il a informé que Bosch et un autre exilé cubain conspiraient contre le neveu du renversé président de gauche du Chili.
« En juin de cette année, Posada a appelé de nouveau la CIA pour l’informer des plans de l’exile de faire exploser l’avion de Cubana qui décollait du Panama.
« Quatre mois plus tard, le 6 octobre 1976, un avion de Cubana, avec soixante-treize personnes à bord, a explosé en l’air peu après avoir décollé de l’île de la Barbade. Parmi les morts se trouvaient les jeunes intégrants de l’équipe nationale d’escrime de Cuba.
« Le lendemain, la CIA a fait ce qu’elle a qualifié de ‘tentatives infructueuses’ de contacter Posada.
« L’explosion a changé dramatiquement le sort de Posada. Les enquêteurs vénézuéliens ont trouvé la bombe dans le compartiment des bagages de l’avion et ont identifié deux Vénézuéliens qui avaient expédié leurs bagages jusqu’à La Havane, mais qui étaient restés à la Barbade. Ces hommes avaient travaillé pour Posada, qui a été arrêté et accusé du sabotage. Bosch, qui avait aussi collaboré avec Posada pendant longtemps, a été également arrêté.
En fait, l’attitude des Caraïbéens, des autorités de la Barbade et de Trinité-et-Tobago ont rendu possible l’arrestation de ces individus. Alarcón s’y connaît bien, car à l’époque il a débattu le sujet aux Nations Unies.
« Un officier retraité de la CIA, qui connaissait bien le cas, a dit, lors d’une récente entretien, que Bosch et Posada étaient les principaux suspects, et a ajouté : ‘il n’y avait pas d’autres’.
« Posada a reconnu qu’il pourrait rester encore en prison au Venezuela si ses amis, notamment Mas Canosa, ne seraient pas venus le racheter ». Que les rapports entre ces deux personnages qui ont étudié ensemble à Fort Benning étaient drôles ! « Dans une déclaration sous serment, faite dans un procès civil, Ricardo Mas, le frère de Jorge Mas, fâché avec lui, a raconté la manière dont il avait voyagé au Panama en vue de chercher l’argent utilisé pour payer l’évasion de Posada.
« De 1972 à 1985, Ricardo Mas a été le contrôleur de la société Church and Tower, propriété de son frère. Il a affirmé que sous ordres de son frère il avait déposé un chèque dans un des comptes de la société panaméenne et avait rentré avec le numéraire. ‘Il m’a dit que je devais venir avec 50 000 dollars qui seraient utilisés pour faire sortir Luis Posada Carriles de prison, qu’il était mieux que Carriles fût en liberté, car il pouvait commencer à chanter’, a déclaré Ricardo Mas. ‘Je crois que l’homme est en train de se relâcher, il fallait le faire sortir de prison’.
« A l’aube du 18 août 1985, pendant un changement de garde, Posada, en veste noire, la tête cachée sous le capuchon, comme un moine, a traversé le patio de la prison. Il portait une bible, pour renforcer son image de prêtre, un sac avec de la nourriture et une lampe de poche. Après 15 jours à Caracas – a dit Posada – on l’a emmené à Aruba, à bord d’un crevettier. Il a volé ensuite, dans un avion privé, au Costa Rica et de là à El Salvador. » Voyez bien l’histoire, pour établir le lien entre les faits.
Je ne me suis pas tardé pour vous gêner, mais pour que vous et les autres aient des éléments de jugement nécessaires.
« Posada travaillait à nouveau pour le gouvernement nord-américain, cette fois-ci dans une opération secrète liée à la CIA et à l’attaché militaire en poste, mais dirigée par la Maison Blanche. »
Avez-vous suivi jusqu’ici le fil de la trame ou avez-vous des questions ? (Rires). Sinon, vous pouvez le lire calmement au journal, nous essayerons de vous le faire parvenir pour que vous puissiez connaître les voisins du Nord, leur politique, leurs tactiques et leurs méthodes.
Or, nous avons parlé de l’avion qui a fait explosion à la Barbade, une des blessures les plus profondes souffertes par notre pays, ce qui a été démontré lors de la cérémonie de deuil qui a rassemblé un million de personnes à la Place de la Révolution ; des enregistrements de la dernière minute, lorsque l’avion en flammes tombait et que les pilotes racontaient à la tour de contrôle ce qui se passait à bord. Après, il n’y a eu que quelques dépouilles mortelles récupérées au milieu des vagues.
Cette affaire était tellement scandaleuse, que le gouvernement vénézuélien a dû ouvrir un procès. Grâce à de pots-de-vin et à des sommes d’argent, les coupables, deux Vénézuéliens qui avaient placé les bombes et les deux auteurs intellectuels, ont été sur le point d’être acquittés et ils l’ont été. Comme les faits avaient été absolument prouvés, ils ont dû rouvrir le procès et c’est précisément à ce moment-là où qu’ils rachètent Posada de la manière dont nous avons déjà expliqué. Bosch est resté là-bas, et à la fin ils ont condamné les deux Vénézuéliens et acquitté Bosch, qui avait une cause en suspens aux Etats-Unis pour le sabotage du bateau polonais que je vous ai mentionné. Ils le reçoivent, font semblant de prendre quelques mesures, le placent sous contrôle et il reste là-bas, à Miami et continue de participer, d’une manière ou d’une autre, aux activités terroristes.
En raison de toutes ces données, j’ai eu l’idée de chercher le discours prononcé à la Place la Révolution lors de la cérémonie de deuil de ces victimes – par la plupart des Cubains, plus de cinquante, autour de cinquante-sept – dont l’équipe complète d’escrime qui avait remporté la totalité des médailles d’or, pratiquement des enfants, d’une brillante carrière sportive ; onze étudiants guyanais, quelques Coréens en visite, et le reste, des compatriotes.
Ici, parmi nous, se trouve le camarade Carlos Lage, qui aurait pu mourir dans cet avion, car il était au Panama et devait rentrer rapidement à Cuba. Il avait étudié la possibilité de prendre cet avion à la Barbade, il avait déjà demandé une place quand il a été informé qu’il y avait une autre variante : celle du Mexique, et que cette dernière était plus rapide, il a décidé alors de prendre cette voie. Vous voyez que la Révolution a été sur le point de perdre un cadre magnifique lors de cet attentat criminel. Je ne le savais pas, mais l’autre jour quand j’analysais ces documents, il m’a dit : J’aurais dû prendre cet avion. Je lui ai dit : raconte-moi ! Et maintenant je suis en train de vous le raconter.
Je ne vais pas vous lire le discours de la cérémonie de deuil pour les victimes, loin de là, mais des points essentiels pour pouvoir continuer l’histoire et en tirer les conclusions pertinentes. Qu’est-ce que nous avons dit ? Nous avons dit bien de choses. De même qu’à l’Histoire m’acquittera, où j’ai dit bien de choses, notamment à propos des mesures que nous devions prendre, de la situation des paysans, des ouvriers, du peuple pauvre, des maladies, que je n’ai pas mentionnées aujourd’hui, j’ai tout simplement cité les mesures essentielles que nous nous étions fixées. Sur la place de la Révolution, j’ai analysé toute une série de questions que je trouve, en les relisant, intéressantes. Ça fait vingt-deux ans, mais je vais reprendre seulement celles ayant à voir avec l’histoire publiée au New York Times.
Je disais : « Au début, nous n’étions pas tout à fait sûrs si la CIA avait organisé directement le sabotage ou si elle l’avait soigneusement préparé sous le couvert de ses organisations de contre-révolutionnaires cubains. « A présent, – disais-je alors – nous nous penchons décidément sur la première thèse. »
Au fils des ans – j’ajoute ceci -, à partir des informations que nous avons réunies, car il y a eu beaucoup de choses : livres, biographies, entretiens, gens qui se sont liés d’amitié avec ces individus en prison, des gens révolutionnaires qui ont gagné leur confiance et auxquels ils ont raconté pas mal de choses ; cet individu leur a même dit : « Oui, j’ai fait exploser l’avion, et alors ?. » Nous avons ainsi réuni beaucoup de données comme ce témoignage et bien d’autres. Une partie importante de l’information compilée a été publiée dans un livre : voilà pourquoi j’ai dit qu’à partir des informations que nous avons réunies et des documents ressortis par les Etats-Unis et d’autres moyens, nous avons réaffirmé cette conviction : Posada Carriles n’a jamais rompu ses relations avec la CIA. Même admettant l’affirmation du New York Times dans le sens qu’en février 1976 ces relations ont été temporairement rompues, Posada Carriles a lui même avoué, d’après cet organe de presse, qu’il avait avancé à la CIA au mois de juin les plans pour faire exploser l’avion de Cubana, ce qui a eu effectivement lieu quatre mois plus tard, comme j’ai déjà lu dans l’article du New York Times.
