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Algérie, l’espoir au coeur...

vendredi 15 mars 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Pour des millions de Français d’un certain âge, l’Algérie n’est pas un pays comme les autres, que ce soit en bien ou en mal. Tous ceux, indécrottables, qui se sentent encore les héritiers de l’OAS avec un demi-siècle de retard, les " événements" d’Alger sont les prémices du déferlement des migrants "musulmans" et du "grand remplacement " qu’ils redoutent. Pour d’autres au contraire, qui aiment ses horizons de lumière et la gentillesse de ses habitants, ils ont frémi de joie en apprenant que le peuple algérien avait en quelques jours réussi à obtenir ce qu’il voulait : Le mort-vivant qu’une camarilla lui imposait comme seul candidat possible à la direction du pays faute de pouvoir s’accorder sur un successeur, ce candidat-zombie ne l’était plus.

Une victoire du mouvement populaire obtenue sans même un blessé grave, alors que les rues de Paris bruissent de Gilets Jaunes depuis 18 semaines maintenant, sans autre résultat notable que des dizaines d’amputés par les sicaires de Messieurs Castaner et Macron, pour certains d’un œil ou d’une main. Comme viennent le dire des "experts" imbéciles à la télévision française, c’est "toute la différence entre une démocratie et une dictature ".

Certes, mais de quel côté de la Méditerranée se situent elles ? A Alger, où les journaux les plus lus comme El Watan approuvent depuis le début le soulèvement populaire, ou en France, dont les citoyens sont abreuvés de diatribes anti-algériennes par leurs télévisions quotidiennes ?

Certes, la joie d’une première victoire de l’insurrection populaire pacifique ne suffit pas. La Nation algérienne, vit de tels problèmes sociaux et politiques, hérite de 60 ans d’espoirs déçus qu’il ne suffira pas d’un replâtrage ou d’un jeu de chaises tournantes au Gouvernement.

Retour sur l’histoire algérienne

L’indépendance de 1962 fut euphorique, et l’Algérie des pères fondateurs semblait pouvoir faire de ce pays un des phares du Tiers Monde, libéré de l’exploitation coloniale, riche de son potentiel pétrolier, capable d’un développement industriel et agricole autonome, au service des paysans et des ouvriers, grâce à un socialisme ambitieux à la campagne et à la ville. Les décennies qui l’ont suivie furent, contrairement à ce qu’ont répandu en France les nostalgiques de la colonisation, une période de progrès essentiels, sociaux et culturels ( notamment pour les femmes contre les pesanteurs patriarcales et religieuses ). En 1990, l’Algérie compta plus d’enseignants dans ses Universités qu’elle n’avait en 1962 d’étudiants " musulmans " ! ! (comme on nommait alors la majorité arabophone )

Mais les tendances négatives, bureaucratiques et militaristes, présentes dans tout nationalisme, ont peu à peu pris le dessus à Alger, et fait dériver le pouvoir algérien vers une réduction de l’identité nationale à ses dimensions arabo-musulmanes, en excluant celles berbères ou européennes, en interdisant d’emblée les Communistes qui avaient été aux premiers rangs de la lutte de libération, en transformant le syndicat UGTA en serviteur du Parti unique FLN, et en créant une caste de privilégiés se partageant les bénéfices pétroliers et les prébendes de l’État depuis leurs résidences luxueuses des hauteurs d’El Biar et des villas de bord de mer.

Pendant ce temps, les fermes collectives et les entreprises d’État dépérissaient, et les produits importés envahissaient les rues, au profit de trafiquants ("trabendistes") protégés par la corruption. Et les inégalités sociales explosaient...

Cela ne pouvait déboucher que sur un mécontentement de plus en plus grand, mais qui ne pouvait guère aboutir faute de perspectives politiques claires. C’est dans ce contexte que se produisirent les mouvements populaires de 1980, qui furent facilement manipulés par des politiciens libéraux. Sous le prétexte d’ouverture et de "démocratie à l’occidentale", le Pouvoir de Chadli Benjedid engagea le démantèlement du secteur industriel d’État, et détruisit l’agriculture coopérative au profit des investisseurs privés et des affairistes-trafiquants. L’économie retournait peu à peu à son passé colonial du tout importé et de l’émigration forcée.

Dans la foulée, le Pouvoir nationaliste accéléra "l’arabisation", ce qui se traduisit par l’arrivée en Algérie de milliers d’enseignants-prédicateurs venus du Moyen Orient, qui formèrent des cohortes d’intégristes. Le résultat fut à partir de1991 la "décennie de sang", durant laquelle les Islamistes-djihadistes tentèrent de prendre le Pouvoir par les armes, sans y parvenir.

Mais le pays y perdit plus de 100 000 hommes et femmes assassinés, en priorité des militants syndicaux ou de gauche laïque, des intellectuels, des militaires ou des religieux démocrates. Une Nation décapitée par la terreur et l’émigration de ses forces de progrès, à la grande satisfaction des Impérialistes étrangers, et des privilégiés locaux. Elle ne s’en est jamais remise depuis...

L’avenir en questions

Si le Président Bouteflika, a conservé durant près de 20 ans une évidente popularité, c’est qu’on lui savait gré, à tort ou à raison, d’avoir imposé la paix aux clandestins intégristes. Cela ne pouvait empêcher l’insurrection pacifique de mars 2019, essentiellement urbaine, et quasi spontanée, a l’appel de réseaux sociaux plus que d’organisations d’opposants. Une force du mouvement qui est aussi sa faiblesse, les mobilisations se font plutôt sur des aspirations que sur un programme précis. Rien d’étonnant après le traumatisme de la décennie sanglante.

Car les pêcheurs en eau trouble ne manquent pas, Intégristes fascisants toujours à l’affût, Mais peut être encore davantage de bons apôtres "libéraux" toujours prêts à de grandes envolées sur la liberté d’entreprendre et la démocratie à l’occidentale, comme en 1980. Sans compter les Impérialismes d’au delà les mers, toujours rêvant d’une Algérie livrée à leurs appétits.

L’avenir est ouvert, et les risques sont grands, Mais l’espoir est permis. Au cours des mois qui viennent, à l’occasion de la Convention Nationale envisagée, le mouvement populaire algérien peut parvenir à s’organiser autour d’objectifs clairs contre ses "élites" discréditées, sa bourgeoisie corrompue et les trafiquants, avec des syndicats de lutte au service des salariés et non plus du Pouvoir, avec des Partis et Associations représentatives de toutes les sensibilités politiques démocratiques ( y compris les Communistes ), pour reconstruire un État National qui organise un développement économique au service du peuple algérien,celui du Bled et celui des quartiers surpeuplés, de Bab El Oued à Oran.

L’Algérie a les moyens de cette renaissance, avec une population quatre fois plus nombreuse qu’en 1962, majoritairement jeune et instruite, riche de son potentiel énergétique ( pétrole, gaz et solaire ) et de son expérience historique.

Convaincus qu’aucun État, et surtout pas celui de France avec son passé colonial mal guéri n’a à s’ingérer dans ce qui se passe à Alger.

Nous partageons les espoirs du peuple algérien quand il construit son avenir.

   

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