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Mort à la lutte de classe ! Place aux guerres de sexes, aux conflits de races et de religion...

À quoi et à qui sert le journal l’Humanité ?

mercredi 27 mars 2019 par Francis Arzalier (ANC)

La presse écrite de notre pays vit aujourd’hui son hiver : depuis 20 ans, des dizaines de quotidiens et de revues ont disparu, notamment celles et ceux qui exprimaient des orientations contraires à l’idéologie libérale au pouvoir. Dans cette jungle d’imprimés, les seuls qui survivent même si leurs tirages diminuent face à la concurrence du numérique, sont nourris par la publicité distribuée par les Capitalistes ou des officines du pouvoir d’État, et sont la propriété de quelques milliardaires et leur Cour d’idéologues libéraux.

Qu’ils s’affirment "de Gauche", comme Libération, ou "apolitiques", tels Le Monde, Le Parisien, ou Le Figaro, ils professent a l’unisson le même consensus libéral, l’anticommunisme pérennisé malgré la disparition du " danger " soviétique, un soutien sans failles a l’impérialisme occidental, qu’il soit de Washington, de Paris, où de Berlin, et les dogmes de la société capitaliste, sanctifiés sous le nom de " liberté du Marché" et de " démocratie représentative".

Ils le font généralement avec habileté, ces journaux ne manquent pas de bons professionnels, ils peuvent les payer. Ils savent même se donner une image "d’objectivité", de recul humaniste, en critiquant volontiers les outrances de langage ou de comportement des leaders politiciens, Le Pen ou Wauquiez, Mélenchon ou Hollande. Et pour faire plus sérieux encore, ils n’hésitent pas à fustiger les dérapages méprisants du Président Macron et de ses créatures.

Se posant en donneurs de leçon vis à vis de nos politiciens, ils offrent à leurs lecteurs un théâtre comique, fait de joutes entre des pitres concurrents pour le pouvoir : une vision "pipole" de l’actualité. Mais ils ne disent pas que ces phrases et ces mimiques de Macron ou ses ministres cachent la destruction systématique des conquêtes sociales, les intérêts des possesseurs français du Capital contre ceux de la majorité qui vit de son travail.

Tous les sujets sont pour eux bons à prendre, à condition de faire oublier aux lecteurs l’essentiel, que la société est divisée en classes dont les intérêts s’opposent, que la lutte de classe (quel vilain mot, ma Chère !) existe et qu’elle explique les évènements.

Les dérivatifs qui "font le buzz" ne manquent pas, les petits secrets crapoteux des artistes et sportifs, les faits divers criminels bien saignants, l’immoralité de députés ou prêtres pédophiles, le harcèlement sexuel dans le métro ou dans la rue, les conflits "séculaires" entre juifs sionistes et musulmans intégristes, etc : place à la guerre entre les sexes, entre les races, entre les religions, et même entre gentils nounours et méchantes crapules : tout est objet "d’information", sauf la lutte de classe qui n’existe pas, c’est bien connu...

Dans ce contexte où la liberté d’opinion n’est qu’un mot vide de sens, Il n’est pas étonnant que le quotidien L’Humanité, fondé il y a 120 ans par Jaurès, et qui fut un siècle durant la voix des Communistes de France, l’instrument des luttes de classe contre Capitalisme et Impérialisme quand Maurice Thorez et Jacques Duclos en étaient les maîtres à penser ; il n’est pas surprenant que ce journal soit aujourd’hui menacé de disparition. Et on comprend très bien que des milliers de militants se cotisent pour assurer sa survie.

Encore faudrait il pour que ce baroud d’honneur draine toute le lectorat proche des Communistes et des Syndicalistes fidèles à leurs convictions, que le journal ne devienne pas la voix d’une coterie opportuniste, droitière, plus proche des bobos " humanistes " que des prolétaires des usines et des champs comme autrefois.

L’Humanité n’est plus depuis la "mutation" du PCF en appareil électoraliste inoffensif pour le Capital, " l’organe " du parti comme il le fut dès 1920. Aux termes de congrès successifs, il devait devenir " le journal des Communistes". On doit bien constater qu’il ne l’a guère été depuis ces décisions.