Même si l’on admet – nous ne l’admettons pas ! – que la CIA avait rompu ses relations avec cet individu, le fait que Posada Carriles ait avoué qu’il avait avancé à la CIA au mois de juin les plans pour faire exploser l’avion de Cubana, ce qui a eu effectivement lieu quatre mois plus tard, est très important. Ces contacts, se mantenaient-ils ou pas ? Ont-ils rompu ou pas ces relations en cette année de 1976, en février de cette année-là où a lieu précisément le sabotage de l’avion cubain ?
Il avoue qu’il informait la CIA. Quoi qu’il en soit et quelle que soit la théorie, et même en acceptant que la CIA avait rompu les relations avec lui en février, sans que cet individu eut laissé de leur informer systématiquement, y compris le plan pour faire exploser l’avion, la CIA n’a pas bougé le petit doigt pour prévenir, avertir ou même empêcher ce sabotage. Qui ment, la CIA ou Posada Carriles ? Ou bien la CIA avait la responsabilité car, à notre avis, les relations ne se sont jamais rompues – je dirais après pourquoi -, ou bien la CIA avait rompu les relations mais Posada Carriles, comme il est bien logique, la mantenait informée.
Les vies de ces soixante-treize personnes auraient pu être sauvées.
Que disions-nous alors ? « Le plus répugnant dans cette affaire, c’est l’utilisation de mercenaires qui sont capables pour de l’argent de faucher en quelques secondes les vies précieuses de soixante-treize personnes sans défense, avec lesquelles ils ont même voyagé quelques minutes auparavant. »
Et nous ajoutions : « Les auteurs de ces crimes agissent partout impunément ; ils sont dotés de ressources financières inépuisables ; ils utlisent des passeports des Etats-Unis en tant que citoyens naturalisés de ce pays ou des documents authentiques ou falsifiés de nombreux autres pays ; ils recourent à la terreur et au crime les plus sophistiqués.
« Qui, sinon la CIA – disais-je à l’époque -, grâce aux conditions de domination et d’impunité impérialistes en vigueur dans cet hémisphère, pourrait réaliser ces actions ? »
Et de continuer : « Au mois de juin dernier, un groupe d’organisations contre-révolutionnaires terroristes, toutes installées aux Etats-Unis (…) – formées en majorité d’individus ayant travaillé de longues années durant pour la CIA et entraînés par elle -, se sont réunies au Costa Rica » – je dois le souligner – « pour créer un prétendu Commando des organisations révolutionnaires unies. » Et je le souligne car depuis le Costa Rica se sont réalisées des attaques pirates contre notre pays ; ils avaient leurs bases là-bas, c’était le siège de la fondation de ce fameux CORU, dont faisait mention l’article du New York Times, ainsi que par d’autres choses qu’on pourrait informer à son moment.
Voyez comment apparaît le fameux CORU. Nous avions déjà dénoncé ces manœuvres et d’autres plans.
« Aux Etats-Unis » – disais-je alors – « ces groupes proclament ouvertement leurs crimes et annoncent de nouveaux actes de vandalisme.
« Voici un bilan » – disais-je à ce discours-là – « des actions terroristes menées contre Cuba, depuis que le gouvernement des Etats-Unis a lancé ses insolentes menaces contre notre pays :
« 6 avril 1976 : deux bateaux de pêche, ‘Ferro-119’ et ‘Ferro-123’, sont attaqués par des vedettes venues de la Floride. Un pêcheur, Bienvenido Mauriz, est assassiné, tandis que les embarcations sont gravement endommagées.
« 22 avril : une bombe est déposée dans l’ambassade cubaine au Portugal. Deux camarades sont tués et plusieurs autres grièvement blessés, le local étant totalement détruit.
« 5 juillet : la mission de Cuba auprès de l’ONU fait l’objet d’un attentat à l’explosif qui provoque de gros dégâts matériels.
« 9 juillet : une bombe explose dans le chariot à bagages du vol Cubana de Aviación, sur l’aéroport de Kingston (Jamaïque), quelque temps avant le chargement. » C’est-à-dire, que l’avion de Cubana du 9 juillet, qui allait transporter ces bagages n’a pas explosé en l’air par hasard.
« 10 juillet : à la Barbade, une bombe explose dans les locaux de la British West Indies qui représente les intérêts de Cubana de Aviación dans ce pays.
« 23 juillet : un technicien de l’Institut national de la pêche, Artagnán Díaz Díaz, est assassiné au cours d’une tentative de d’enlèvement du consul cubain à Mérida.
« 9 août : deux fonctionnaires de l’ambassade cubaine en Argentine sont enlevés. Depuis, on n’a plus eu aucune nouvelle d’eux.
« 18 août : une bombe explose dans les locaux de Cubana de Aviación à Panama, provoquant de graves dégâts.
« 6 octobre : un avion de Cubana de Aviación est détruit en plein vol avec soixante-treize personnes à bord.
Et j’ai continué : « Comme on peut le voir, en moins de deux mois, deux sabotages extrêmement graves ont été commis sur des lignes internationales contre des avions cubains remplis de passagers, l’un d’eux ayant des conséquences fatales.
« Derrière ces faits, se trouve la CIA. Et dans presque tous les cas, sans exception, les organisations terroristes installées aux Etats-Unis et y agissant impunément, fondamentalement les cinq qui forment le groupe dit CORU, en ont revendiqué la paternité. » Cette organisation, créée au Costa Rica, a revendiqué la paternité de toutes ces actions terroristes.
J’ai dit : « Et dans presque tous les cas, sans exception, les organisations terroristes (…), fondamentalement les cinq qui forment le groupe dit CORU, en ont revendiqué la paternité. »
Et j’ai dit également : « Même après que le Sénat nord-américain ait publiquement reconnu après enquête que la CIA avait tramé d’innombrables plans pour assassiner les dirigeants de la Révolution cubaine et qu’elle s’était attelée à cette tâche pendant de nombreuses années, le gouvernement des Etats-Unis n’a fourni absolument aucune explication de ces faits au gouvernement cubain, ni présenté d’excuses.
« Nous soupçonnons que le gouvernement des Etats-Unis n’a pas renoncé à ces procédés », disais-je il y a vingt-deux ans. « Le 9 octobre 1976, trois jours à peine après le criminel sabotage de la Barbade, nous avons intercepté un message envoyé par la CIA à l’un de ses agents à La Havane. Ce message, transmis depuis le siège central de la CIA à Langley (Virginie), dit textuellement, entre autres choses : ‘SVP informer première occasion toute donnée concernant assistance Fidel cérémonie premier anniversaire indépendance d’Angola le 11 novembre. Si oui, essayer de vérifier itinéraire complet visite Fidel autres pays même voyage’.
« Une autre instruction antérieure dit ainsi :
« Quelle est la réaction officielle et particulière devant attaques de bombes contre locaux cubains à l’étranger ? » Ce sont des questions adressées à son espion ou prétendu espion à Cuba. « Que fera-t-on pour les éviter et les prévenir ? Qui soupçonne-t-on comme responsable ? Y aura-t-il des représailles ? »
Je disais alors :
« Nous espérons que le gouvernement nord-américain n’aura pas l’impudence de nier la véracité de ces instructions transmises par le bureau central de la CIA et de bien d’autres qu’il a adressées à la même personne, en flagrant délit d’espionnage. Nous avons le code, le chiffre et toutes les preuves de l’authenticité de ces communications. Dans le cas présent, le prétendu agent de la CIA a, dès le premier instant et pendant dix ans, informé en détail le gouvernement cubain de tous ses contacts avec celle-ci, du matériel et des instructions reçus. La CIA supposait que l’agent était parvenu à placer, rien moins que dans le bureau du camarade Osmany Cienfuegos, secrétaire du Comité exécutif du Conseil des ministres, un micro-émetteur électronique moderne qu’elle lui avait remis. »
A cette occasion, nous avons été obligés de brûler, d’incinérer, réellement, un agent important, étant donné le sérieux du cas et étant donné le besoin de justifier nos soupçons sur la participation de la CIA à ces actions terroristes et aux plans d’attentats personnels contre moi. Nous avons brûlé un agent, ce qui ne peut pas être fait tous les jours ni toutes les heures, mais nous avions des choses à dire à cet égard. Et aujourd’hui, il est à nouveau utile de rappeler ces faits.
