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L’acculturation française, ou la soumission à l’impérialisme

samedi 3 août 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Le Gaullisme d’après 1958, version nationaliste française du Capitalisme, chantait à tout propos la Marseillaise et se drapait volontiers "dans les plis du drapeau tricolore".
Puis survint à partir des années 1970-80 la mutation du Capitalisme (mondialisé, par le biais de sociétés transnationales dont les actionnaires sont du monde entier, et les dirigeants aussi.).

Dans ce nouveau contexte économique, la bourgeoisie française investit dans les contrées lointaines à bas salaires plutôt qu’en France, et aspire à supprimer les frontières nationales qui limitent ses profits. Après le Nationalisme capitaliste Gaulliste, nous eûmes alors droit au mondialisme libéral des Sarkozy, Hollande et Macron, tous partisans de l’UE, de l’OTAN et de la "liberté de circulation" des capitaux, des marchandises, et des mains d’œuvre, même s’ils se disputaient avec ardeur les prébendes du pouvoir politique.

Et cette évolution politique ne s’est pas limitée à la bourgeoisie dirigeante.

L’idéologie dominante, dans quelque pays que ce soit et à quelque époque que ce soit, est celle de la classe dominante. La population française insérée dans le mondialisme capitaliste dont le centre était aux USA, a connu en un demi-siècle une véritable acculturation.

Ce concept d’acculturation a été largement expliqué il y a soixante ans par des militants communistes ou anti-impérialistes (Fanon, Alleg, Sartre, etc.), comme l’une des pires conséquences de la domination coloniale : les peuples dominés de l’Empire français en Afrique étaient niés dans leur identité, leurs langues, religions et cultures, méprisés comme "sauvages" ou superstitieux. La seule promotion sociale offerte à une minorité des Sénégalais ou des Algériens était de devenir des « évolués », ne parlant que la langue du colonisateur, et soumis à ses objectifs. Le Sénégal eut ainsi Blaise Diagne, député de Dakar à Paris en 1914, et Léopold Senghor, politicien-poète, qui fut de l’Académie française et le premier Président du Sénégal indépendant en 1960.

Cette acculturation, imprégnant les mentalités populaires d’Alger à Bamako, de Tunis a Konakry, a largement contribué à y renforcer l’oppression coloniale française jusqu’en 1962, et à y perpétuer la domination impérialiste sous d’autres formes après l’Indépendance.

En un demi-siècle, les mentalités françaises, d’abord celles des " élites " bourgeoises, mais aussi des " couches populaires ", ont subi une acculturation similaire, qui a souvent pris la forme d’une imitation servile de ce qui provenait des USA, le centre mondial du Capitalisme et de l’Impérialisme. Tous les vecteurs de l’idéologie y ont concouru : les modes vestimentaires (blue- jean, tee-shirt et casquettes), alimentaires (fast-foods et nourriture industrielle), culturelles (films d’Hollywood et séries télévisées), et même religieuses (déclin de la pratique catholique d’antan au profit de sectes évangéliques).

Bien sûr, ces apports ne furent pas tous néfastes : toute culture vivante s’enrichit d’éléments extérieurs, les chansons pacifistes de Bob Dylan enchantèrent nos révoltes adolescentes contre la Guerre du Viêt-Nam et l’arme nucléaire il y a un demi-siècle. Mais ils deviennent envahissants, et destructeurs, quand ils proviennent à sens unique du centre économique et politique mondial.

Cette invasion par ce qu’il y a de pire dans la culture nord-américaine, imprégné d’individualisme, du culte de l’argent sans effort et sans lois, acquis au détriment de l’autre, a progressivement envahi les quartiers les plus pauvres (par le biais des trafics de drogue notamment). Contrairement à la légende raciste propagée par le RN, les bandes délinquantes de nos "banlieues" du 93 et d’ailleurs imitent davantage les ghettos des États Unis, et leur libéralisme égoïste, que les cultures maghrébines.

Cette acculturation s’affiche en symptômes linguistiques évidents, au détriment de la maîtrise du français académique. Alors que l’orthographe et la syntaxe sont de plus en plus ignorés de jeunes gens habitués au verbiage succinct des "réseaux sociaux", le langage courant en France est truffé de mots d’origine anglo-saxonne. Les emprunts linguistiques extérieurs sont nécessaires à une langue vivante : l’anglais ne s’est -il pas enrichi de mots français jusqu’au 18ème siècle ? Notre "fleureter" médiéval y a donné "to flirt", qui nous est revenu sous la forme "flirter". Tout autre chose est l’emploi abusif, par snobisme, d’un mot " anglais" à la place d’un autre signifiant la même chose dans notre langue nationale. Les slogans publicitaires en sont friands, qui martèlent leurs "informations", de télévisions en radios, de messages internet en placards muraux : Après le "black Friday", les "Renault Days", à la place du Carnaval et de ses masques, tradition française millénaire, l’Halloween nord-américain, qui permet aux enfants de se déguiser, et surtout aux commerçants de vendre.

Une infiltration linguistique et culturelle qui n’est pas, contrairement à ce qu’on en dit, celle de la langue anglaise, mais du "Globish", un jargon anglo-saxon né des milieux spéculateurs des Bourses de New-York et des technocrates milliardaires de Silicon Valley. En fait, la "langue de l’Empire Américain", ou plus précisément de l’Impérialisme occidental, inféodé à celui des USA, une langue employée de New York à Paris, de Berlin à Tokyo, de Varsovie à Hong-Kong.

Le pire est que cette invasion linguistique au détriment de la culture française a largement contaminé les "élites" intellectuelles : Macron, Président français, s’exprime volontiers en "nord-américain", et de nombreuses publications universitaires se résolvent à faire de même.

Comprendre les mécanismes de l’acculturation en France, ses objectifs idéologiques au service du Capitalisme mondialisé et de l’Impérialisme, les combattre de notre mieux, est une des raisons d’être des Communistes. Il faut le faire avec le souci de ne jamais tomber dans un nationalisme français qui s’accommode bien de l’idéologie libérale.

Le Gaullisme au Pouvoir de 1958 à 70 refusait la soumission aux USA qui convoitaient les colonies africaines de la France. Mais il a toujours soutenu le Capitalisme, contre l’URSS et le Communisme. Il nous a par ailleurs légué une Constitution monarchique qui convient très bien à Macron et sa Cour. Il n’a jamais été, et n’est en aucun cas une riposte appropriée au Pouvoir libéral, pas plus que le nationalisme xénophobe du Rassemblement National.

La seule riposte adéquate à l’acculturation née du Capitalisme mondialisé est la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste.

   

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