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De l’abstension aux européennes

mardi 21 mai 2019

Pour l’abstention par Gilles Questiaux (ANC) et la réponse de Jean Levy (ANC).

Abstention aux européennes : Pourquoi ?

Voter aux élections européennes, vaille que vaille, c’est en reconnaître la légitimité. et c’est la seule fonction de l’élection de ce parlement dépourvu de pouvoir, et repaire de parasites.

C’est pourquoi il ne faut pas voter blanc non plus. Le seul vote d’opposition est le non-vote.

Faire campagne aux européennes, c’est montrer son agenda politicien. Ce qui a tué la FI, c’est le détournement de ses énergies en pleine crise sociale vers cet objectif misérable, malgré toutes les gesticulations de son dirigeant autocratique. Et aussi le fait d’avoir choisi une tête de liste qui collectionne toutes les tares de la gauche bourgeoise, et symptomatiquement dans le cas du Venezuela s’aligne sur Trump.

Ian Brossat n’est pas davantage crédible pour relancer le PCF, en tout cas pas dans la bonne direction. Ses militants font une fois de plus la démonstration qu’ils ne pensent qu’à sauver leur vieille maison, et que le monde pourrait s’écrouler autour d’eux ils ne s’en apercevraient même pas.

D’un point de vue tactique, s’il y avait un mouvement neuf sur une bonne ligne, ou une liste d’union clairement anti-UE, voter pour elles, pourquoi pas ? Mais il ne faut pas exagérer l’importance de ce sondage d’opinion : Mélenchon n’avait pas passé le test en 2014, et pourtant il s’est retrouvé tout neuf et tout fringant pour 2017. Si l’UPR obtenait 5%, ce qui semble hors d’atteinte, elle enverrait quelques députés à Strasbourg, mais sans l’efficacité du raz de marée électoral de UKIP de Nigel Farage en 2014, qui a imposé le vote du Brexit, ils risquent noyés dans la masse de servir de faire-valoir.

Aucune des listes proposant de « changer l’Europe » ou de créer « l’Europe sociale » ne propose plus de provoquer une crise pour imposer « les mesures unilatérales » qui sont le seul moyen de faire plier les instances de Bruxelles, comme le remarque Sapir avec justesse. On voit bien que Mélenchon quant à lui embarrassé par ses casseroles s’est recentré en purgeant sa liste des souverainistes, voire tsipratisé, malgré un rideau de fumée de déclarations belliqueuses et incohérentes.

Il est totalement idiot de présenter cette élection comme un "référendum anti-Macron", parce qu’un succès ou un échec y est insignifiant : Macron ne peut pas y être battu tout simplement parce qu’il ne se présente pas et qu’il ne remet rien en jeu. Qui se souvient encore des scores triomphaux de Cohn Bendit ou de Bernard Tapie, ou des chasseurs ? Depuis quarante ans qu’elle existe, l’élection européenne n’a eu quasiment aucun effet politique. Et cette fois -ci, si Macron est "battu", en fait il gagne la mise, puisqu’il pourra se présenter une deuxième fois comme rempart contre le pseudo-fascisme de l’épouvantail Le Pen.

On dit qu’il faudrait au moins amoindrir le vote Macron. Mais le seul moyen de "battre" symboliquement la liste Macron dans l’état de l’opinion, c’est le vote RN dont chacun sait qu’il contribuerait à recréer la situation du 2ème tour 2017 en 2022. le FN était arrivé en tête en 2014. Le RN n’est pas le problème, et ceux qui s’excitent encore contre lui dans la plupart de cas participent à la diversion générale pour protéger le bloc bourgeois, mais le RN n’est pas non plus la solution, pas davantage que Trump aux États-Unis, et contrairement à ce dernier, il ne fait pas le poids pour aggraver la crise du capitalisme et de l’impérialisme. Enfin, un succès électoral du RN l’aiderait à récupérer un peu d’influence sur les Gilets Jaunes qu’il a pourtant lâchés en rase campagne !

"Dire Manon à Macron" c’est justement ne pas lui dire non. François Ruffin est bien mieux inspiré quand il tente de concrétiser le VRAI referendum, contre la privatisation des aéroports, que s’il était perdu serait un véritable STOP à Emmanuel Macron, qui pourrait même être contraint à la démission.

Pour mesurer le succès ou l’échec d’une formation, ce qui compte c’est le nombre de voix et non le pourcentage par rapport aux suffrages exprimés. S’abstenir n’ajoute pas une voix ni à Macron ni au RN mais renvoie les deux compères dos à dos.

Un succès à cette consultation ne donne donc aucun capital politique. Sapir craint que LREM pourrait en profiter pour s’implanter aux municipales, mais ce serait au prix d’un conflit avec les anciens partis de gouvernements qui aggraverait les contradictions du bloc bourgeois. Il craint aussi que Macron s’en serve pour relancer sa politique de destruction sociale, mais ce n’est que la rue qui pourra le tenir en respect.

La meilleure chose à faire pour ces élections sans enjeu, pur leurre politique, c’est de considérer, comme la grande majorité des gens dans tous les peuples européens, qu’elles n’existent pas.

GQ, 12-20 mai 2019,

PS : un contradicteur obstiné prétend que ce texte appellerait à voter pour le FN ou pour la droite. Je le met au défi de produire une citation dans ce sens. Il est clair que le texte affirme qu’il ne faut pas voter du tout aux européennes, que ces élections sont sans importance, qu’on ne saurait pas s’en servir pour "battre Macron", et que si on tient vraiment à ce que la liste LREM ne soit pas en première place, il faudrait voter RN, "ce qui n’est pas la solution". Le texte dit donc exactement le contraire de cette accusation : qu’il ne faut pas voter RN (ou FN), même pour battre Macron, parce que ça ne sert à rien de "battre Macron" de cette manière, bien au contraire, ça le sert. Quant à la droite, le texte ne l’évoque même pas.


"Ca n’empêche pas Nicolas" qui exprime une opinion nuancée.

Accord complet sur l’analyse critique, tant du Parlement européen, que de l’Union européenne, exprimée par notre ami Gilles Questiaux. Mais ne faut-il pas d’abord se pencher sur la situation dans laquelle nous mène à marche forcée Emmanuel Macron : l’existence de la France, menacée dans son survie même.

L’urgence nationale n’est-elle pas de se saisir de ces élections, transformées par le président de la République en référendum personnel, et s’en saisir pour infliger un désaveu national à sa politique, dangereuse pour l’avenir de notre pays ? Et par notre choix, exprimer clairement quel est l’ennemi principal dans ce moment crucial pour la France.

Choix difficile certes pour tous ceux qui ont passé leur vie à combattre,d’abord le fascisme, puis toutes les résurgences des courants extrêmistes de droite, tel que le Front National depuis sa création en 1972.

Mais notre histoire n’a telle pas conduit parfois à des choix semblant contre nature : celui des rois de France à s’allier au grand Turc contre des souverains catholiques Ou pour Staline traiter avec Hitler, pour gagner deux années qui seront décisives pour la victoire contre l’Allemagne ? Et dans la Résistance, de farouches adversaires politiques s’entendre pour résister à l’Occupant allemand ?
Le choix aujourd’hui n’est pas plus simple assurément, encore qu’il ne s’agit en aucune manière d’une quelconque alliance avec le Rassemblement National, dont nous combattons les idées.

Mais ne faut-il pas poser d’abord la question de la priorité des dangers qui aujourd’hui menacent la France ?

Jean LEVY


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.

   

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