Je continuais dans ce même discours :
« D’où sa certitude de recevoir, suffisamment à l’avance, l’information pertinente concernant tout voyage du premier ministre de Cuba à l’étranger.
« Ceux qui pensent que la CIA s’est amendée en quoi que ce soit, parce que ses effroyables actions ont été dénoncées au sein même de la société nord-américaine, se trompent lourdement. Ses méthodes, au contraire, deviendront plus subtiles et plus perfides.
« Pourquoi la CIA souhaitait-elle connaître l’itinéraire exact d’un éventuel voyage du premier ministre en Angola et dans d’autres pays africains à l’occasion du 11 novembre ? Pourquoi souhaitait-t-elle connaître les mesures qui seraient adoptées pour éviter et prévenir les actions terroristes ? »
Voyez bien qu’à l’époque, il y a vingt-deux ans, nous disions ces mêmes choses. En fait, qu’est-ce que le New York Times a-t-il publié maintenant que nous n’ayons pas dénoncé ? Qu’y a-t-il de nouveau ? Oui, vingt-deux ans se sont écoulés et il y a des documents qui ne sont plus secrets ; certes, des comités du Congrès des Etats-Unis ont mené des enquêtes après ce discours. Ils fournissent des données, des informations qui ont été à leur portée. Mais depuis une date aussi lointaine, depuis ces vingt-deux ans, nous avions parlé de ces méthodes plus subtiles, plus perfides, comme nous l’avions dénoncé à cette occasion. Tout ceci est reflété dans l’information.
Il est possible que cet organe de presse ait plus de données ; mais ils ont une partie du film et nous en avons l’autre.
Une question : comment peut-on expliquer le fait que Posada Carriles, qui a été recruté et entraîné par la CIA, qui a fait de nombreuses actions terroristes contre Cuba, par des recommandations des Etats-Unis ait devenu chef des opérations de la DISIP, au Venezuela, en vue de persécuter et d’assassiner des révolutionnaires vénézuéliens ?
Comment peut-on expliquer qu’après avoir organisé le crime monstrueux de la Barbade, il ait pu s’évader de la prison avec de l’argent envoyé par la Fondation nationale cubano-américaine et que, quelques semaines plus tard, il soit arrivé à El Salvador pour rejoindre Oliver North, le fameux colonel assistant de Reagan et travailler, depuis Ilopango, dans une opération de la Maison Blanche pour fournir à la contre-révolution nicaraguayenne des armes provenant de ce qui a été par la suite le sensationnel scandale mondialement connu sous le nom d’Iran-contras ?
Par conséquent, comment peut-on expliquer que la CIA ait rompu ses relations avec Posada Carriles en février 1976, quelques mois avant qu’il fasse exploser en l’air l’avion de Cubana à la Barbade ?
Comment peut-on expliquer qu’il ait passé de longues années à organiser des attentats contre Castro et jusqu’à une date très récente, des sabotages à la bombe dans des hôtels de La Havane ? Qui pourra croire cela de l’homme qui, recommandé par la CIA, a été le chef d’opérations de la DISIP du Venezuela, dans la guerre contre la guérilla ; le meilleur de ses hommes, le plus assuré, qui a été arrêté par hasard lorsque les deux mercenaires vénézuéliens qui travaillaient pour lui n’avaient pu se sauver à cause des mesures prises par les autorités de la Barbade et de Trinité-et-Tobago. Et après, il s’évade de la prison et en quelques jours il travaille à nouveau dans une opération bien plus importante, secrète, sensible et compromettante, sous les ordres d’un colonel assistant du président des Etats-Unis, dirigé depuis la Maison Blanche.
C’est-à-dire, que quand Posada Carriles s’évade de la prison, moyennant les pots-de-vin et les méthodes connues, il est pratiquement promu à la catégorie de collaborateur du président des Etats-Unis. Avions-nous raison ou non quand nous prononcions le discours funèbre des victimes du sabotage de la Barbade ? Combien de choses il nous faut encore connaître, quand tous les documents ne soient plus secrets.
Combien d’années se sont écoulées depuis la mort de Kennedy ? Trente-cinq environ et les documents n’ont pas été rendus publics. Pourquoi ne sont-ils pas tous publiés ?
A notre avis : les plans d’attentats et les actions terroristes n’ont pas été arrêtés par les Etats-Unis à partir des dénonciations du comité du Sénat. Celui-ci a organisé un comité, a découvert, a constaté et a dénoncé certains attentats contre moi, qui ont été largement publiés. Et ce comité n’a pu enquêter et constater qu’une partie des plans d’attentats. Evidemment, lorsque Cuba le dénonçait, ceci n’avait pas d’importance, mais quand un comité du Sénat le dénonce, on le considère une vérité évidente, admise, etc. Mais le temps nous a toujours donné la raison.
Comment pouvaient-ils réaliser ses opérations sans la complicité, la tolérance et le soutien des autorités nord-américaines ? Tout ce qui Posada Carriles a fait, en organisant des plans d’attentats jusqu’à une date très récente, et qui continue de les organiser … je me limite à dire cela, simplement. Comment peuvent-ils organiser tous ces plans d’attentats et de terrorisme sans la complicité, la tolérance et le soutien des autorités nord-américaines ? Je peux même limiter un peu plus l’affirmation et dire « d’autorités nord-américaines » au lieu de dire « des autorités nord-américaines ».
Par conséquent, et à partir de tous ces éléments que je vous ai exposés, nous considérons que les Etats-Unis ont été les coupables du sabotage de l’avion de Cubana à la Barbade qui a coûté la vie à soixante-treize personnes. Les Etats-Unis sont coupables des bombes qui ont explosé aux hôtels de la capitale pour saboter le tourisme, pour porter préjudice à notre économie, car il ne leur suffit pas le blocus cruel et impitoyable contre notre pays. Les Etats-Unis sont coupables de nombreux plans d’attentats contre moi, dans ce cas-ci, ou contre tout dirigeant de la Révolution, perpétrés par ces individus, par cette maffia, par ces gangsters mercenaires payés par la Fondation nationale cubano-américaine, par action ou par omission. Evidemment, par tous les éléments de jugement que nous avons, les Etats-Unis sont coupables par action de nombre de ces crimes et attentats terroristes commis contre notre pays.
Mais je veux être franc, je veux être clair, je ne veux pas faire des imputations injustes, nous n’accusons pas le gouvernement actuel des Etats-Unis de ces faits. Sincèrement, nous ne croyons pas capable M. Clinton de donner l’ordre d’organiser des attentats contre des dirigeants politiques et des plans terroristes à l’encontre d’un autre pays. Il n’est pas réellement concevable à partir de l’idée, du concept, des rapports, de la perception que nous avons de lui. Et nous avons appris à connaître, au long des ces années, ceux qui dirigent ce pays. Réellement, si je le croyais, je le dirais ici, tranquillement. Je ne le crois pas.
Qu’est-ce que je pense ? Je connais les vertus et les défauts de M. Clinton. Je l’ai suivi de près, comme il est de notre devoir, à travers les nouvelles, les dépêches, les actions, etc. Je dois dire que Clinton s’est misérablement trompé. Ils lui ont présenté une Fondation prétendument pacifique et béate ; une Fondation, une institution terroriste, dirigée par un individu qui avait pratiqué le terrorisme directement pendant des années et qui a continué à le faire pendant de longues années à travers cette fondation.
Cette organisation terroriste s’est réunie – comme l’explique l’article dont je vous ai parlé tout à l’heure – avec Reagan, Bush et Clinton. Cette Fondation a supporté les frais des campagnes politiques d’un certain nombre de représentants et de quelques sénateurs pour constituer le groupe de pression moyennant lequel elle peut influencer sur la politique des Etats-Unis. Il s’agit d’une Fondation qui a exercé la terreur fasciste contre les Cubains de Miami. Oui, parce que pas tous les Cubains qui résident à Miami sont des contre-révolutionnaires ou soutiennent cette Fondation, loin de là. Mais ils vivent sous la terreur. Les membres de la Fondation sont les propriétaires de toutes les stations de radio, de télévision et occupent des postes à la mairie où ils ont détourné les fonds – un autre scandale rendu publique – et ils exercent une grande influence. S’ils ne veulent pas que quelqu’un trouve un emploi, il ne trouve pas d’emploi.