En effet, depuis la prise de distance entre le PCF et les prolétaires qu’il avait pour mission de défendre, de nombreux communistes désireux de rester fidèles à leur idéal de libération par les luttes de classes sont écartelés entre chapelles disparates, regroupant peu ou prou ceux qui n’ont pas délaissé le combat.

Mais le quotidien L’Humanité, qui ouvre fréquemment ses colonnes à des intervenants socialistes, écologistes ou de Droite, continue de refuser systématiquement toute contribution d’un communiste critique vis à vis des orientations opportunistes du PCF. Et à côté de reportages pertinents et d’analyses nourries d’héritages marxistes, les exemples fourmillent de dérives droitières. Elles sont même si fréquentes depuis quelque temps qu’elles font s’interroger certains militants : le quotidien L’Humanité n’est Il pas devenu un pôle de résistance à la nouvelle direction du Parti ( Roussel ) née de son dernier congrès ?

Une analyse quotidienne exhaustive est ici impossible, il suffira d’un exemple récent. L’Humanité du 25 mars à fait bondir certains de ses fidèles lecteurs convaincus comme le disait encore le PCF il y a 10 ans, que l’Union Européenne était le visage du Capital contre les peuples d’Europe, son instrument pour mieux leur imposer la destruction des acquis sociaux, la dérégulation de la société au profit des patronats, etc, et, en tant que tel, notre ennemi à combattre.

Une page entière intitulée " les anti-Brexit bousculent le Labour " y décrit avec enthousiasme la grande manifestation, réunissant à Londres des Britanniques "de toutes catégories sociales", y compris " des Français, des Polonais, etc" (ceux que le patronat du Royaume Uni fait venir grâce aux règles de l’UE pour y concurrencer à bas prix les salariés
locaux !).

Une analyse proprement scandaleuse quand on sait que les classes populaires britanniques ont choisi par référendum majoritaire de sortir de l’Union Européenne, malgré les réticences de la bourgeoisie, au sein du Parti Conservateur et à la Droite du Parti Travailliste.

L’auteur de cet article a, lui, choisi son camp : celui des manifestants coalisés pour faire annuler le choix anti-UE des prolétaires britanniques, comme le leur suggèrent les dirigeants de Bruxelles et Paris. (et comme ils l’ont fait ailleurs, y compris en France après le Non à la Constitution Européenne ).

Et, cerise sur le gâteau, le même journaliste reproche amèrement à Corbyn, militant de gauche anti-imperialiste, Président du Parti Travailliste, de n’avoir pas rejoint le cortège des ralliés aux exigences de la Commission Européenne !

La lutte de classe est dépassée, longue vie à l’Union Européenne ! Au moment même où débute la campagne pour les élections européennes, et alors que le texte d’orientation majoritaire au dernier congrès du PCF condamnait clairement les Traités qui servent d’ossature a l’UE !

Le même numéro du journal qui fut celui de Frachon autrefois, non content d’en évacuer l’analyse de classe, la remplace fréquemment par les revendications "sociétales" : une marche de " survivantes de la prostitution", Maryse Condé "tisseuse de différences"," le burn-out au travail" (remplaçons ce vilain mot d’exploitation !). Toutes revendications qui peuvent être parfaitement justifiées, mais qui mériteraient pour le moins une analyse de classe : la prostitution n’oppose pas les femmes et les hommes, elle n’a pas le même sens pour les bourgeoises entretenues des Beaux Quartiers que pour les sans le sou contraintes de monnayer leurs services sexuels pour survivre...

Est ce à dire que L’Humanité doit mourir, et que ses défenseurs ont tort de s’acharner ? Sûrement pas, tous les Communistes et Démocrates doivent avoir à cœur de sauver le quotidien de Jaurès, qui reste un des rares ou peuvent s’exprimer encore en France les luttes anti-capitalistes et anti-impérialistes.

Alors que le danger de mort est grand, et que son passé est assez prestigieux pour être convoité. On a appris lors de la dernière AG des Amis du journal, que des proches du Pouvoir proposaient comme issue de survie de racheter le titre : c’est ce qui est arrivé à Libération, autrefois quotidien progressiste, et en Italie a l’Unita, ancien fleuron du Parti Communiste Italien, devenu un torchon centriste libéral.

Donc il faut, tous ensemble, sauver le journal L’Humanité. Mais cette tâche serait plus facile si les militants communistes restés fidèles à un combat de classe sans compromis douteux avaient reconquis leur journal.

   

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