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Brexit, Frexit, sortie de l’U.E : un regard communiste

lundi 18 février 2019 par Francis Arzalier (ANC)

Depuis de longs mois, le Royaume Uni vit un véritable feuilleton pour sa sortie programmée de l’Union Européenne, décidée en juin 2016 par référendum : Les péripéties parlementaires succèdent aux négociations laborieuses, menaçant d’explosion le gouvernement de Theresa May, et même d’explosion le Royaume lui-même, puisque ni l’Irlande du Nord ( Ulster ), ni l’Écosse, jalouse de son pétrole off-shore, ni la riche métropole londonienne n’ont voté pour le Brexit.

Les télévisions françaises, toujours fidèles aux idéaux pro-UE de Macron, annoncèrent dès le départ que ce Brexit ruinerait l’économie du pays : ils le disent moins fort aujourd’hui, son économie est actuellement en croissance plus que celle de la France....Ceci étant, cette rupture n’a guère diminue les inégalités sociales : faut Il s’en étonner alors qu’elle se fait sous la direction de politiciens tous convaincus des vertus du Capitalisme, conservateurs disciples de Thatcher, ou députés travaillistes attachés au "libéralisme ".

En Communistes convaincus de la nocivité de l’Union Européenne et des Traités qui la constituent, nous avons, comme le font encore aujourd’hui les communistes britanniques, considéré que le NON a l’UE des électeurs britanniques était salutaire. Comme le fut en France en 2005 le NON à la Constitution Européenne. Dans les deux cas, d’ailleurs, ce fut un refus de classe, l’expression du mécontentement social des " fins de mois difficiles ", majoritaire dans les régions ouvrières paupérisées par les mutations du Capital et les destructions d’entreprises, le Nord Pas de Calais français, ou le Pays de Galles britannique.

Par contre, le OUI était gagnant dans les quartiers bourgeois de Paris ou de Londres. Un rejet de classe, donc, même s’il mêlait dans les urnes des motivations politiques disparates, de la xénophobie d’extrême droite (FN en Calaisis et UKIP à Manchester), à un raisonnement anticapitaliste rationnel.

On ne peut prévoir encore l’issue de ce pugilat de politiciens, de financiers et de diplomates à propos des modalités du Brexit. Il n’est pas certain qu’il se termine à l’avantage du prolétariat britannique, qui n’en contrôle pas le déroulement. D’autant qu’en analysant de plus près les évènements depuis le référendum -point de départ du processus- on doit constater que la bourgeoisie britannique s’est divisée sur le sujet. Si toute une part du patronat est attaché à l’UE qui lui a permis d’augmenter ses dividendes à une main d’œuvre peu coûteuse venue grâce à l’ouverture des frontières d’Europe de l’est, une autre aspire à se dégager de l’emprise économique allemande jugée envahissante au sein des 27, et lorgne vers une intégration plus grande à un " grand espace économique anglophone ", avec les pays du Commonwealth, Australie , Nouvelle Zélande, ou Canada, et surtout avec les États Unis.

Un Brexit organisé sous leur houlette n’améliorera en rien le sort des prolétaires abandonnés des banlieues de Liverpool...

Cela doit nous amener à réfléchir à notre lutte nécessaire pour sortir la France de ce carcan supranational au service du Capitalisme qu’est l’UE. On ne peut se satisfaire de clamer le slogan " Frexit !", " en sautillant comme un cabri " selon la formule de De Gaulle. Et comme s’il s’agissait d’une panacée, capable en toutes circonstances d’amener le bonheur en notre pays. Comme tous les slogans, ce terme est réducteur, et ne doit cacher ni les difficultés de cette rupture, ni les pièges qu’il peut camoufler s’il devenait simplement une stratégie de rechange d’une part de la bourgeoisie.

La sortie de l’UE ne peut devenir l’objectif exclusif des Communistes. Cet objectif est et doit rester la transformation totale de la société française, l’éradication de l’exploitation capitaliste subie par la majorité prolétarienne (qui ne possède pas les moyens de production et d’échange, et n’a pour vivre que le fruit de son travail). Cette rupture avec le carcan de l’UE, de l’Euro, de l’OTAN, n’est que le moyen nécessaire pour parvenir à cet objectif. Nécessaire, car les Traités qui forment l’ossature de l’UE existent justement pour interdire à toute nation qui en fait partie ces changements progressistes, même quand le suffrage universel a exprimé majoritairement une volonté de progrès social et politique.

C’est ainsi qu’à été étouffée la volonté de l’électorat grec d’en finir avec l’austérité.

Les Traités de l’UE interdisent toute indépendance monétaire et financière, toute décision sociale opposée aux choix de la Banque Européenne de Francfort et de la Commission supranationale, et tout protectionnisme social, contraire aux dogmes libéraux.

Un des 27 pays de l’Union, quels que soit la volonté des électeurs, ne pourra donc mettre en place une orientation anti-capitaliste sans rompre avec les Traités (de Rome, de Maastricht, de Lisbonne, etc) qui le lui interdisent. Ce que le dirigeant social-démocrate "de Gauche" Tsipras n’a pas eu le courage de faire à Athènes, malgré la mobilisation des salariés soutenus par le PC de Grèce ( KKE ).

Plus récemment, à Rome, les timides tentatives du gouvernement Cinq Étoiles de faire un budget incluant les quelques mesures sociales approuvées par leur électorat, ont été annulées sous la pression des autorités de Bruxelles, puisque ces politiciens démagogues ne voulaient en aucun cas aller à la confrontation avec l’UE.

Les événements récents ( en Grande Bretagne, Grèce, Italie ) nous donnent de précieuses indications pour la tactique de luttes à suivre dans un pays comme la France, un des partenaires majeurs de l’Union Européenne.