Des membres de la communauté cubaine de Miami nous ont visité. Ils se sont réunis à La Havane. Et il faut voir les mesures qui ont été prises contre certains d’entre eux, contre les professionnels, contre les personnes qui prônent la normalisation des relations, qui s’opposent au blocus : des groupes vont chez eux pour les harceler, pour les obliger à renoncer à leurs emplois, pour les obliger à renoncer à leurs clubs, même s’il s’agit des clubs sportifs et de loisirs. Les bandes arrivent, arrêtent leurs voitures et les ballotent avec toute la famille dedans. Ils diffament les gens, ils utilisent des méthodes psychologiques, la terreur physique et la terreur psychologique au sein de la communauté d’origine cubaine aux Etats-Unis.
Oui, au début, ceux qui sont partis pour les Etats-Unis ont été fondamentalement les voleurs, les sbires, le groupe de Batista, les propriétaires fonciers, les propriétaires de maisons et ceux qui ont été touchés par les lois révolutionnaires, mais ceux qui ont émigré par la suite l’ont fait pour des raisons économiques. J’ignore combien de millions de Mexicains, je crois que plus de 20 millions de descendants de Mexicains et plus de 10 millions, de 10 à 15 millions de Mexicains, nés au Mexique, qui ne sont pas considérés exilés ont émigré. Il y a plus d’un million de Dominicains dont une partie a traversé le Paso de la Mona vers Porto Rico et qui est finalement arrivée aux Etats-Unis. Ils ne sont pas des exilés dominicains, mais des émigrés dominicains. Pour tous c’est pareil. Ceux qui quittent Cuba pour des raisons familiales ou économiques, ne sont pas des émigrants, mais des exilés.
Tenant compte de la différence abyssale et injuste que l’ordre économique mondial a établi depuis le colonialisme jusqu’à nos jours et continue d’établir de plus en plus entre les pays riches et développés et les pays du tiers monde, les pressions exercées sur les citoyens de ce tiers monde en vue d’entrer dans les pays industrialisés, sont énormes.
Imaginez que les Etats-Unis avaient fait avec le Mexique ou avec le reste de l’Amérique latine ce qu’ils ont fait avec Cuba : tous ceux qui arrivaient aux Etats-Unis recevaient automatiquement leur carte de séjour malgré leur condition de délinquants, de fugitifs, de criminels… Aucun de ces individus n’a été expulsé, car ils avaient le droit d’y être. C’est le seul pays du monde dont les citoyens pouvaient arriver aux Etats-Unis et faire cela ! Carte de séjour automatique. Evidemment, ils devaient faire quelques déclarations contre le socialisme qui les avait appris à lire et à écrire et même un métier et beaucoup d’autres choses. Elles étaient la lettre de crédit pour obtenir un emploi, un travail ou autre chose.
Si les Etats-Unis avaient fait cela avec l’Amérique latine, aujourd’hui, presque 40 ans après le triomphe de la Révolution, plus de la moitié des citoyens de ce pays seraient des Latino-américains et, au lieu d’être des exilés, ils seraient des immigrants.
Il devient évident que tout en proclamant le libre transit de marchandises et de capitaux, ils serrent davantage la vis au libre transit de travailleurs et de personnes.
Ils veulent le Traité de libre-échange des Amériques, l’élimination des barrières douanières, le libre transit de marchandises et de capitaux, mais ils ne veulent aucunement appliquer le même principe aux travailleurs et aux êtres humains.
Afin de l’éviter, ils sont en train de construire une muraille de 3 000 kilomètres, cent fois plus grande que le mur de Berlin, dotée des mécanismes électroniques les plus modernes, des mesures exceptionnelles. Ils obligent les immigrants à traverser des rivières où ils se noyent, à traverser les déserts où ils meurent, à subir des accidents sur les routes et autoroutes à grande circulation quand ils essayent d’échapper à travers les voitures, et tous les mois nous recevons des nouvelles à propos du nombre d’immigrants latino-américains qui meurent en essayant de franchir la frontière. Ceux qui meurent chaque année sont plus nombreux – probablement, il faut préciser les calculs – que ceux qui sont morts pendant l’existence du mur de Berlin. Chaque année ! Et chaque année, plus de personnes vont mourir, en perdant la vie d’une façon ou d’une autre, à cause des pressions économiques.
Et pourquoi certains veulent y aller malgré l’accord migratoire qui existe entre les Etats-Unis et Cuba ? Ah ! Parce que l’accord établit que ceux qui seraient surpris en haute mer seront retournés, alors que ceux qui réussissent à échapper à la surveillance et mettre pied à terre aux Etats-Unis font l’objet d’une autre loi. Et ils sont toujours en guerre là-bas avec les gardes-côtes car l’accord reste en vigueur. Tout individu peut essayer la traversée autant de fois qu’il voudra, car ils ont établi ces privilèges contre la Révolution, même s’ils sont maintenant effrayés, pleins de xénophobie, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, parce qu’ils craignent la pression migratoire des peuples du tiers monde.
Imaginez qu’ils auraient accordé aux citoyens chinois les mêmes prérogatives qu’aux citoyens cubains.
Tenant compte de la différence entre les niveaux de revenus, de niveaux de vie, créés historiquement comme résultat du colonialisme, du néo-colonialisme et de l’exploitation impérialiste, des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions peut-être, voudraient se rendre aux pays industrialisés. L’Europe se trouve dans la même situation.
D’où la croissante xénophobie, d’où le croissant esprit fasciste, raciste. C’est la peur des immigrants du Sud. Tant que la population de ces pays moins développés continuera de se multiplier, cette tendance s’accroîtra.
C’est pourquoi ils construisent le célèbre mur que l’histoire va enregistrer car les Mexicains et les Latino-Américains continueront d’inventer des moyens pour aller aux Etats-Unis. Mais il ne s’agit pas de migrations politiques, mais des migrations économiques.
Réellement, il y a beaucoup de Cubains qui sont partis pour des raisons économiques. Il y en a certains qui sont émerveillés par les sociétés de consommation. Comme nous avons déjà expliqué, ce genre de sociétés se livrent à un gaspillage simplement insoutenable, et les pays du tiers monde vont rencontrer une résistance de plus en plus grande pour entrer dans ces pays développés.
Cependant, à Miami, ces groupes, la maffia terroriste et fasciste, s’imposent par la force. Et cette maffia a poussé Clinton à adopter la première loi Torricelli. Il n’était pas encore président qu’il était déjà embarqué dans le soutien à la loi Torricelli. Il a signé la loi que défendait la Fondation. L’article affirme que celle-ci a joué un rôle décisif en persuadant le président de suivre cette ligne.
A Miami, les provocations ont donné lieu à l’incident de l’avion malgré nos protestations réitérées et nos avertissements – qui se sont avérées inutiles – contre ces provocations pour signaler qu’elles allaient donner lieu à un incident.
La Fondation maintient certainement des relations très serrées avec les adversaires du gouvernement actuel – elle maintient de très bonnes relations et beaucoup de liens avec l’extrême droite républicaine – mais aussi avec les Démocrates. Comme elle a financé les campagnes des membres d’un parti ou de l’autre au Congrès, elle pense contrôler la majorité des voix d’origine cubaine à Miami et, comme la Floride est un état important au niveau des élections présidentielles, tous ces facteurs ont joué un rôle en faveur de la politique de la maffia. En réalité, ils n’ont fait que tromper Clinton.
La Fondation a financé pendant de longues années, les activités terroristes contre Cuba, les plans d’attentats et les bombes contre notre pays.
Il est vrai que Mas Canosa était un terroriste bien avant la création de cette Fondation. Il est vrai que Reagan a encouragé sa création et maintenant, nous allons voir comment ils peuvent prouver que nos imputations sont fausses.
Les lois des Etats-Unis – comme nous l’avons déjà dit – punissent ces activités. Les chefs d’une organisation terroriste qui finance des attentats personnels, des actes terroristes et paye des mercenaires pour placer des bombes dans notre pays se sont faufilés à la Maison Blanche pour voir Clinton.
