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Du rôle des préfets et de la psychiatrie dans la dictature qui se met en place

vendredi 23 août 2019 par ingirumimus

On a dénoncé dans un premier temps ce qui était le plus visible dans la répression tout azimut de la Macronie, celle de la police, et c’est assez normal, vu le comportement primaire de cette engeance. Et puis on a vu que la justice, les procureurs, mais aussi les magistrats rendaient une justice politique, condamnant ici un gilet jaune qui aurait eu peut-être l’intention de se joindre à une manifestation violente, là un militant pacifiste et écologiste qui avait décroché le portrait du président-fou. Mais les préfets sont restés assez longtemps dans l’ombre.

Certes on connaissait le préfet Didier Lallement, quel nom, pour son sale travail à Bordeaux, et pour ses propos excessifs et violents, on le surnommait Monsieur Matraque et ce n’est pas un hasard. C’était le digne successeur de Maurice Papon à la préfecture de Gironde.

Lallement au nom prédestiné nous rappelle les sombres heures de l’Occupation.

Comme au bon vieux temps de l’Occupation, les préfets font tout pour prévenir les désidératas d’un pouvoir qu’ils savent agressif et médiocre. Ils ont pris l’habitude de restreindre les libertés, que ce soit celles de manifester ou celle des maires de prendre des mesures pour protéger les populations de l’activité criminelle de Monsanto.

Michèle Kirry veut faire respecter la loi, même si elle est criminelle.

La préfète – on voit bien qu’il y a une vraie égalité dans la soumission entre les hommes et les femmes – Michèle Kirry (rien que ce nom on croirait à une blague) a décidé de traîner le maire de Langouët devant le tribunal administratif, le crime de Daniel Cueff est d’avoir pris un arrêté interdisant l’usage du glyphosate à moins de 150 mètres des habitations. La décision de cette femme a fait naître une légitime protestation. Pour sa défense, comme en son temps le préfet Papon faisait appliquer les directives de déportation, elle avance qu’elle doit faire respecter la loi, alors même que les tribunaux américains ont reconnu le caractère criminel de ce produit.

Mais en vérité la préfète Kirry sait très bien que pour un fonctionnaire, fut-il un haut fonctionnaire, il existe un droit de désobéissance quand les ordres sont manifestement contraires à l’intérêt public. C’est un droit qui est reconnu [1]. Donc qu’on soit petit fonctionnaire ou haut fonctionnaire on peut décider de ne pas faire appliquer la loi en évoquant ce droit à la désobéissance.

Les policiers s’abritent volontiers derrière le fait qu’on leur donne des ordres pour être très violents, au-delà de ce qui est raisonnable. Mais ils peuvent tout à fait désobéir. C’est bien ce qui s’est passé à Nice quand le commissaire a demandé aux gendarmes de charger violemment des manifestants tout à fait pacifiques, charge qui avait entraîné l’hospitalisation de Geneviève Legay [2]. Et donc si les policiers ont le choix, les préfets l’ont aussi.
Quand ils prennent des arrêtés contraires à la liberté de manifester, ou quand ils demandent de matraquer les populations, comme quand ils trainent des maires devant les tribunaux ils prennent fait et cause pour une politique, et ils en font partie.

Le préfet Jean-Jacques Brot va agir contre le maire Paulette Deschamps

Le cas de Michèle Kirry n’est pas isolé. A Perray-en-Yvelines, Paulette Deschamps, maire de la ville, a pris un arrêté semblable à celui de Daniel Cueff à Langouët. Immédiatement le préfet Jean-Jacques Brot a décidé d’agir contre elle. Ce nouvel épisode de la guerre entre les préfets et les maires appelle de nombreuses remarques. D’abord que les préfets ont reçu des ordres stricts du gouvernement pour entraver le mouvement de protestation des maires contre l’inaction en matière d’interdiction des glyphosates. Ensuite nous savons que les maires sont plus près des préoccupations de leurs citoyens que les préfets qui eux se bornent à se promener aux quatre coins de la France en fonction de leurs mutations.

Mais il y a plus, un récent rapport de la Cour des comptes dénonçait le trop grand nombre de préfets sans affectation, donc des hauts fonctionnaires payés à ne rien faire. Il y en aurait 128 [3]. Pour bien comprendre l’importance de ce chiffre, il faut se souvenir qu’il y a seulement 101 départements en France. Et donc cela veut dire que le gouvernement, quel qu’il soit, a toujours une réserve de préfets prêts à appliquer n’importe quel ordre stupide pour peu qu’au bout il y ait une promotion.

Ce système montre que les préfets ont tout intérêt non seulement d’appliquer les ordres venus d’en haut, mais de les anticiper. Si le régime se veut démocratique et conciliant, alors les préfets seront moins tatillons, si au contraire le régime vise la dictature comme c’est le cas avec Macron, alors ils en seront le bras armé.

Bernard Gonzales adepte des méthodes musclées dignes de la Russie de Brejnev

Parmi les préfets bien en cour, il y a un certain Bernard Gonzales. Celui-là est un homme à poigne. Ancien de la DGSE, il officie maintenant à Nice. Il vient de se faire remarquer par sa volonté de faire interner un de ses subordonnés. Et figurez vous que cela a failli marcher ! Il a fallu que la femme de ce malheureux prenne un avocat et porte plainte pour internement abusif pour que la justice daigne le relâcher [4].

Cette idée de faire interner un subordonné contrariant n’est pas seulement un abus de pouvoir, ou une idée farfelue d’un haut fonctionnaire ivre de son pouvoir. Cet acte barbare digne de l’URSS agonisante, est la continuation de la psychiatrisation de la vie politique qui avait vu il y a quelques mois un juge ordonner que Marine Le Pen qui avait diffusé des images des violences des djihadistes, passe un examen psychiatrique pour déterminer si elle avait toute sa tête ou non [5].

On peut être hostile à Marine Le Pen et combattre ses idées politiques, mais le procédé de l’envoyer chez le psychiatre est plus que choquant. Seul Libération a trouvé cela normal [6].

En Macronie, on a franchi un palier, ceux qui contestent l’ordre établi sont considérés comme des fous à interner, et en effet il faut être vraiment fou pour contester un ordre aussi impeccablement démocratique. Alors que nos médias ont dénoncé avec virulence l’utilisation de l’arme psychiatrique en Russie contre les opposants, on ne les entend absolument pas pour condamner cette même utilisation en France.

Les signes d’une marche vers la dictature se multiplient ces derniers temps, je n’ai pas été en retard pour dénoncer cette tendance vers un ordre nouveau. Je voudrais juste insister sur le fait que le rôle qu’on fait jouer à des préfets qui n’ont guère de dignité, est la mise en place de relais à l’échelon local d’une dictature qui se précise. Quand Macron a sermonné Poutine pour la répression en Russie, histoire de jouer les démocrates, le président russe l’a renvoyé dans les cordes, lui rétorquant que vu la répression des gilets jaunes en France, il n’avait pas de leçon à recevoir [7].

Et de fait tout le monde à moqué Macron pour cette cuistrerie. Mais au-delà des moqueries, nous avons de quoi nous inquiété sérieusement de la tendance dictatoriale de Macron. S’il rappelle Vichy, c’est parce qu’en réalité ses bouffées de démence qui le guident vers toujours plus d’autoritarisme, sont la marque d’un pouvoir faible et sans soutien dans l’opinion.

Le plus dur est sans doute à venir, pour lui, comme pour nous. Le syndrome Papon qui gagne la préfectorale est bien l’avant-garde de ce durcissement de la guerre sociale.


Voir en ligne : http://in-girum-imus.blogg.org/du-r...


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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