  • 1/ Ne perdons pas notre temps à viser un Frexit sans en prévoir le contenu social. Une " sortie " contrôlée par la bourgeoisie, ou pire encore, sa fraction nationaliste et xénophobe, ne se conclurait qu’au détriment de la majorité des travailleurs de France. Ce qui exige de refuser sur ce thème l’alliance ou l’allégeance avec les forces politiques qui les incarnent, nationalistes de toute obédience, sectateurs des Le Pen, Dupont-Aignan, du "gaulliste" Philippot, a fortiori des idéologues fascisants du genre Soral ou Dieudonné...
  • 2/ le travail essentiel pour nous est de cibler les objectifs de transformation, sociaux et politiques, nécessaires à notre Nation et à ses citoyens, de stopper l’exploitation et la précarité, la destruction industrielle et la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre, et d’organiser les luttes multiformes pour les imposer à la bourgeoisie, y compris par le suffrage universel, mais pas seulement. Nous sommes encore loin d’avoir convaincu note peuple de la validité de ces objectifs anti-capitalistes, et anti-impérialistes.
  • 3/ Quand ce but sera atteint, un Pouvoir démocratique en France sera à même de réaliser ces transformations sociales, économiques, diplomatiques, sans tenir compte des interdictions de l’Union Européenne. Ce qui ne saurait déboucher que sur la dénonciation des Traités qui prétendent l’interdire. Ne sous estimons pas les conséquences de cette rupture, les pressions de toutes sortes que ne manqueront pas d’exercer alors sur nous les bourgeoisies d’Europe, d’Occident, et de France. Souvenons nous de ce que fut la coalition des monarchies réactionnaires européennes contre la France révolutionnaire de 1793 ! Toute rupture avec l’UE, l’Euro, l’OTAN, impliquant la conquête de la souveraineté nationale et populaire, économique, monétaire et diplomatique, ne sera pas un long fleuve tranquille....
  • 4/ Heureusement, notre pays a parmi les 27 un poids démographique, économique et politique tel que l’ensemble de l’UE en serait très ébranlé. Mais résister victorieusement à ces formidables pressions ne pourra se faire que grâce à une mobilisation populaire très forte, liant patriotisme et volonté anti-capitaliste, comme ce fut le cas à Cuba durant un demi-siècle de blocus impérialiste.

Telle doit être pour nous la tâche à accomplir, qui ne se limitera pas à un épisode électoral.

Encore faut il profiter de celui qui nous attend pour dénoncer le leurre qui consiste à laisser croire à ce mirage d’une Union Européenne convertie miraculeusement en "Europe sociale", qui pourrait devenir subitement le contraire de ce qu’elle est grâce à " la Gauche ". Un discours lénifiant propagé durant des décennies par un PCF en perte de repères, englué qu’il était par ses alliances électorales avec une social-démocratie qui inventa l’UE, et demeure son soutien le plus fidèle.

Nous verrons en mai 2019 si certains candidats sauront affirmer sans compromission la nocivité inguérissable de l’Union Européenne, de l’Euro, et de l’OTAN, parce que ces structures coercitives sont depuis leur naissance et resteront l’expression du Capitalisme et de l’Impérialisme, et, de ce fait, incompatibles avec nos objectifs de la société de service public, de progrès social, de souveraineté nationale et populaire, de paix et d’égalité entre les peuples d’Europe et du Monde, pour laquelle nous luttons.

   

Messages

  • 1. Brexit, Frexit, sortie de l’U.E : un regard communiste
    19 février 2019, 14:34 - par RICHARD PALAO


    d accord avec toi pour un FREXIT notamment pour ce que tu as parfaitement démontré : en raison du carcan des traités européens il est impossible de transformer meme progressivement la société pour aller vers le socialisme en conséquence si la sortie de l UE ne peut être l objectif EXCLUSIF des communistes elle doit néanmoins être LEUR OBJECTIF car a quoi cela servirait de lutter pour le socialisme si on ne peut l édifier en raison de traites dont on ne s est pas défait en restant. dans la structure qui les a créé et qui les impose ...
    force est de constater qu’ a ce jour cet objectif n est pas partagé par tous les communistes qui estiment que le FREXIT est secondaire et que notre objectif "originel " demeure : abattre le capitalisme pour aller vers le communisme , sauf qu’ a mon avis cette ambition rester au niveau du slogan , une sorte de mise de la charrue avant les boeufs , une confusion de l objectif et des moyens , l objectif étant le socialisme et les moyens s extirper des traités en sortant de l UE ...commençons donc à convaincre les nôtres ...

  • 2. Brexit, Frexit, sortie de l’U.E : un regard communiste
    19 février 2019, 14:34 - par RICHARD PALAO


    d accord avec toi pour un FREXIT notamment pour ce que tu as parfaitement démontré : en raison du carcan des traités européens il est impossible de transformer meme progressivement la société pour aller vers le socialisme en conséquence si la sortie de l UE ne peut être l objectif EXCLUSIF des communistes elle doit néanmoins être LEUR OBJECTIF car a quoi cela servirait de lutter pour le socialisme si on ne peut l édifier en raison de traites dont on ne s est pas défait en restant. dans la structure qui les a créé et qui les impose ...
    force est de constater qu’ a ce jour cet objectif n est pas partagé par tous les communistes qui estiment que le FREXIT est secondaire et que notre objectif "originel " demeure : abattre le capitalisme pour aller vers le communisme , sauf qu’ a mon avis cette ambition rester au niveau du slogan , une sorte de mise de la charrue avant les boeufs , une confusion de l objectif et des moyens , l objectif étant le socialisme et les moyens s extirper des traités en sortant de l UE ...commençons donc à convaincre les nôtres ...

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