Nous verrons bien s’ils peuvent le nier. Nous verrons s’ils peuvent nier que ce bateau qui allait faire l’attentat à l’île Margarita – capturé tout à fait par hasard et ayant navigué de Miami à Porto Rico – n’appartient pas à la Fondation et que les armes n’appartiennent pas à la Fondation. Nous verrons comment ils affronteront ce problème.
Les membres de la Fondation ont menacé de porter plainte contre le New York Times. Ils ne le feront pas, c’est presque sûr qu’ils ne le feront pas, parce que plus ils vont essayer de porter plainte contre le journal, plus ils vont se compliquer la vie. Ils ont mis en question la crédibilité du journal. Un journal qui se respecte n’admet pas qu’on le discrédite, un journal avec cette sorte d’expérience ne fait pas d’imputations graves s’il ne peut pas les prouver. Nous verrons maintenant s’il est vrai que la Fondation portera plainte contre le New York Times pour l’information donnée et ce qui va arriver parce que les données peuvent être plus ou moins précises, mais essentiellement la Fondation ne peut démentir aucune des imputations qui lui ont été faites. Il faudra encore éclaircir quelques concepts, quelques divergences peu importantes.
Cuba a décidé de ne pas intervenir, de ne donner même pas des opinions pendant que le débat se déroulait aux Etats-Unis. Nous avons seulement publié la nouvelle et informé le peuple.
Nous avons reçu suffisamment d’informations, nous disposons d’éléments suffisants pour nous former une opinion et il se peut que l’affaire du New York Times ne soit que la pointe de l’iceberg mais que, pour le gouvernement des Etats-Unis lui-même, sa position soit embarrassante parce que c’est la Fondation qui a promu et encouragé la loi Torricelli et la loi Helms-Burton avec lesquelles ce gouvernement a renforcé le blocus contre Cuba.
Nous avons connu la personnalité de certains dirigeants de ce pays. Historiquement, nous avons connu un Roosevelt qui, sans aucun doute, a été un homme d’Etat brillant qui défendait les intérêts de sa société capitaliste et les intérêts de l’empire. A cette époque-là, il y avait un autre empire très puissant, l’empire britannique, qui dominait l’Inde, qui dominait une bonne partie du monde et qui entravait le commerce nord-américain. Cette situation affligeait Roosevelt. Il était sans aucun doute un homme d’Etat brillant. Nous ne pouvons pas imaginer que Franklin Delano Roosevelt aurait pu préparer des plans terroristes, des attentats et des choses de ce genre.
Il y a eu un autre président, Jimmy Carter précisément, qui a créé la Section des intérêts des Etats-Unis à Cuba. Il possédait de toute évidence une éthique et il défendait le système capitaliste, l’impérialisme et tout ça, mais on se rendait compte qu’il était incapable de donner l’ordre pour assassiner qui que ce soit, pour commettre un attentat, des actes terroristes et des choses pareilles.
De même, j’assume la responsabilité – et je ne crois pas que l’histoire me démentira – de croire connaître la psychologie du président actuel, les soucis du personnage, ses vertus et ses défauts, je ne considère pas qu’il appartienne à la catégorie de politiciens sans scrupules qui ordonnent des choses de ce genre. Certainement il a été incontestablement trompé. Et ce que je peut dire est qu’il est le responsable principal pour ne pas avoir accordé attention aux nombreux avertissements et dénonciations que Cuba avait fait à propos de ces activités. Ces activités ont leur histoire, nous les suivons de près il y a longtemps pour défendre le pays de tels plans tout en perfectionnant véritablement la vigilance, la garde, les mesures destinées à empêcher leur réalisation.
Tous ces groupes de scélérats croient avoir le droit d’organiser une chasse à l’homme chaque fois que je quitte mon pays. Oui, même dans les prairies africaines on n’organise autant de parties de chasse comme celles organisées contre moi quand je fais un voyage pour honorer un engagement international. Et je n’arrêterai pas pour autant de voyager ! Je n’arrêterai pas pour autant d’honorer tous les engagements que j’ai à honorer ! Qu’ils le sachent, oui, qu’ils le sachent ! (Applaudissements).
Je me souviens de la visite que j’ai fait à Allende au Chili. J’ai été poursuivi à travers tout ce pays par des soi-disant journalistes qui avaient des passeports vénézuéliens, des caméras vénézuéliennes, des armes automatiques à l’intérieur des projecteurs de télévision. Ils ont été à quelques pas devant moi au cours d’une conférence de presse. Mais qu’est-ce qui leur est arrivé ? Ils n’étaient pas des fanatiques. Ils n’ont pas osé tirer parce qu’ils savaient qu’ils allaient mourir aussi et les mercenaires ne meurent pas, ce qu’ils veulent les mercenaires c’est de l’argent. Et les ennemis de la Révolution ont été fondamentalement des mercenaires qui veulent vivre pour tirer profit de la récompense qu’ils recevront pour avoir tué.
Ils ont essayé de frapper l’économie, comme ils peuvent et, chaque fois que je vais quelque part, ils sont toujours là avec leur plan, immédiatement organisé : si je vais a Cartagena, ils sont à Cartagena ; si je vais à l’île Margarita, ils sont à Margarita ; si je vais au Sommet de Portugal, ils sont au Sommet de Portugal. Des plans partout. Oui, je ne m’arrêterai pas. Je vais m’acquitter de mon devoir jusqu’au dernier jour et je vais affronter volontiers tous les risques.
J’ai passé ma vie à courir des risques – et je sais que la morale est très importante (Applaudissements)- bien avant le coup d’Etat du 10 mars, quand je luttait contre les bandes tout en les dénonçant. Tel qu’un dompteur de cirque, j’ai utilisé le fouet. C’est comme ça qu’il faut faire contre les ennemis, les dénoncer maintes et maintes fois.
Je ne peux pas oublier que le directeur de la prison avait menacé de m’assassiner. Il était furibond, il était fou de rage parce que j’avais publié dans la revue Bohemia un article alors que j’étais en prison – c’était une de ces périodes où, pour des raisons de politique électorale, la censure n’existait pas – dans lequel je renonçait à l’amnistie avec des conditions car ils voulaient donner une amnistie conditionnelle. Il a eu des problèmes avec Batista lui-même à cause de l’article, il était furieux. J’ai rarement vu un type aussi furieux que lui. Il a dit frénétiquement qu’il allait me tuer si j’écrivais un autre article. Et quand je suis retourné dans ma cellule, la première chose que j’ai faite a été d’écrire un article dénonçant le type, sa furie et ses menaces. Je l’ai envoyé à Bohemia, il est arrivé a Bohemia, mais Bohemia n’a pas osé le publier.
Je n’ai pu le trouver. Que j’ai cherché pour trouver mon petit article, écrit à l’aube et passé à l’aide des méthodes que nous utilisions : une espèce d’encre invisible que nous fabriquions avec du jus de citron ou peut-être à l’intérieur d’une boîte d’allumettes, écrit sur un papier très fin, je ne me souviens pas exactement. Mais il arrivait complet, rapidement et à temps pour l’édition de Bohemia. J’ai dénoncé ce « monsieur » qui m’avait menacé de me tuer. Je voulais savoir si c’était vrai qu’il me tuerait ou si, en définitive, les veines de son cou éclateraient à cause de sa furie démesurée. Je suis toujours curieux. Et il ne s’agit pas d’avoir courage ou de se considérer plus courageux que les autres. Je crois que la dignité est très importante pour l’homme, la valeur accompagnée de la dignité. Il n’y a pas de valeur sans dignité, il n’y a pas de valeur sans honneur, il n’y a pas de valeur sans principes. Ceux qui défendent l’honneur, la dignité, les principes et une cause juste, auront toujours suffisamment de morale pour aller n’importe où et le courage pour ce faire ne va jamais les manquer. Tout le reste est idiot, ridicule.
Dans quelques jours, je pense visiter la Jamaïque, mes frères jamaïquains qui nous ont invité (Applaudissements) et qui ont insisté pour que nous allions à la Jamaïque. Je serai là le 29. Je l’averti en avance à tous les organisateurs d’attentats et du terrorisme (Applaudissements).
Le premier août je serai à la Barbade, là où le gouvernement de ce noble pays, le peuple vaillant de ce noble pays, va inaugurer un monument pour rendre hommage aux victimes de ce crime monstrueux du 6 octobre 1976 (Applaudissements) et j’aurai le plaisir de participer à l’acte inaugural.
Deux jours après, je serais à l’île de Grenade où son gouvernement courageux, dont le premier ministre nous a visité il n’y a pas très longtemps, a décidé de placer une plaque à la mémoire des constructeurs cubains qui ont bâti l’aéroport là-bas et qui se sont comportés avec un grand esprit de travail et de solidarité (Applaudissements).
C’est ainsi que s’écrit l’histoire moderne du monde.
Ces pays ont été les derniers à obtenir leur indépendance après la Révolution cubaine et ils font prleuve d’une grande dignité, d’un grand sens de l’honneur. Ils sont réellement des amis de Cuba. Ils nous ont soutenu à l’occasion de notre adhésion à la Convention de Lomé, ils nous ont même proposé et nous ont demandé de lutter avec eux pour nos intérêts communs. Et les 71 pays qui intègrent la Convention de Lomé ont soutenu la proposition de Cuba à l’unanimité, parce que Cuba défend leurs causes, parce que Cuba défend leurs intérêts, dans toutes les tribunes, partout, à l’OMS, à l’OMC, aux Nations Unies, car Cuba suit une politique de principe. C’est pourquoi ils le soutiennent, l’admirent et le respectent.
Ainsi, nous devrons partir en voyage dans quelques jours, il n’y a pas d’autre solution. Ne pensez pas que le travail que je fais ici tous les jours me déplaît, loin de là. Mes voyages sont un devoir et quand je m’acquitte de mon devoir, je le fais avec plaisir. Quand je défends des idées, quand je défends des principes, je me sens satisfait (Exclamations de « Vive le commandant en chef ! »).
Je dois aller au Sommet de Portugal et à la Réunion au sommet du Mouvement des pays non alignés en Afrique du Sud que j’ai déjà eu l’honneur de visiter lors de la montée au pouvoir de Mandela (Applaudissements). J’ai été également invité à visiter la République dominicaine les 19 et 20 août. Alors, vous avez ici toutes les nouvelles, toutes celles que vous voudrez. Il y en a d’autres, parce que nous savons certaines choses, mais je me les réserve.
Nous verrons quelles sont les tactiques que nous devons employer pour désarmer ces types-là et compliquer leurs vies afin de contrecarrer leurs plans obsessionnels de mercenaires, de fanatiques de l’argent. Certains d’entre eux s’enorgueillissent d’avoir paru dans les journaux. Ils sont des types prétentieux, autosuffisants et primitifs. Certains organes de presse nord-américains ont voulu les présenter comme des héros – même le New York Times a commis cette erreur – tout en exaltant ces individus prédisposés au crime et en utilisant des phrases et des mots tels que : « leur guerre contre Castro », qui les gonflent comme des crapauds. Ce n’est pas la guerre des agents des Etats-Unis contre une Révolution, ce n’est pas la guerre contre une cause juste, ce n’est pas la guerre contre un peuple : c’est la guerre individuelle d’un terroriste contre Castro, comme ils la définissent eux-mêmes quelquefois. Dans une certaine mesure, ce langage les encourage mais ils ne connaissent pas bien la psychologie de ces individus et, en partie, cela les perd, car la tête leur tourne à tel point que, quand ils prennent la pose de héros, ils commencent à jaser comme des pies.
Il faut savoir pourquoi cet individu s’est mis à raconter toute l’histoire au New York Times et à raconter tout ce qu’il a raconté. Quelques heures après, ces paroles sont démenties. Tout le monde bouge. Un avion de la Fondation part à toute vitesse. Le FBI et la CIA ne le trouvent pas, mais les journalistes le trouvent, les journalistes savent où il est. L’article affirme qu’il se trouve quelque part au Guatemala. Hé bien, les autres le savent parce que quand les articles ont été publiés, la terre a tremblé à Miami.
Que disent les gens de Miami ? Ils disent que c’est vrai d’un bout à l’autre. La Fondation est partie en courant pour chercher un plumitif et des caméras de télévision. Ils l’ont envoyé à toute vitesse – la Fédération savait bien où il était – pour qu’il démente toutes les histoires qu’il avait raconté aux deux journalistes du New York Times. Et il a dit que non, qu’il n’avait jamais dit une chose pareille, même pas un mot et qu’il n’avait rien reconnu. Mais les journalistes avaient enregistré tout ce qu’il avait dit et ils disposent donc de tous les matériels et documents nécessaires pour le prouver.
L’article laisse voir qu’ils sont allés aux archives, qu’ils ont cherché partout et les gens de la Fondation se trouvent sans défense. Ils ont commencé à courir. A Miami, certains se sont immédiatement rendus compte que l’avion où était parti le journaliste appartenait à la Fondation. L’avion a fait un voyage d’aller-retour à toute vitesse. Ils ont passé le matériel à la télévision rapidement et ils ont même accusé le journal de tout un tas de choses. Ils disaient que le journal était procastriste et des choses pareilles. Ils étaient vraiment fâchés, vraiment furieux. Mais ils sont impuissants, réellement impuissants devant les faits, et nous n’avons pas prononcé un seul mot. Nous savons des choses intéressantes, mais nous nous sommes dits : « Ce conflit est à eux, c’est un débat entre eux ». Ce n’est pas là notre affaire. Nous avons un bon inventaire d’informations et de choses fort intéressantes.
Ce monsieur dit qu’il a un groupe de mercenaires disponibles qui sont libres. Il dit que deux ou trois mercenaires sont venus pour réaliser les plans et qu’ils n’ont jamais retourné. Oui. Pourquoi s’avère-t-il que certaines phrases et approches les flattent et encouragent ? Parce que les articles publiés par le New Herald de Miami dénonçaient la situation mais, en même temps, ils étaient relativement apologétiques. Trois jours après, l’individu envoyait un autre sujet à Cuba pour faire ce que les autres avaient fait. Mais, comme l’expérience permet d’apprendre rapidement, rapidement !, ce n’etait pas tellement facile pour eux. En outre, plusieurs personnes sont tombées dans le piège, mais s’il y a deux ou trois et on n’a rien publié à ce sujet, ils se disent : « C’est bizarre ! » Non, non, non, ce n’est pas bizarre, nous les utilisons comme des témoins pour qu’ils disent d’où ils sont partis, comment ils sont partis, comment ils ont apporté leur matériels, comprennez-vous ?, pour qu’ils disent qui leur a donné ces matériels et combien ils ont été payés pour venir placer des bombes ici. Ça n’a rien de bizarre. Nous respectons les procédures légales établies, mais nous connaissons les tactiques que nous devons utiliser.
Je dis seulement que nous avons des preuves et plus rien. Ils ne doivent pas s’étonner. Ils ne luttent pas contre des idiots. Cette Révolution sait parfaitement ce qu’elle doit faire et elle sait rechercher ce qu’elle doit rechercher, sans pour autant avoir recours à la violence physique. La Révolution n’a jamais utilisé la violence contre ces mercenaires qui, se sachant découverts, racontent tout immédiatement, à toute vitesse. Nous leur présentons deux ou trois preuves seulement et ils se démoralisent rapidement et commencent à raconter tout et à collaborer. Nous ne les avons pas touché du doigt et nous ne le ferons jamais. Nous leur donnons même des garanties qu’ici personne va les toucher du doigt, mais nous les découvrons. Les procès judiciaires et les sanctions viennent après, parce que les lois punissent ces faits avec sévérité.
Il devient certainement regrettable qu’ils viennent à l’Amérique centrale, plongée dans la pauvreté et la misère, pour embaucher des mercenaires en vue de réaliser des actes de terrorisme. Ils ne viennent pas, ils se gardent de venir eux-mêmes. Pour ce faire, ils ont embauché des mercenaires pour 5 000 dollars, voire 1 500. Vous pouvez voir à quel point ils exploitent la misère : des billets d’avion, des dépenses in situ et 1 500 dollars par bombe placée.
Or, les journalistes savent où sont les terroristes. Les autorités des Etats-Unis ne savent pas où sont les terroristes. Les terroristes rentrent et sortent, ils font et défont. Personne ne peut faire cela dans un véritable anonymat. Nous espérons que les autorités nord-américaines adopteront les mesures pertinentes pour mettre fin aux activités de ces groupes qui sont potentiellement dangereux.
J’ai un exemple et c’est la question des vols, le détournement des avions, très utilisé par l’ennemi contre la Révolution cubaine pour nous priver des avions. Cependant, ils ont propagé le virus de la pandémie que seule Cuba a été capable d’arrêter quand elle, après l’avoir averti convenablement, a remis aux Etats-Unis certains de ces pirates de l’air. Nous l’avons fait pour notre compte, pour le sens de la responsabilité que nous avons. Quelques fois, trois avions détournés arrivaient à notre aéroport en une seule journée. C’est Cuba qui a mis fin à cette invention à eux.
Les Etats-Unis ont beaucoup de groupes terroristes. Ils ont 800 groupes extrémistes, fanatiques, racistes dont 400 sont armés. L’autre jour, j’ai lu une dépêche qui affirmait que le FBI avait capturé trois citoyens partisans de la séparation de Texas des Etats-Unis. Ils avaient écrit une lettre en menaçant de faire recours aux armes chimiques et biologiques. D’après la dépêche, ils avaient à l’intérieur d’une camionnette le bacille de l’anthrax, une maladie grave, et des produits qui contenaient le virus du sida qu’ils pensaient utiliser avec de petits dards contaminés. Ils ont même menacé le procureur de la République des Etats-Unis et ils ont dit que Clinton lui-même pouvait être agressé avec ces produits biologiques.
Il arrive qu’il y a des fous partout, mais je crois qu’aux Etats-Unis il y a plus de types fanatiques, extrémistes et racistes qu’ailleurs. Tel est le cas de ceux qui ont placé la bombe à Oklahoma et qui ont tué plus de 150 personnes ou de ceux qui voulaient utiliser du gaz asphyxiant ou des explosifs à l’intérieur du métro de New York.
Ils ont eux-mêmes un grand problème, a savoir, comment éviter la propagation des activités et des méthodes terroristes à ses propres groupes d’extrémistes. Les éléments terroristes extrémistes, entraînés à un moment donné par la CIA et payés par la Fondation cubano-américaine pour réaliser des activités contre Cuba, ont développé certaines méthodes relativement sophistiquées pour mener à bien leurs actes criminels. Nous sommes contraires à leur divulgation car à partir du moment où quelques fous connaîtront ces techniques simples et faciles à employer, elles pourront devenir un grand danger pour les Etats-Unis eux-mêmes ainsi que pour les autres pays.
Les autorités des Etats-Unis savent bien que les méthodes pouvant être employées à l’heure actuelle sont véritablement dangereuses et difficiles de découvrir et que même des procédures chimiques et biologiques peuvent être employées. Ils s’inquiètent à propos des attentats et des sabotages qui pourraient avoir un caractère nucléaire à l’avenir. Mais avec les problèmes qui ont eu lieu dans certains pays, personne ne sait quel est le contrôle réel qui existe ou existera à l’avenir sur les matériels nécessaires pour ce faire.
Je ne veux pas trop parler, mais je pense que beaucoup dans le monde sont sûrs qu’avec de l’argent des quantités suffisantes de matériel nucléaire peuvent être obtenues pour fabriquer des engins rudimentaires pour lesquels il suffit d’avoir tout au plus 2 ou 3 kilogrammes d’uranium enrichi ou d’un autre matériel semblable. La littérature scientifique a vulgarisé suffisamment les méthodes pour le faire. Il y a aux Etats-Unis des personnes responsables qui s’inquiètent devant la possibilité qu’un jour des groupes extrémistes décident de réaliser des attentats chimiques, biologiques et même nucléaires. C’est un cauchemar.
Je vous répète qu’aux Etats-Unis il y a 800 groupes de ce genre – chiffre révélé par eux-mêmes – dont 400 armés, grâce aux lois traditionnelles qui leur accordent le droit de détenir des armes. Voilà une des agonies du président actuel des Etats-Unis : comment limiter au maximum et contrôler la possession d’armes. Il y a des organisations toutes puissantes qui s’opposent à de telles mesures. D’autre part, les films et les feuilletons télévisés saturés de violence, incitent les enfants à porter des armes à l’école et à tuer d’autres enfants. Ce sont des problèmes réellement graves.
Je pense froidement et objectivement que les Etats-Unis ne peuvent pas considérer que ces activités que le New York Times a denoncées et l’apologie de leurs auteurs que nous denonçons ce soir, sont convenables ou intéressantes pour eux, car elles constituent un danger potentiel énorme pour n’importe quel pays et notamment pour la société nord-américaine.
Je pense qu’ils sont spécialement intéressés à combattre le terrorisme. Et je dis ici, publiquement, que nous sommes prêts à coopérer.
Leur orgueil ne leur a pas permis d’accepter la coopération de Cuba dans la lutte contre le trafic de drogues, malgré le fait qu’aucun pays de cet hémisphère n’a lutté contre le trafic et l’utilisation de drogues comme l’a fait Cuba. Et ce n’est pas précisément parce que les trafiquants de drogues essayent d’établir ici un marché de drogues, mais parce qu’étant donné la position géographique de notre pays, un avion ou un bateau, à cause de problèmes techniques ou des erreurs de navigation, ont aterri ou sont arrivés sur nos côtes, ou parce qu’ils ont lancé la drogue près de nos côtes ou parce que, comme c’est malheureusement le cas, quelques têtes brûlées ont conçu l’idée de se mêler des questions de la drogue croyant que ça pouvait être utile.
Ce qui est pire est que certains parmi ceux qui ont commencé ce jeu fou, croyaient stupidement qu’ils allaient aider le pays avec ça. Evidemment, quand ils sont entrés en contact avec des quantités déterminées d’argent, la corruption et le maniement d’un argent facile ont vu le jour. Cette première manifestation à été totalement éliminée et la déloyauté et l’indiscipline commises contre la Révolution ont été punies d’une manière exemplaire. Personne ne peut nier qu’aucun autre pays n’a lutté aussi énergiquement et avec plus de succès pour liquider ce problème. Nous nous défendons actuellement avec le plus grand zèle des dangers probables que pourrait entraîner l’ouverture de nos frontières au tourisme, au trafic commercial et aux investissements.
Les gouvernements des Etats-Unis n’ont jamais voulu signer un accord avec Cuba dans ce domaine. Cependant, Cuba a été toujours prêt à coopérer dans la lutte contre le trafic de drogues avec tous les pays. Nous avons des accords avec le Mexique et avec d’autres Etats du sous-continent, avec des pays de l’Europe, mais pas avec les Etats-Unis. Ils ne veulent pas, ce qui prouve leur arrogance.
Nous sommes également prêts à coopérer dans la lutte contre le terrorisme avec les Etats-Unis et nous sommes convaincus du fait que les risques qu’ils courent sont plus grands que les nôtres. Ils ne sont pas préparés comme nous pour affronter ce genre de problèmes. Ils ont des millions d’entraves, de complications, de situations chaotiques dans leur propre pays.
(On entend une musique et il regarde sa montre) C’est minuit. (Applaudissements) Il me reste très peu à dire. Ça veut dire que le carnaval a déjà commencé ?
Je vous disait que nous sommes plus préparés que les Etats-Unis pour affronter ces problèmes. Les Etats-Unis sont un pays très grand, je vous le dis, violent, en règle générale. Il s’agit d’une violence poussée et inspirée souvent par les médias, le cinéma, la télévision, les jeux pour enfants et par d’autres moyens.
Ce pays a besoin d’une paix interne et surtout, d’exercer un contrôle et de prévenir les risques qui s’approchent.
Notre coopération serait utile et nous n’avons aucune objection. Mais ils n’en veulent pas. Nous continuerons de lutter seuls tant qu’il sera nécessaire parce que nous sommes fermement convaincus que nous sommes plus forts qu’eux pour faire face au terrorisme. Nous sommes moins vulnérables et comptons sur la coopération massive du peuple, des organisations de masse, de tous nos compatriotes (Applaudissements). Nous sommes éduqués, cultivés, instruits et organisés. Nous avons plus d’expérience, d’esprit de coopération et de travail uni. Cependant, je veux manifester notre disposition.
J’ai exprimé mon idée, mon opinion à propos de ces thèmes, à propos de l’attitude du président actuel des Etats-Unis. Je ne dois pas l’exhorter pour qu’ils ne disent pas après : « Castro exhorte le président des Etats-Unis ». Je dis simplement que je perçoit un homme qui se préoccupe pour beaucoup de problèmes de son pays, qui a le sens de la responsabilité, qui se préoccupe de l’avenir. Il parle même d’un héritage historique personnel. Je ne suis pas d’accord avec lui, parce que je pense que personne n’a le droit de penser à laisser un héritage historique personnel. Comme disait Marti : « Toute la gloire du monde tient dans un grain de maïs ». Mais compte tenu de ses préoccupations, je suppose qu’il comprendra, qu’il percevra les réalités et les vérités, qu’il méditera et analysera les informations à propos de Cuba, la responsabilité qui revient à son pays pour les injustices commises contre notre patrie, qui ont été commises tout au long de l’histoire, et qu’il daignera tenir compte des paroles prononcés ici aujourd’hui au nom d’un peuple petit mais courageux, héroïque et indomptable.
Je vais dire seulement une chose aux nouvelles générations : plus de 45 ans se sont écoulés depuis l’attaque de la caserne Moncada. Notre pays a lutté pendant plus d’un siècle pour son indépendance et ses droits. Pendant 30 ans – de 1868 à 1898 -, Maceo, Gómez et beaucoup d’autres combattants ont souffert l’humiliation de ne pas pouvoir brandir leur drapeau dans cette ville héroïque, de ne pouvoir même pas entrer dans cette ville après 30 ans de lutte dévouée, admirable et sacrifiée. Mais le jour est arrivé où ces drapeaux ont pu être brandis, où leurs idées ont triomphé, des idées qui n’avaient jamais été statiques, qui n’ont jamais arrêté leur marche ascendante. Chaque idée nouvelle peut être un palier conduisant vers les plus hauts sommets du progrès humain.
Nous avons recueilli les idées de philosophes et des penseurs, des révolutionnaires mais notre peuple a apporté à son tour des idées nouvelles et il le fera toujours.
Nous vivons dans un monde intéressant, exceptionnel, dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises. C’est un monde en pleine phase de mondialisation qui entraîne de graves problèmes et d’énormes défis. Notre plus grand intérêt est que notre peuple puisse être préparé pour ce monde qui s’approche avec des pas de géant grâce à ses connaissances, à sa culture et, surtout, à sa conscience politique et scientifique.
Quarante-cinq ans après, nous souhaitons précisément que notre peuple se prépare et s’éduque. Il faut regarder plus loin, il faut élaborer de nouvelles idées, se tracer de nouveaux objectifs, de nouveaux principes, à partir des mêmes sentiments, de l’amour éternel de la dignité de l’homme, de l’être humain, de la justice qui nous a mené jusqu’ici, au milieu de tant d’obstacles, sans abandonner jamais la lutte contre l’empire le plus puissant ayant existé sur la Terre, qui nous a dressé des obstacles énormes que nous avons su surmonter.
Nous poursuivrons notre lutte. Nous avons suffisamment de raisons pour avoir confiance.
Au mois de janvier prochain, nous allons tenir à Cuba une réunion d’économistes très importante, un débat public de toutes les idées : les partisans du capitalisme serons là de même que les partisans du néo-libéralisme. Le thème central sera la mondialisation et le néolibéralisme. Je crois que ce débat sera sérieux. Nous aurons l’occasion de mettre le doigt sur les points les plus importants présents et futurs.
Nous avons beaucoup de contacts avec bon nombre de dirigeants, de personnalités étrangères, et je peux vous assurer que nous remarquons une préoccupation très grande et un intérêt croissant pour tous ces problèmes dont l’analyse approfondie nous aidera à nous préparer pour ce monde qui s’approche.
Nous rappelons à la nouvelle génération que nos mambis ont lutté avec dévouement et héroïsme pendant 30 ans et qu’après ils ont dû vivre pendant 60 ans dans un pays qui leur a été enlevé pour l’offrir aux transnationales, aux privilégiés, aux oligarques, aux corrompus, aux riches.
Même si certains riches ont fait leur apparition pour des raisons que vous connaissez, nous avons aujourd’hui un pays qui ne se rend pas et ne se rendra jamais aux riches, aux oligarques, aux bourgeois, aux exploiteurs ou aux corrompus. Nous sommes conscients des vices qui nous frappent, des facteurs qui exercent leur influence sur nous, de toutes ces choses contre lesquelles il faut lutter et de tout ce qu’il faut perfectionner. Mais nous n’allons pas nous décourager, nous faisons confiance à nos idées, nous faisons confiance à notre peuple.
Je crois que notre génération s’est acquittée de son devoir car elle a lutté sans trève et inlassablement pendant 45 ans depuis le 26 juillet 1953. Nous nous sommes maintenus dans nos tranchées, avec nos principes, avec les mêmes idées qui nous ont inspiré ce jour-là.
On dit qu’avec l’âge, les hommes deviennent conservateurs et c’est vrai en partie. Normalement, les jeunes sont désintéressés, altruistes, audacieux, mais tout dépend des idées. Nous avons eu la force des idées que nous avons défendues et nous pensons aujourd’hui exactement comme nous pensions à l’époque.
Nous avons un peu plus d’expérience, un peu plus de connaissances. Il y a quelque chose que ces 45 ans nous ont appris et nous essayons de les transmettre aux camarades qui viennent après nous, aux nouvelles générations qui occupent d’importants postes de responsabilité. Si l’on fait le bilan des 30 ans du siècle dernier et des 45 ans de ce siècle, nous aurons 75 ans. Depuis 1868 jusqu’à présent nous avons 130 ans de lutte au total. Mais, dès avant, nos compatriotes luttaient pour obtenir l’indépendance, la souveraineté qu’ils n’ont pas pu connaître. Nous avons eu le privilège de la connaître et nous exhortons les nouvelles générations à faire siennes ces idées, à forger leur esprit dans cette lutte, à la mener de l’avant.
Aujourd’hui, les idéaux sont plus élevés. Nous luttions avant pour notre pays ; aujourd’hui, nous luttons pour le monde pour deux raisons (Applaudissements). Premièrement, parce que nous avons pris conscience d’humanité, comme Marti l’exprimait d’une manière si belle dans cette phrase : « La patrie c’est l’humanité » (Applaudissements). Deuxièmement, parce que nous avons acquis ces concepts à partir de notre éducation politique, révolutionnaire, martinienne, marxiste, léniniste, socialiste. Nous avons conjugué l’essence des meilleures idées de nos penseurs et l’essence des meilleures idées des penseurs qui sont nés sur d’autres terres. C’est avec ces idées que nous avons renforcé et développé nos idéaux d’aujourd’hui.
Nous sommes des patriotes, mais nous sommes également des internationalistes. Aucun peuple ne l’a prouvé mieux que nous. Aucun peuple n’a été capable d’envoyer bénévolement plus d’un demi-million de ses fils à accomplir des missions difficiles dans d’autres pays du monde. Ce que nous avons semé, personne ne pourra le déraciner. Un arbre peut tomber si ses racines sont faibles ; mais un arbre ayant des racines profondes ne pourra jamais être arraché (Applaudissements). Et nous avons des millions de citoyens qui ont des racines profondes et un peuple qui a des racines très profondes. Nos jeunes, instruits et cultivés, doivent s’en rendre compte, doivent le comprendre. Vous devez savoir vous nourrir de l’histoire, de la gloire de notre pays, de ses traditions, de ses valeurs, comme les bébés se nourrissent du sein maternel.
Ne vous laissez pas confondre, ne vous laissez jamais tromper par personne. C’est notre espoir : que ce pays ne recule jamais, que toute la dignité et la gloire que nous avons obtenues ne soient jamais détruites (Applaudissements). C’est notre engagement et c’est notre serment devant nos martyrs glorieux, devant nos morts héroïques.
Vive Santiago de Cuba ! (Exclamations de « Vive ! »)
Vive la ville qui porte si dignement le nom de Ville Héros ! (Exclamations de « Vive ! »)
Vive le berceau de la Révolution ! (Exclamations de « Vive ! »)
Nous le proclamons aujourd’hui et le répétons avec fierté :
Le socialisme ou la mort !
La patrie ou la mort !
Nous vaincrons !
(Ovation)
Notions importantes (*) : Jugé pour avoir attaqué la caserne de la Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista , le père de la révolution cubaine Fidel Castro écrit " l’histoire m’acquittera " , son manifeste d’auto-défense en octobre 1953 , à la veille de son procès .
Mise en page par Rédaction Libre Magazine

Photo  : Fidel Castro à L’onu !

   

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